Pierre Dieudonné : “Je me suis demandé si une sortie de piste dans Michel Vaillant n’allait pas être néfaste pour ma carrière”

Image tirée de l'album "Le galérien"

Né à Bruxelles, Pierre Dieudonné est forcément sensibilisé par Michel Vaillant depuis sa plus tendre enfance. Le pilote belge a été croqué à de nombreuses reprises par Jean Graton, habitant lui-même dans la capitale belge. On l’a même vu porter les couleurs Michel Vaillant dans la réalité du temps de la Formule 2 avec le team Michel Vaillant. L’histoire fait partie de l’album ’20e anniversaire’ et là on ne parle pas de BD.

“Gamin, je lisais le Journal de Tintin et c’est là que j’ai découvert Michel Vaillant”, a confié Pierre Dieudonné à Endurance-Info. “Des planches de l’album Le Grand Défi étaient présentes avec d’autres histoires sur le sport. Chaque jeudi, je me précipitais pour acheter le magazine.”

“Jean Graton avait son studio dans la banlieue de Bruxelles à seulement quelques kilomètres de chez moi”, se souvient l’ancien pilote. “Je crois me souvenir que Pierre van Vliet a été le point de contact. Le studio était à l’étage, dans le grenier, où étaient toujours trois ou quatre de ses collaborateurs. Jean était quelqu’un de très ouvert et de très curieux. Il aimait les visites. On y croisait notamment Clovis et Guillaume Lopez. Il avait l’art de mêler la fiction et la réalité.”

“Je pense avoir été le premier personnage réel à rouler pour Vaillante”, se souvient le directeur sportif de WRT. “C’était dans l’album “Des Filles et des Moteurs”. Celui où on me voit le plus est “La Silhouette en Colère” où je me bats contre Jacky Ickx. Il doit y avoir une dizaine d’albums où je suis croqué par Jean Graton. Il faut savoir que le design de mon casque est né au Studio Jean Graton.”

Le vainqueur des 24 Heures du Mans en compagnie de Michel Vaillant et Julie Wood sur la Vaillante VS92 a une autre anecdote à raconter : “Un jour, je me rends au Studio Graton avec une copine, mignonne comme tout. J’ai bien vu que Jean la regardait. Plus tard, elle s’est retrouvée d’une façon anonyme dans un album.”

Photo tirée de l’album 20e anniversaire

Si le Belge a été pilote Vaillante virtuellement, il l’a aussi été dans la réalité grâce en partie à Bernard de Dryver : “Bernard voulait faire du sport auto et son père avait décroché un budget de Bang & Olufsen. En 1975, il y avait deux Formule 2 et deux Formule 3 sous l’entité Bang & Olufsen Michel Vaillant. C’était une belle opportunité marketing et un coup gagnant-gagnant pour tout le monde. Il y avait, en plus, une De Tomaso Pantera au Tour Auto et une Opel Commodore aux Coupes de Spa 1974 (4e avec Danny Wauters, ndlr). C’était une vraie armada.”

Plus tard, Pierre Dieudonné a écrit les textes pour le dossier Jacky Ickx dans Michel Vaillant. Après le sextuple vainqueur des 24 Heures du Mans, Pierre Dieudonné est le pilote réel qui apparaît le plus souvent dans les albums de Michel Vaillant. On l’y retrouve à 14 reprises.

En 1980 sort l’album “Le galérien”. Pierre remplace au pied levé Steve Warson au GP d’Italie à Monza. Il a la lourde tâche d’épauler Michel Vaillant. Le Belge peine à se qualifier et, au moment où il gagne sa place sur la grille, sa monoplace sort de la piste, ce qui oblige la #52 à déclarer forfait.

Jean-Pierre Vaillant et Pierre Dieudonné après la sortie de piste dans ‘Le galérien’

Un mauvais souvenir pour le Pierre Dieudonné de la vie réelle : “A cette époque, j’étais en F3 avec toujours des envies de Formule 1. Dans l’album, Jean-Pierre me fait rouler en F1, mais je sors de la piste. Cette sortie fictive m’a tracassé car, en mon for intérieur, je me suis demandé si cela n’allait pas être néfaste pour ma carrière.”

Comme Michel Vaillant, Pierre Dieudonné a émerveillé plusieurs générations : “Même maintenant, quand je discute avec un quarantenaire qui est avec son fils, quand le père lui dit qui je suis, je sens vite qu’il lit Michel Vaillant. Il y a ce contexte intemporel. Si Vaillant est encore aussi présent, c’est aussi grâce à Philippe, le fils de Jean. Les Arts Strips sont aussi un bon moyen de perpétuer la carrière de Michel Vaillant.”

Pierre Dieudonné remporte les 24H du Mans avec Michel Vaillant et Julie Wood (“Une Histoire de Fous”)

Pierre Dieudonné a aussi vécu le film produit en 2002 par Luc Besson : “Je travaillais chez ORECA et Europa Corp nous contacte pour un projet de film sur Le Mans. Hugues (de Chaunac) m’envoie à Paris voir l’équipe de production. C’est l’année où ORECA faisait rouler les Dallara avec PlayStation. On voulait clairement faire la course pour la gagner et on craignait que le film interfère car on savait que ce serait un obstacle.

J’ai alors proposé de mettre en place une équipe B, mais que ça allait coûter cher. DAMS répondait bien mieux que nous au cahier des charges car l’équipe n’avait de voiture à faire rouler en parallèle.”