Ce vendredi 18 octobre est une journée importante pour les membres de l’Automobile Club de l’Ouest car elle marque l’ouverture de la billetterie des 24 Heures du Mans 2020, la présentation de l’affiche de cette 88e édition et l’annonce d’un départ annoncé pour 16 heures. Le président Pierre Fillon est revenu, pour le site officiel des 24 Heures du Mans, sur tout ces éléments, mais aussi sur l’Hypercar, le nombre de stand et le centenaire de la course…
L’affiche des 24 Heures du Mans 2020 se révèle particulièrement colorée, énergique, moderne. Comment cette 88e édition, sur le terrain, se présente-t-elle selon vous ?
Pierre Fillon : “Notre épreuve, bientôt centenaire, n’a jamais été aussi dynamique. A une époque où le monde automobile est en pleine mutation, les 24 Heures conservent leur identité : une compétition certes, pour le plaisir des fans, un laboratoire de technologie, un label de qualité et d’efficacité pour les constructeurs. L’actualité cinématographique est marquée par la sortie d’un film, Le Mans 66, qui retrace le formidable duel entre Ford et Ferrari. Ces deux monstres automobiles, chacun avec ses caractéristiques, avaient pour objectif, un succès au Mans, symbole d’une suprématie dans le milieu auto, qui existe aujourd’hui encore.
Pour revenir à l’édition 2020, et sur cette symbolique, imaginez l’importance de cette année pour Toyota ! Si le constructeur japonais s’impose en juin prochain, il s’agira de son 3e succès, ce qui signifiera que Toyota pourra conserver le ”grand ” Trophée des 24 Heures du Mans. Au regard du lien et du parcours de Toyota au Mans, ce trophée revêt une importance extrême pour cette équipe. Après l’édition 2019, marquée par un nouveau retournement de situation en fin de course, gageons que la compétition entre leurs équipages en sera encore d’autant plus intense. Avec les LMP1 non hybrides qui fourbissent leurs armes au fur et à mesure des épreuves du Championnat du Monde d’Endurance de la FIA, cette catégorie sera une fois encore très observée. Les LMP2, avec des équipes et des pilotes d’expériences aussi diverses que riches, promettent là aussi une course disputée. Les GTE Pro et Am rassemblent des modèles toujours inspirants pour les fans, qui plébiscitent ces catégories.“
La billetterie des 24 Heures du Mans vient d’ouvrir. Quelle est la tendance ? Le clash de date avec le Grand Prix du Canada peut-il avoir un impact ?
“Chaque ouverture de billetterie est toujours un moment important. Cependant, c’est une période atypique, qu’il ne s’agit pas d’interpréter instantanément. Avant l’ouverture officielle, au grand public aujourd’hui, les Membres du Club ACO ont eu le privilège de 3 jours d’exclusivité pour réserver leurs billets.
Quant au clash de date avec la F1, que je regrette bien évidemment, cela hypothèque surtout la participation de pilotes de F1 qui, par le passé, encore récent, ont montré leur intérêt à courir dans deux disciplines simultanément. En billetterie, nous n’enregistrerons pas d’effet négatif, cela contrarie essentiellement les acteurs du milieu automobile, des partenaires, qui ne peuvent avoir le don d’ubiquité.”
Quel plateau imaginez-vous pour 2020 ? Conserverez-vous les 62 engagements, puisque 62 stands existent désormais ?
“Le plateau va se composer au fur et à mesure, avec en assise principale, les participants au Championnat du Monde d’endurance de la FIA, puis les invités, récipiendaires d’une invitation due à leurs résultats en European Le Mans Series, IMSA WeatherTech Sportscar Championship, Asian Le Mans Series et Michelin Le Mans Cup, et enfin les concurrents retenus par le comité de sélection en début d’année 2020. Le plateau de concurrents va se composer en différentes phases. Il est trop tôt pour se prononcer précisément sur le nombre de concurrents, mais on sait l’attrait des 24 Heures du Mans chaque année, et le nombre de dossiers toujours plus importants que le Comité doit examiner. Dans les catégories LMP2, LMGTE, les protagonistes sont toujours plus nombreux. C’est une réussite pour l’endurance. Les constructeurs comme les équipes privées ont leur place et ont trouvé leur place dans cette compétition.“
En juin 2020, la catégorie reine sera portée par le LMP1, puis quelques mois après, les Hypercars rejoindront la catégorie phare. Une nouvelle ére se prépare ?
Etes-vous impatient de vivre ces 24 Heures 2020 ?
“Exactement; nous avons connu avec le LMP1 hybride et non hybride un cycle hyper efficace et compétitif, qui a correspondu avec le lancement du Championnat du Monde d’Endurance, il s’agit donc d’une période clef pour l’ACO et l’Endurance. Le monde automobile évolue, les 24 Heures aussi. L’Hypercar, qui sera la catégorie reine dès septembre 2020, marquera un nouvel épisode de la course en Endurance. L’an dernier, en juin, des candidats se sont déjà annoncés, rejoints par d’autres. J’entends ou je lis quelques interrogations, parce que nous ne nous manifestons pas. Mais le temps actuel est au travail, aux réunions de groupe, sans prise de parole obligatoirement. Le tempo se déroule normalement. Il y a toujours de l’impatience, un besoin de communication, or la période est au travail, en sérénité et discrétion. Nous mettons en place les pièces du puzzle, pièce après pièce. Le Conseil Mondial de la FIA a entériné le règlement. Les choses se font, en temps, en heure, dans l’ordre.
Etes-vous impatient de vivre ces 24 Heures 2020 ?
“Oui et j’avoue que j’aurai sans doute une petite nostalgie : c’est une ère, le LMP1 (hybride), qui a marqué, qui a lancé notre Championnat du Monde d’Endurance de la FIA (FIA WEC). Un nouveau cycle, avec l’arrivée des Hypercars, va s’ouvrir quelques mois plus tard. Et c’est enthousiasmant. Effectivement, il existe toujours, chez certains observateurs, de nombreuses questions et une nostalgie lors d’une telle évolution. C’est naturel. Mais nous travaillons à poser sereinement le cadre de cette catégorie et quelques semaines après l’apparition des Hypercars, ces machines musclées, racées, tout le monde s’enthousiasmera pour sa marque favorite. “
A l’organisation d’une course bientôt centenaire, dans un environnement en pleine mutation vis à vis de l’automobile , est-ce facile de suivre un cap ?
“L’ADN de l’ACO a toujours été de défendre l’usager de la route, ou maintenant les usagers des routes (de campagne, autoroutes, périphériques urbains, etc), de défendre la mobilité pour tous. Nous participons activement à l’évolution de la mobilité et sur plusieurs thématiques : les voitures hybrides, la réflexion sur certains systèmes à développer avec l’intelligence artificielle, et bien sûr l’hydrogène, avec MissionH24 et l’équipe H24Racing, qui évolue désormais dans l’univers de la compétition. Dans ce dernier domaine, l’hydrogène, nous créons et organisons ce nouveau cadre. Tout est à instaurer avec l’hydrogène : l’accueil de cette énergie en compétition, avec des machines, zéro émission. Nous sommes et restons pionniers. Comme en 1923. Les 24 Heures sont une institution dynamique.“
Texte ACO