D’après le site de l’ACO : Pierre Fillon, président de l’ACO, dévoile les enjeux futurs de l’automobile et de la mobilité. Il livre aussi ses ambitions pour le mythique club manceau et sur ces nouvelles Assises de l’automobile… Des thèmes aussi variés que cruciaux.
L’ACO est avant tout un club, avec des membres. A une époque où la voiture évolue si vite, où le contexte automobile est changeant et multiple, quelle vision allez-vous développer avec vos membres ?
“Je ne rentrerai pas dans le détail aujourd’hui, mais très bientôt, je vous expliquerai précisément nos axes à venir, dans un contexte si changeant pour l’automobiliste. Je peux vous garantir, si besoin était, que nos membres, notre club, sont au cœur de nos réflexions. Ils sont nos forces vives, nos représentants, nos ambassadeurs. Comme l’usage de la route et de nos véhicules évolue considérablement aujourd’hui, nous voulons leur proposer des services et une écoute en adéquation avec ces changements.
Nos offres s’adresseront autant aux passionnés de compétition et d’automobile qu’aux usagers de la route au quotidien. Notre stratégie d’offres sera simplifiée, se structurant sur une base accessible à tous les budgets, puis sur des options selon les besoins ou les envies de chacun.”
Comment allez-vous participer aà la mutation actuelle de l’automobile ?
“Plusieurs leviers sont à notre disposition. Le premier, évidemment, est la course, la compétition. Par nos échanges avec les constructeurs, nous sommes au contact direct des recherches, des thèmes sur lesquels ils souhaiteraient expérimenter leurs idées. La course des 24 Heures du Mans est le laboratoire idéal, le banc d’essais extrême et ultime.
On parle de nouvelles énergies, de voitures hybrides, d’hybride rechargeable. Rappelons que l’ACO travaille depuis 2008 sur l’hybride et, qu’en 2012, une voiture hybride s’est imposée pour la première fois aux 24 Heures du Mans. Six ans après, au Mondial de l’auto, les hybrides sont légion. Cela témoigne de la contribution de la course à la route.
En 2020, notre nouveau règlement va concilier deux éléments importants. La catégorie reine sera en effet destinée à ce qu’on appelle aujourd’hui les hypercars, ces super sportives qui font rêver tout le monde. Nos protos ressembleront à ces machines racées. Et ce seront des voitures toujours hybrides, avec un système accessible à tous financièrement, aux constructeurs comme aux équipes privées. La course permet cela aussi : le développement de la technologie pour la rendre plus simple mais aussi moins coûteuse. Cela permet de « démocratiser » certaines technologies.
Pour parler de la voiture autonome, je tiens à affirmer ou réaffirmer d’entrée : au Mans, nous organiserons toujours des courses avec des pilotes. Les 24 Heures du Mans sont avant tout une aventure humaine, portée et incarnée par des hommes, des femmes, des pilotes, des ingénieurs, des mécaniciens…. Mais bien entendu, nous ne pouvons pas ne pas considérer l’intelligence artificielle. Elle peut être utile à la course, sans rien enlever à la valeur de la performance du pilote. L’intelligence artificielle peut concerner des questions de sécurité : elle peut régler le problème épineux de la voiture aveugle, elle peut prévoir des « ESP » géolocalisés, afin de déterminer un impact moins « dur »… Voici quelques exemples de l’utilité plus que probable de l’intelligence artificielle en course, sur lesquels nous allons réfléchir.
Les 24 Heures du Mans sont la démonstration de la pertinence d’une technologie. Nous devons être prescripteurs, ouvrir la voie, être les pionniers. Ainsi, à plus long terme, nous souhaitons également introduire l’hydrogène.”
L’ACO, avec Ouest-France, organise en mars prochain, les Assises de l’automobile, un tout nouvel évènement. Pouvez-vous nous expliquer de quoi il s’agit ?
“Comme souligné précédemment, le monde automobile est en pleine révolution. Les véhicules changent, notre rapport à la mobilité aussi. Les défis futurs sont immenses. Nous avons voulu organiser une journée de débat, de réflexion entre professionnels, experts, constructeurs, intervenants français mais aussi internationaux, sur tous les thèmes cruciaux de l’automobile du futur. Avec Ouest-France, nous avons trouvé notre équipier, notre partenaire idéal.
Le programme sera riche : l’énergie et les enjeux économiques des carburants de demain : pétrole, électricité, hydrogène… Le moteur à explosion est-il menac2 ? La compétition automobile est-elle toujours le moteur de l’innovation ? Le conducteur va-t-il devenir un simple passager ? La voiture intelligente, autonome et connectée va-t-elle prendre les commandes ? Avec quelles conséquences, juridiques, par exemple ? L’ACO se devait de participer et d’être un moteur de recherche et de réflexion sur toutes ces questions.”