Après une saison 2017 où Pierre Ragues n’a pu faire que trois courses (Spa, Le Mans et le Nürburgring) sur l’Alpine A470 n°35 de Signatech-Alpine (avec Nelson Panciatici et André Negrão), le Caennais avait envie de repartir sur un programme complet et, comme il l’explique, l’European Le Mans Series s’est assez vite imposé. « En 2017, faire un programme WEC complet n’était pas possible en termes de calendrier avec mon travail à coté. Sept meetings à travers le monde, des journées d’essais, plus du simulateur, tout ça n’était pas possible. Ensuite, la formule du WEC a changé, ça aurait pu être sympa de faire la Super Saison 2018/2019, mais avec deux fois les 24 Heures du Mans dans le budget, c’était trop compliqué ! De plus, Alpine ne voulait repartir qu’avec une seule auto. Du coup, l’ELMS s’est vite imposé et c’est un championnat vers lequel je lorgnais depuis l’année dernière. Je suis content, il y a de beaux circuits au programme, le niveau des équipes est très relevé avec de beaux équipages. »
Cette saison, Pierre Ragues évoluera au sein de Duqueine Engineering en ELMS. Il pilotera une ORECA 07 en compagnie de Nelson Panciatici et Nico Jamin. Il nous explique comment l’accord s’est fait. « J’ai connu Yann Belhomme (le team manager de Duqueine Engineering) lorsqu’il était ingénieur chez Mecachrome. J’ai sympathisé avec lui et on a gardé contact. Il m’avait déjà sollicité l’année dernière pour faire du LMP3 mais ma priorité était vraiment de faire du LMP2 car, avec ce nouveau règlement donnant 100 chevaux de plus, ça me donnait envie. On s’est vu sur plusieurs meetings, on a discuté cet hiver, il m’a dit qu’il allait engager une LMP2. Au départ, je pense que je ne rentrais pas dans leur plan mais ils ont revu leur stratégie. De plus, j’ai une très bonne relation avec Nelson (Panciatici) et que ce dernier est leur pilote « maison ». Tout ça a aidé et lorsqu’ils ont cherché un pilote Silver, Nelson a tout de suite pensé à moi. »
Cependant, le Français n’a pas retouché le volant d’un prototype depuis juillet dernier et les 6 Heures du Nürburgring. Lorsqu’on lui demande comment il fait pour garder le rythme de ce genre de compétition sans rouler, il répond : « j’ai effectué un shakedown il y a quelques jours et tout s’est bien passé. Ce sont des voitures très performantes, il faut être en forme. Depuis les 24 Heures du Mans 2017, j’ai continué de garder la forme physiquement mais il y a toujours une part de doute. Maintenant, il va y avoir les deux journées d’Essais Officiels ELMS au Paul Ricard, ça va me permettre de rouler, reprendre le rythme, faire de longs runs. C’est toujours impressionnant de reprendre le volant après une période moins active face à des gens comme Nelson, par exemple, qui sort des 12 Heures de Sebring. Là, il est monté dans la voiture et ne s’est pas posé de questions ! Dès le deuxième tour, il était dans le rythme. Pour ma part, je n’aurais la réponse que dans 15 jours, je suis confiant, ça va bien se passer.»
Il est encore trop tôt pour parler d’objectif, de victoire ou même de titre pour 2018 ! « L’équipe vient de faire ses tout premiers mètres en LMP2, il faut être raisonnable sur les objectifs. La LMP2 est une voiture différente, l’équipe va devoir l’apprendre. Je serai déjà ravi que l’on puisse se battre pour des podiums. Certes, je ne connais pas beaucoup Nico Jamin mais je pense que nous avons un bel équipage. Il va faire de la Blancpain GT Series où il y a un super niveau, à la fois en Sprint et en Endurance. Il va découvrir la philosophie de l’endurance et ça devrait l’aider. L’écurie a également les moyens de bien faire, ça va être une saison intéressante. On va démarrer l’aventure LMP2 de zéro, je trouve ce nouveau challenge intéressant. »
Pierre Ragues a disputé 11 fois les 24 Heures du Mans entre 2006 et 2017. Son meilleur résultat a été signé l’année dernière puisqu’il a fini 4e au classement général, 3e en LMP2, sur l’Alpine A470 n°35. Ce n’est cependant pas suffisant pour trouver un volant pour la classique mancelle en juin prochain. « A l’heure où je vous parle, je ne ferai pas les 24 Heures du Mans. Mon programme s’est décidé tard, j’avais plusieurs contacts mais pas pour faire Le Mans. Quand on est Normand comme moi, à 1 heure 30 du circuit, le but est de faire les 24 Heures mais je n’ai pas trouvé d’accord. J’ai donc préféré faire l’impasse même si je suis toujours à la recherche d’un baquet. Je me dis qu’il peut y avoir de belles opportunités. »
En attendant d’en savoir plus sur Le Mans, il fera en parallèle de l’ELMS, un peu de rallye. « Depuis 2014, je fais un petit peu de rallye et je vais participer au Rallye Lyon –Charbonnières qui se dispute juste après la course ELMS du Paul Ricard. Ensuite, rien n’est prévu, ce sera du coup par coup si je trouve des dates qui coïncident. J’aimerais bien en faire quelques uns car j’y prends beaucoup de plaisir même si ma priorité reste le circuit et les 24 Heures du Mans. »