Entretien avec un pilote qui aime toucher un peu à tout : karting, Endurance et rallye. Alors que l’année 2021 a déjà démarré pour lui, Endurance Info a pu s’entretenir avec le pilote français sur sa dernière saison WEC, mais surtout sur sa présence en rallye mondial. Il a nous parlé de sa passion pour cette discipline, lui qui vient de disputer son premier Monte Carlo de sa carrière.
Pierre Ragues a connu une saison WEC 2019/2020 faite de hauts et de bas. Au final, il termine 8e du Championnat Pilotes avec ses deux coéquipiers, André Negrão et Thomas Laurent avec une 2e place aux 4 Heures de Silverstone comme meilleur résultat. Au volant de leur Alpine A470 LMP2 #36 de Signatech Alpine ELF, ils ont échoué au pied du podium aux 24 Heures du Mans. Dans cette première partie, le Caennais revient sur sa période WEC….
Comment s’est passée votre saison WEC 2019 /2020 ?
« Ce fut une saison compliquée. Déjà l’intersaison a été dure avec des changements de pilotes qui se sont faits rapidement dans l’équipe. Il a vite fallu apprendre à se connaitre. Nous avons fait de bons tests à Barcelone puis bien débuté à Silverstone (2e des LMP2). Pourtant, ce circuit n’avait jamais trop souri à Signatech, mais ce fut le cas lors de cette première manche. On s’est dit que la machine était toujours en route (suite au titre WEC 2018/2019) et que cela allait continuer mais malheureusement la partie outremer (Japon, Chine) a été difficile. Nous avons très bien réagi avec une superbe course à Austin. A mi course, je prends la tête des LMP2, il y avait tout pour bien faire, mais au premier freinage où je passe en tête, je casse un disque de frein. Le temps de rentrer, de le changer et repartir, la course était finie. Sur une épreuve de six heures, c’est foutu. En tout cas, nous avons vraiment montré aux USA que nous avions la performance.
Après nous avons eu un manque de réussite. A Spa, nous avions vraiment tous envie de bien faire, de (trop) pousser dans une course compliquée comme souvent à Spa avec de la pluie. On met les clicks, on ne les mets pas ! On gère pourtant bien la stratégie et après, il y a eu un peu de précipitation, avec le recul, de Thomas. Mais nous avions tous envie de bien faire sur cette épreuve, nous étions à 3 secondes de United Autosports, on avait envie d’y croire. On ne peut pas en vouloir à Thomas. Sur le moment, on se dit qu’il aurait pu attendre, mais en même temps on ne fait pas une course pour finir deuxième ! Ce fut un gros crash, pas le genre d’incident que l’on souhaite avant Le Mans. On serait arrivé avec une 2e place ou une victoire au Mans, on aurait été dans une autre dynamique. Après les 24 Heures du Mans, on va à Bahrain où on choisit une stratégie agressive en milieu de course car la volonté de tout le monde était de gagner, pas de faire 2e ou 3e. On voulait une victoire sur cette saison, l’idée était de prendre des risques, mais finalement cela ne marche pas, on termine 5e. »
On vous imagine certainement déçu de vos 24 Heures du Mans…
« Nous étions confiants. Nous savions que nous avions récupéré notre perfo à Austin. Nous avions bien travaillé tous ensemble, bien posé les bonnes questions. Lors de la course, dès le premier tour, André (Negrão) prend la décision de rentrer au stand et, heureusement, sinon notre course s’arrête là ! Nous avions décidé de ne pas beaucoup rouler au warm-up, nous connaissons bien la voiture. Nous sommes partis en course confiant sur pas mal de sujets dont la fiabilité. Des soucis au bout de 12 ou 15 heures, on peut s’y attendre, mais au bout d’un tour, on pense plus à un capteur défectueux. L’alarme d’eau s’est allumée quasiment dans le tour de chauffe. On se dit que les voitures se suivent de prés, mais tout de suite on est en mode « dégradé », on perd beaucoup de places dans le premier tour, on se dit que cela va revenir. Cependant, ce n’est pas le cas et André décide de rentrer au stand et c’est tant mieux. Une fois l’auto réparée, on a fait le job on remonte jusqu’à la 4e place des LMP2, au pied du podium.»
Cela doit être difficile moralement de reprendre la piste pour 24 heures après un incident dans le premier tour car on sait que la course est (presque) perdue…
« C’est la descente aux enfers. Après cette première boucle, tu te dis que ta course va se résumer à une remontée. En plus, on sait que le niveau en LMP2 est très relevé, qu’il va falloir en doubler beaucoup et à plusieurs reprises, que quand on est dernier, et pas dans le tour des leaders, on n’a pas les mêmes drapeaux bleus que les autres. On a alors bien conscience que cela va être très très compliqué, mais on a fait une belle course par la suite en bénéficiant certes de faits de course, mais nous en avons eu nous aussi ! »
A suivre…