Après la partie entreprise, passons au côté sportif avec Pierre Thiriet qui roulait encore l’année dernière en WEC en catégorie LMP2 (Alpine A470 #36).
Vous avez décidé de ne pas continuer en WEC à l’issue des dernières 24 Heures du Mans. Pourquoi ?
«C’est une vaste question. Cela n’a rien à voir avec le côté sportif. Je me sentais très bien dans ce que je faisais. On peut toujours faire mieux donc j’aurais encore eu des objectifs si j’avais continué. Cependant, ma vie professionnelle a beaucoup évolué ces derniers temps et c’était, au moment de ma décision, ma priorité. De plus, il y avait la naissance de ma fille qui était toute ‘fraîche’. Je me suis dit qu’il fallait que je me concentre sur les choses les plus importantes, essentielles. Je souhaitais me focaliser sur mon avenir professionnel et sur mon investissement dans l’entreprise car cela me tient vraiment à cœur. Je voulais faire tout cela tout en pouvant voir ma fille grandir. Elle va avoir un an bientôt, j’ai vraiment partagé beaucoup de choses, je la vois tous les jours. Quand je vois aussi tous les projets mis en place dans l’entreprise, la façon donc les choses ont pu avancer, je me dis que c’est génial. Je pense aussi, parfois, que les dix ans de sport auto me sont vraiment bénéfiques maintenant parce que la vie professionnelle est aussi un sport de fond, d’endurance, un état d’esprit d’équipe. Je dis souvent que j’ai toujours voulu faire un autre sport de haut niveau, c’est le cas avec mon métier et il me passionne tout autant ! »
Près d’un an après votre décision, avez-vous des regrets ? Est-ce que cela vous manque ?
« Le sport auto me manque énormément, quoique je me dis, vu les circonstances actuelles que c’était peut être la bonne année pour arrêter ! Donc des regrets non, un manque oui ! D’ailleurs, peut être que dans quelques années, je roulerai à nouveau car cette décision n’est pas définitive. Je me suis aussi rendu compte que ce qui me manquait surtout, c’est le côté humain. Quand je partais sur une course, j’adorais retrouver les copains, mon super pote Philippe ou bien Christian Talou (dit Kiki), passer de bons moments, découvrir des endroits vraiment superbes. Le sport auto, de manière générale, me manque, le paddock aussi avec tout ce qui va autour qui faisait que l’on vivait des moments extraordinaires. Par contre, en regardant les courses à la télé, je n’ai pas eu de regrets. Je pense que cela sera plus particulier quand je serai au Mans. J’ai connu les 24 Heures du Mans quand j’avais abandonné. Et à ce moment là, cela me faisait vraiment mal au cœur de voir les autres rouler alors que je n’étais plus dans la course. Je me demande ce que je vais ressentir la prochaine fois que je vais me rendre au Mans. Être dans une voiture au milieu d’une course que tu peux potentiellement gagner ou faire une belle place, cela donne des sentiments, des sensations que je ne pourrais pas retrouver à court terme, mais je le vis bien. »
Par contre, vous continuez de soutenir certaines voitures via l’entreprise Thiriet…
« Oui, avec Alpine, nous avons continué sur la saison 2019/2020. Certes, je suis parti rapidement de l’équipe l’été dernier, je ne suis plus pilote, mais cela ne m’empêche pas de les soutenir. Eux aussi, je pense, sont contents d’avoir toujours notre petit sticker sur la voiture car nous avons vécu deux superbes saisons ensemble. »
Un an après, avez-vous pris le temps de vous retourner sur ce que vous avez accompli avec, entre autres, un titre WEC et deux victoires aux 24 Heures du Mans (consécutives) ?
« Oui, je dois bien avouer que j’ai eu plus le temps dernièrement. Auparavant, c’était sur ce que j’allais faire après, je me posais des questions sur la prochaine saison, sur le montage du programme, sur mes entraînements, trouver le meilleur équipage, la meilleure équipe. Désormais, je me dis que j’ai quand même vécu de belles choses, que c’est beau. Parfois, je me refais un peu le film de certaines saisons avec mes différents coéquipiers et équipes et je me dis que je n’ai pas vu passer ces dix dernières années ! Quand j’ai commencé le sport auto (Mégane Trophy), j’étais un bébé. Maintenant, je suis un adulte, j’ai fait énormément de choses et j’ai vécu de superbes moments. »
Regardez-vous ce qui se passe au niveau des règlements comme l’Hypercar ou le LMDh ?
« Je vais vous surprendre, mais je n’ai pas du tout regardé ! De toute façon, je n’ai pas été le meilleur élève quand j’étais pilote (rire). Je n’ai jamais vraiment suivi l’évolution des championnats, des règlements. J’ai remarqué que les courses que je n’ai pas disputées lors de cette saison actuelle de WEC, je les ai suivies de manière beaucoup plus précise. Quand j’étais dans la voiture, je me concentrais vraiment sur ce que j’avais à faire. Quand j’étais en dehors de l’auto, sur les week-ends de course, je devais aussi savoir faire abstraction de tout ce qui se passait autour pour bien se focaliser sur ce que je devais faire. »
Revenons sur une chose que vous avez dite. Donc, vous pourriez revenir un jour ?!
« Je ne ferme pas la porte à un retour ! Ce n’est pas la priorité en ce moment et à court terme. Quand on a vécu des choses comme cela… Si un jour l’opportunité se (re)présentait à nouveau, je la saisirais ! »
Serez-vous aux 24 Heures du Mans en septembre ?
« Si elles ont lieu, je serai présent ! »