Dernier volet aujourd’hui de notre entretien avec Pierre Yver, et vous verrez, comme nous l’avions dit en préambule, qu’il ne reste pas inactif…
Avez-vous des anecdotes particulières au Mans, que vous n’avez jamais, ou rarement, racontées ?
« Des anecdotes, il y en a une foule, de quoi écrire un livre, ce que d’ailleurs j’ai fait en compagnie de mon ami Jean-Loup Letessier (« Pierre Yver, 30 ans de course », ndlr, ci-dessous).
L’une de ces anecdotes, c’était en 1986 chez Kremer. A la fin de mon premier relais, j’étais dans la portion des virages Porsche et le témoin de réserve s’allume. J’enclenche donc la pompe réserve qui permet de rentrer au stand et là, je me fais incendier par un des frères Kremer ; il fallait continuer et faire un tour de plus, ce qui est vraiment jouer avec le feu, avec le risque de tomber en carafe sur le circuit.
Relais suivant, même scénario : j’applique bêtement la consigne et dans les Hunaudières, je commence à ratatouiller. Je tente en vain de rejoindre les stands mais, arrivé aux virages Porsche, terminé, la panne…Je refuse d’obtempérer aux commissaires pour me mettre hors course. J’attends quelques minutes et le moteur redémarre. Arrivé blême aux stands, c’est moi qui ai incendié le frère Kremer, qui a modifié ensuite sa stratégie.“
Vous avez arrêté le sport automobile, mais vous faites toujours du sport. Je crois savoir que vous êtes un expert en kitesurf…
« J’ai commencé le kite au tout début de l’apparition de ce sport. Il me fallait un truc pour remplacer la voiture et je suis devenu complètement accro. Je navigue toute l’année ici dans la Manche avec un groupe d’amis. Nous avons depuis quelques années une petite balise fixée sur la planche, ce qui nous permet de mesurer la hauteur de nos sauts. C’est devenu un véritable challenge, une vraie compétition car nous sommes 25 000 dans le monde. Les résultats et classements sont donnés chaque jour.
Je suis actuellement recordman du monde des plus de 70 ans avec un saut à 17 mètres que j’espère bien améliorer. Voilà le goût de la compétition retrouvé avec un ami qui lui aussi ne lâche rien puisque c’est un ancien champion de tennis. Ce sport est absolument génial et ne demande que peu de moyens. Seul Eole décide…Vivement la fin du confinement!!!! »
Avec ce confinement, vous ne pouvez plus effectivement faire du kitesurf. Comment occupez-vous vos journées ?
« Avant, dès qu’il y avait du vent, je sortais ma planche, mais pour l’instant ce n’est pas possible. J’ai la chance d’avoir un grand jardin et j’ai aménagé un atelier que j’ai transformé en musée.
J’y range des souvenirs, des photos, des articles. Cela me prend pas mal de temps et je me suis lancé dans la construction d’une maquette de Porsche 962. Enfin, c’est davantage une sculpture sur bois sur son socle qu’une maquette . Je vais la laisser telle qu’elle est actuellement, en lui ajoutant deux ou trois couches de vernis. »
(sur la photo ci-dessous, à gauche de la sculpture de la Porsche 962, une maquette de Rondeau M382 dans l’atelier de Pierre Yver)
Les 11 dernières 24 Heures du Mans de Pierre Yver
1989 : Porsche 962 C Obermaier Racing/Primagaz Compétition #72 (Jürgen Lässig/Paul Belmondo) AB
1990 : Porsche 962 C Obermaier Racing #27 (Jürgen Lässig/Otto Altenbach) 9ème
1991 : Porsche 962 C Team Salamin Primagaz/Obermaier Racing #51 (Jürgen Lässig/Otto Altenbach) AB
1992 : Porsche 962 C Primagaz Obermaier #67 (Jürgen Lässig/Otto Altenbach) 10ème
1993 : Courage C30LM Courage Compétition #13 (Jean-Louis Ricci/Jean-François Yvon) 11ème
1994 : Porsche 964 Carrera RSR Larbre Compétition #50 (Jack Leconte/Jean-Luc Chéreau) AB
1995 : Porsche 911 GT2 Evo Jean-Claude Miloe/Larbre Compétition #50 (Jack Leconte/Jean-Luc Chéreau) AB
1996 : Porsche 911 GT2 Evo Société Chéreau Sports #27 (Jack Leconte/Jean-Luc Chéreau) 22ème
1997 : Chrysler Viper GTS-R Viper Team Oreca #63 (Justin Bell/John Morton) 14ème
1998 : Porsche 911 GT2 Larbre Compétition #72 (Patrice Goueslard/Jean-Luc Chéreau) 23ème
1999 : Porsche 911 GT2 Larbre Compétition/Chéreau Sports #65 (Patrice Goueslard/Jean-Luc Chéreau) NC
Nous remercions vivement Pierre Yves.
Merci à Christian Vignon et Luc Joly pour les photos