L’année 2020 de BMW Motorsport a soufflé le chaud et le froid. Si en Europe la marque bavaroise doit sa saison à un succès aux 24 Heures du Nürburgring, le continent américain a vu la victoire de BMW aux 24 Heures de Daytona sans oublier l’Intercontinental GT Challenge à Indianapolis et le titre en Michelin Endurance Cup GTLM (IMSA). Pour ce qui est de l’avenir, la M4 GT3 est toujours en cours de développement, la catégorie GT4 continue de se développer outre-Atlantique et c’est du côté du programme GTLM qu’il y a un doute. Victor Leleu, manager du sport auto chez BMW North America, a fait le point avec Endurance-Info sur les activités aux Etats-Unis.
Les activités ont repris à 100% ?
“On ouvre petit à petit. Depuis mars dernier, il y a eu beaucoup de télétravail. Il a fallu intégrer de nouveaux protocoles avec une gestion des meetings différente. L’IMSA a fait du bon travail pour aménager le paddock. Nous avons repris l’été dernier sur le VIRginia International Raceway. L’année a été compliquée et ce n’est pas une surprise de dire qu’il a fallu se réinventer. La situation a forcé tout le monde à faire différemment. Du côté de BMW, nous avons mis en place différentes courses de sim racing avec la couronne IMSA à la clé.”
Tout a été repensé en interne ?
“A un moment, on s’est dit : qu’est ce qu’on fait ? Tous les processus d’organisation ont été revus, moins de personnel, des espaces de travail repensés. Tout le monde sait que le respect des distances sociales n’est pas évident en sport auto. On l’a constaté avec Bill (Auberlen) qui a manqué les 12 Heures de Sebring (en GTD) par mesure de précaution. Nous n’avons pas voulu prendre le moindre risque pour qui que ce soit. L’IMSA a mis à jour chaque événement et tout le monde a repris confiance, ce qui a permis d’assister à une belle saison. Le promoteur a été contraint de caser une saison sur la moitié du temps habituel, soit environ en 150 jours sur habituellement 300.”
Les déplacements aux Etats-Unis ont-ils été compliqués à gérer ?
“A l’échelle du pays, chaque état a ses propres règles. A titre d’exemple, l’équipe est basée dans l’Ohio et je réside dans le New Jersey. Les choses sont différentes selon les états. Dans un premier temps, il a fallu rouvrir l’équipe, qu’elle puisse travailler et préparer les prochaines échéances. La situation force à repenser la façon dont on fait les choses. Il faut également tirer du positif dans toute situation négative.”
Que retenez-vous de la saison sur le plan sportif ?
“La saison a été assez palpitante malgré le retrait de Ford et la présence de Ferrari uniquement à Daytona. Avec six autos en piste, on pouvait se poser la question de la valeur du championnat GTLM. Finalement, les courses se sont jouées à la fin. Pour BMW, il n’y a pas de regret, mais quelques grosses déceptions.”
La victoire aux 24 Heures de Daytona a permis de bien lancer la saison, mais la suite a été plus compliquée…
“Daytona a été extraordinaire, tout comme la course des 6 Heures à Road Atlanta. La performance globale au Petit Le Mans était bonne, mais, à 40 minutes de la fin, la victoire s’est envolée suite à un contact avec un prototype. Ensuite, il y a eu les 12 Heures de Sebring où nous avons encore tous mal au cœur. Cela faisait longtemps que BMW n’avait plus gagné cette course. Quel autre sport peut voir votre performance défaite par quelque chose qui est hors de votre contrôle ? C’est la cruauté du sport. Un concurrent d’une autre catégorie vous emmène dans un virage et il n’y a rien à faire. Dans tous les autres sports, on peut se dire qu’on est partiellement responsable. Pas dans ce cas… Là, c’est arrivé à 12 minutes de la fin de course. Road America aurait aussi dû tourner à notre avantage sans un aquaplaning. Sur ces deux courses, ce serait trop facile de parler de regret alors que nous sommes passagers du résultat. C’est le sport auto et on le savait en y allant. Pour tout le monde, 2020 a été une année très difficile et le sport reste très accessoire dans tout cela.”
On a entendu une rumeur comme quoi BMW pourrait avoir une saison partielle en 2021 avec uniquement les grandes courses d’endurance. Qu’en est-il ?
“Il faut faire face à une réalité économique et bien avoir en tête cette réalité. Daytona, c’est déjà demain et on accuse un certain retard dans le planning. On travaille pour 2021 et, ce que je peux dire, c’est que nous serons aux 24 Heures de Daytona avec deux BMW M8 GTLM. Pour la suite, nous verrons. BMW a une longue histoire aux Etats-Unis. Le pays représente le plus gros marché du monde pour la marque M. J’ai tout lu sur la suite du programme, mais il n’y a rien de fait. Différents scénarios sont sur la table. La décision ne se résume pas à ‘on fait ou on ne fait pas’.”
Il faut aussi se poser la question de l’avenir du GTLM ?
“A six autos et trois marques, on tenait le coup. A deux, ça devient plus compliqué. Il va falloir se pencher sur l’après. BMW a toujours été supporter de la convergence GT. La catégorie GT3 est une plateforme globale avec beaucoup de marques prêtes à rejoindre la catégorie reine du GT. De plus, justifier un programme GTE/GTD devient compliqué.”
A suivre…