Fort d’une très belle saison en European Le Mans Series, Panis-Barthez Compétition sort des frontières européennes cet hiver en disputant l’Asian Le Mans Series. Point de Ligier JS P217 en piste mais bien une JS P2 pour François Heriau, Jean-Baptiste et Matthieu Lahaye. L’unique équipe française du plateau ne vient pas en Asie pour passer le temps, mais bien pour découvrir un nouvel environnement et faire progresser l’équipage de la #35.
Sarah Abadie, Olivier Panis et un petit commando de Panis-Barthez Compétition ont fait le déplacement à Shanghai pour l’ouverture de la saison qui s’est terminée par une 6e place finale, résultat qui ne reflète pas vraiment la performance de l’écurie et l’équipage. L’équipe française peut nourrir de grandes ambitions en Asian Le Mans Series. Olivier Panis a fait le point avec nous sur la saison ELMS, sa joie d’être en Asian Le Mans Series et les plans futurs d’un team qui n’a plus rien à envier aux meilleurs.
Quel bilan tirez-vous de la saison européenne ?
“Très positif ! On ne va pas se chercher la moindre d’excuse, nous avons manqué de réussite en début de saison où nous n’avons pas pu valider nos performances par des podiums. A contrario, la fin de saison a été très bonne avec deux podiums coup sur coup.”
Selon vous, l’équipe a franchi une nouvelle étape cette année ?
“L’équipe s’est stabilisée. Elle n’a pas commis la moindre erreur en étant très solide même dans les moments plus compliqués. Les pilotes se sont donnés à fond avec une entente parfaite entre eux. Malheureusement, le classement final ne reflète pas la saison. Nous sommes une équipe qui fait partie des bonnes équipes ELMS.”
La Ligier JS P217 a donné satisfaction ? Il y avait des craintes avant le début de saison ?
“Le kit aéro Le Mans était vraiment bon. Personne ne s’attendait à cela, même nous. On ne pensait pas être aussi proche des ORECA 07. Je tiens à adresser un grand coup de chapeau à Jacques (Nicolet) et toute son équipe. De notre côté, l’équipe a beaucoup travaillé sur la voiture en montrant une belle performance de la Ligier et des pneus Michelin. Je savais que ça allait payer car je connais les techniciens de Michelin. Ce sera certainement le manufacturier à battre à l’avenir sachant que Michelin et Dunlop sont maintenant très proches.”
Compte tenu de la belle saison, vous devez avoir plus de demandes pour 2019…
“Les résultats donnent un nouvel élan, une légitimité et une vraie valeur à l’équipe. Nous avons beaucoup plus de demandes pour 2019 sachant que l’idée de base est d’aligner deux autos en ELMS, une pour des pilotes de pointe et une autre pour des jeunes. L’ADN de l’équipe est la formation des jeunes. Nous avons une chance incroyable d’avoir de bons partenaires derrière nous. La fidélité est encourageante et c’est comme cela qu’on construit une équipe dans la durée.”
L’Asian Le Mans Series fait partie de votre nouveau terrain de jeu. Il y avait une envie de sortir d’Europe ?
“L’Asian Le Mans Series nous permet de découvrir de nouveaux horizons. Avec Simon (Abadie), nous avions déjà regardé l’année passée pour relever le défi. L’opportunité de le faire est arrivée et nous sommes là. Il fallait trouver le bon moment pour nous et pour nos pilotes. Je suis très content de le faire avec François, Matthieu et Jean-Baptiste. Il y a une vraie aventure humaine.”
Votre premier sentiment sur le championnat est positif ?
“Je le suivais déjà, mais tout de même d’assez loin. Je suis agréablement surpris par l’accueil et le niveau de compétitivité des équipes présentes. Les circuits empruntés sont magnifiques. C’est un championnat qu’on va regarder un peu plus à l’avenir. Cyrille (Taesch-Wahlen) est un promoteur exceptionnel qui écoute et avec qui il y a un vrai dialogue. C’est ce qui fait le succès d’une série et j’ai déjà vu qu’il avait cette philosophie.”
Les 24 Heures de Daytona restent à l’étude ?
“Cela fait partie des discussions, mais on ne le fera pas si on ne peut pas le faire bien.”
Et le FIA WEC ?
“Nous n’avons pas la force de frappe pour aller en WEC. Sans partenaire titre, on ne peut pas y arriver. Cela n’a aucun sens pour nous.”
Pas de GT en vue ?
“On a de la demande pour la Blancpain GT Series Sprint. On regarde un peu, mais je pense que nous ne sommes pas encore prêts. On va se concentrer à gagner des courses en ELMS. Je suis fier que l’équipe fasse partie des outsiders. On se prépare pour faire une belle campagne 2019.”
Vous pourriez garder le même trio ?
“C’est mon souhait. Will (Stevens) est un super mec, Timothé (Buret) est bluffant et Julien (Canal) fait partie de ces pilotes qu’on tient à avoir dans son équipe tant il est facile de travailler à ses côtés.”
Fabien (Barthez) pense à un retour en LMP2 ?
“Je fais tout pour le convaincre (rires). Il a investi beaucoup d’argent dans l’équipe et il faut aussi être raisonnable. Pourquoi pas l’emmener en Asie l’hiver prochain. Un duo Fabien Barthez/Eric Debard ne serait pas pour me déplaire. Fabien est le pilier de l’équipe et un vrai compétiteur. Mon rêve est aussi de faire rouler Aurélien (Panis), mais il a sa carrière à gérer, c’est lui décide où il veut aller et ce qu’il veut faire.”
Vous vous attendez à un niveau encore plus relevé en 2019 en ELMS ?
“Aujourd’hui, l’European Le Mans Series est juste fantastique. Avoir un Am par auto serait bien. Si tu veux avoir plus de Pro, alors il y a le WEC. C’est ma logique. L’ELMS est attractif avec un gros niveau en piste.”
Vous avez une JS P2 en Asie et une JS P217 en Europe. Les ‘anciennes’ LMP2 ont encore leur place ?
“Bien entendu. Pour les Am, les anciennes P2 sont parfaites. Avoir trois Am dans une auto en Asie est juste la solution idéale. Les Pros pourraient rouler dans les LMP2 de dernière génération. Économiquement, il y a quelque chose à faire. Je pense que l’Asian Le Mans Series y réfléchit. Comme je l’ai dit, le promoteur est quelqu’un d’intelligent.”
On a entendu un bruit dans le paddock comme quoi Luc Alphand pourrait rejoindre votre équipe ?
“(Rires). Luc a le même profil que Fabien (Barthez). Ils sont tous les deux des surdoués dans tout ce qu’ils font. Fabien et Eric (Debard) m’impressionnent toujours, l’un est ancien sportif de haut niveau, l’autre chef d’entreprise. C’est la même chose pour Luc. Je me demande comment, moi, ancien pilote de F1, j’aurais pu aller jouer au football. Pour en revenir à Luc, il n’y a rien de finalisé, mais j’avoue que ça aurait de la gueule.”
Surtout qu’un Jérôme Policand veut rempiler au Mans en 2020…
“Alors là, ce serait le parfait package si on parvenait à mettre Fabien, Luc et Jérôme dans une même auto. Les trois se connaissent, s’apprécient et je signe de suite. Jérôme fait partie des personnes les plus respectées dans le paddock. Quand je vois comment il a développé son équipe, je dis respect.”