Avant de découvrir les 24 Heures du Mans, Jenson Button s’était essayé aux 24 Heures de Spa en 1999 au volant d’une BMW. A l’époque le double tour d’horloge ardennais faisait toujours la part belle aux voitures de tourisme et plus précisément à celles correspondants à la réglementation superproduction, relativement proche de la série.
Actif en F3 britannique et soutenu par Fina, Button avait été appelé à remplacer au pied levé Eric Van de Poele, victime d’une violente sortie lors des essais des 24h du Mans. Pour l’occasion, Jenson disposait d’une BMW 320 affûtée par le Team Rafanelli et engagée sous la bannière…BMW Fina. Ses équipiers d’un week-end étaient également de grands espoirs de la monoplace et avaient pour nom David Saelens et Tomas Enge ! La seconde voiture de l’écurie chère à Gabriele Rafanelli étant confiée aux plus expérimentés Didier de Radiguès, Marc Duez et Vincent Vosse. En dépit d’équipages de tout premier ordre, les Bavaroises ne bénéficiaient pas du statut de favorites, celui-ci revenant aux Peugeot 306/Kronos de Bouvy-Collard-Beltoise et Tassin-Van Dalen-Mollekens.
Les Renault Mégane (Corthals-Lagorce-Ferté et Viaene-Chouvel-V.Ickx), les Nissan Primera (Cudini-Olosson-Defourny) et autres Honda Integra (Hoy-Allam-Graves et De Groodt-Moreau-Heckters) faisant office d’outsiders. Si leurs qualifications étaient perturbées par des ennuis d’alternateur, Saelens, Enge et Button parvenaient tout de même à signer un encourageant 12e chrono.
Las la course, disputée sous la canicule, allait très vite tourner au cauchemar pour les trois jeunes loups. Ainsi après 80 minutes à peine, David Saelens rentrait prématurément aux stands et s’affalait sur le volant, victime d’émanations d’essence, avant d’être emmené au centre médical. Dans la foulée les mécaniciens du team Rafanelli détectaient non seulement une fissure dans le réservoir mais également un dysfonctionnement du système de dégazage ! C’en était déjà fini des espoirs de la BMW n°2. Par mesure de sécurité, la voiture soeur sera à son tour retirée de l’épreuve quelques minutes plus tard. Loin d’être abattu par ce coup du sort, Jenson Button prenait ensuite place dans la tribune située face aux stands « endurance » afin de suivre la course en compagnie de son papa.
Nous en avions profité pour recueillir ses impressions : « C’est bien entendu frustrant de renoncer si prématurément, qui plus est sans avoir eu la possibilité de boucler le moindre tour en course. D’autant que notre stratégie consistant à ne changer de pneus qu tous les deux relais nous aurait sans doute permis de mettre la pression sur les Peugeot jusqu’au bout. Néanmoins je suis ravi d’avoir vécu cette expérience. L’ambiance propre aux courses d’endurance est absolument magique, particulièrement la nuit. Il est d’ailleurs dommage que nous ayons été contraint de renoncer si tôt car, avec les flammes sortant des échappements de nos BMW, nous aurions pu apporter un cachet supplémentaire à ce fabuleux spectacle. »
Plus étonnant, Jenson semblait avoir apprécié le pilotage d’une « superproduction » pourtant souvent définie comme sous-motorisée. « Pour ma part, je trouve le moteur suffisamment puissant. Cela glisse beaucoup et il est assez difficile de cerner les limites de la voiture. Je trouve cela très amusant et je reviendrai volontiers l’an prochain ».
Un vœu qui ne sera pas exaucé et pour cause ! Auteur de trois victoires en F3 britannique, Button se classera, en cette même année 1999, 3e du championnat avant d’être enrôlé la saison suivante en F1 par l’écurie Williams BMW. Avec le succès que l’on sait !
Quant aux 24h de Spa, elles se clôtureront sur un triplé des Peugeot 306/Kronos. Manu Collard, Anthony Beltoise et Fred Bouvy devançant leurs équipiers Tassin-Mollekens-Van Dalen et Van Hooydonk-Leinders-Witmeur en dépit d’une belle résistance affichée par la Nissan Primera /RBM pilotée par Alain Cudini et le regretté Anders Olofsson.