Le groupe toulousain Zebda chantait ‘Le bruit et l’odeur’. Ce bruit et cette odeur se perdent sur les circuits. Pourtant, nous en avons pris plein les oreilles et les yeux sur le Yas Marina Circuit en marge des 12 Heures d’Abu Dhabi. Le premier meeting Gulf Historic a permis de rassembler une petite dizaine de Formule 1 historiques toutes aussi rutilantes les unes que les autres. Personnellement, je n’ai jamais été attiré par les F1 si bien que je n’ai jamais regardé un seul grand prix de toute ma vie. A l’instar d’un Thomas Laurent qui a émis le souhait de participer aux 24 Heures du Mans dès son plus jeune âge, j’ai eu la même volonté, le talent en moins. Lui est promis à un bel avenir un volant entre les mains, moi je me contenterai d’un carnet et d’un stylo.
N’étant pas passionné de F1, je ne pouvais quand même pas ignorer les stands où étaient exposés de vrais bijoux que l’on devrait inscrire au Patrimoine de l’UNESCO. March, Arrows, Amon, Matra, Hesketh, Surtees, Iso-Williams. Elles étaient toutes là et bien qu’elles soient de générations différentes, elles rappellent toutes des souvenirs. Qui ne se souvient pas du V12 Matra, des logos Penthouse, Shell, Matra ou Durex… Elles étaient pilotées par Riccardo Patrese, James Hunt, Chris Amon et d’autres. Même une Ferrari de Gilles Villeneuve était exposée. Nicky Pastorelli, Jordan Grogor, Frédéric Fatien, Stuart Hall ou Roald Goethe ont remplacé les pilotes d’époque.
Qu’on aime ou pas la Formule 1, ces autos vous donnent la chair de poule à chaque démarrage. Elles sont bruyantes, elles respirent et elles fument. Elles fument tellement qu’elles ont déclenché les détecteurs de fumée installés dans les stands. Un coup de démarreur et les pilotes partent en piste, contrairement à la Benetton ex-Jean Alesi. Il faut la pousser à l’extérieur, mettre tout un attirail pour la démarrer avant de pouvoir espérer rejoindre la meute en piste. On ne vous apprendra rien en vous disant que le public n’est pas très nombreux aux 12 Heures d’Abu Dhabi mais lors de la première séance d’essais libres du Gulf Historic, quasiment tout le paddock était dans la voie de stands juste pour entendre et voir. On aurait dit une haie d’honneur à l’histoire mais surtout un grand respect pour ces oeuvres d’art sur quatre roues.
Ces Formule 1 ont écrit l’histoire du sport automobile et les voir en piste perpétuent la tradition. Neuf F1 en piste ont plus braillé qu’un plateau de 60 voitures de course actuelles. Les normes de sécurité n’ont rien à voir avec ce que l’on connaît de nos jours mais les pilotes ne jouent pas leur carrière au volant d’autos dont la valeur dépasse de beaucoup celle d’un prototype actuel. Elles ont un petit truc en plus, un petit quelque chose. Comme dans une vie de couple, il faut entretenir la flamme pour pas qu’elle ne s’éteigne et Gulf Historic entretient cette flamme pour le plus grand plaisir (ou pas) de nos tympans. Pas d’électronique à bord et on sent que ces F1 du passé ont été façonnées par l’homme et pas par un ordinateur. Quand une LMP3 tourne en qualifs en 2.07 mn à Abu Dhabi, une F1 historique âgée de plus de 30 ans, roule en exhibition sans aucune recherche de performance en 2.04 mn.
Non, le sport automobile n’est pas mort. Il fait toujours rêver mais les rêves ont certainement évolué…
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