En mai 2016, Bruno Famin (directeur de Peugeot Sport) nous expliquait que le constructeur français pourrait faire son retour en LM P1 si trois conditions étaient réunies (deux étaient alors déjà remplies). En septembre dernier, Carlos Tavares nous confiait personnellement qu’un retour en endurance restait possible mais qu’aucun calendrier n’était établi.
Le patron du Groupe PSA a donné quelques explications supplémentaires à notre confrère Didier Laurent en marge du ePrix de Monaco. « Je n’ai pas de calendrier, car je suis en négociations » a expliqué Carlos Tavares au magazine Auto Moto.
« On ne peut pas négocier si on est pressé. Nous avons gagné deux fois le Dakar, et il n’est pas impératif pour nous d’aller en WEC. De la même manière, nous pourrions également arrêter le Dakar, et l’entreprise trouvera d’autres moyens de promouvoir ses marques et son image. Il se trouve que les activités sportives ont des respirations en termes de format et de règlement, qui constituent autant de fenêtres pour un constructeur qui veut y entrer. Mais j’ai indiqué à l’ACO et à la FIA qu’au-dessus d’un certain montant, le dossier ne sera pas présenté au comité exécutif du Groupe PSA parce que son rendement économique sera mauvais. Dans tous les autres cas, il faut que la totalité de l’équipe soit d’accord afin que nous soyons efficaces. Il y a beaucoup de conditions à réunir. »
Carlos Tavares voit d’un bon œil les dispositions prises par l’ACO et la FIA pour réduire les coûts même si à l’heure actuelle la facture semble trop élevée. « Vous avez bien compris, et ce n’est pourtant pas faute de travailler dans un très bon esprit » a précisé le patron du Groupe PSA. « Le WEC est une discipline où il faut réunir beaucoup de compétences, et la compétitivité du sport automobile en tant qu’outil marketing doit être protégée. C’est parfaitement rationnel et la pérennité de ces disciplines passe par là. »
Pilote à ses heures perdues, Carlos Tavares ne mélange pas sa passion avec le côté professionnel : « Bien que je sois passionné, je me mets en retrait et je laisse les membres du comité exécutif discuter autour des budgets, de l’impact médiatique et de la comparaison avec les autres outils marketing. Compte tenu des efforts que je leur demande à tous les niveaux – nous voyageons tous en classe économique et via des compagnies low cost – et du fait que nous sommes entrés dans une lutte économique très élevée, il y a une dimension éthique que nous ne pouvons pas oublier, des montants que nous pouvons pas afficher. » Le constructeur est en pleine restructuration de ses différentes activités Motorsport qui sont maintenant regroupées à Satory.
De là à voir une annonce d’un retour de Peugeot en LM P1 le mois prochain dans le cadre des 24 Heures du Mans, il y a un pas que nous ne franchirons pas aujourd’hui. L’information (non confirmée à ce jour) de voir la conférence de presse donnée par l’ACO le jeudi passer au vendredi a laissé place aux rumeurs les plus folles.
Le budget est l’élément essentiel pour un éventuel retour mais d’autres questions sont sans aucun doute en réflexion : choix de la technologie, visibilité sur le futur, la concurrence. Le règlement pourrait être annoncé le mois prochain au Mans, du moins les grandes lignes.
La Commission Endurance accorde actuellement des dérogations pour tout nouvel entrant en LM P1 : allocation spécifique de carburant, pas de limitation du nombre de moteurs à combustion interne, changement de classe d’hybridation durant la première saison, pas de limitation quant au nombre de carrosseries, quota de pneus revu à la hausse, pas de limitation sur les essais privés, limitation des heures de soufflerie augmentée à 150%.
Wait and see…
L’interview complète de Carlos Tavares par Didier Laurent est à retrouver ici