Les champions du monde d’endurance de la FIA ont été intronisés au Hall of Fame hier lors d’une cérémonie à l’Automobile Club de France, Place de la Concorde à Paris. Vingt-neuf champions du Championnat du Monde d’Endurance ont été célébrés et ont rejoint les 33 Champions du Monde de Formule 1 et les 17 Champions du Monde des Rallyes dans leur Hall of Fame respectif.
A travers une belle cérémonie, l’Endurance a donc été à l’honneur hier soir et cette discipline, qui « repose sur le courage, la passion et le travail d’équipe », a été vraiment mise en valeur. L’actuel Championnat du Monde FIA d’endurance (depuis 2012), mais aussi le Championnat de Voitures de Sport (de 1982 à 1991) étaient à l’honneur sans oublier les légendaires 24 Heures du Mans.
La soirée était co-animée par Bruno Vandestick, la voix des 24 Heures du Mans, et Louise Beckett. Le Président de la FIA, Jean Todt, a d’abord déclaré en préambule : « Les courses d’endurance occupent une place particulière dans l’histoire du sport automobile ainsi que dans mon cœur, et les légendaires 24 Heures du Mans sont un événement majeur du calendrier du WEC. Même si la discipline a beaucoup évolué au fil des ans, la passion demeure intacte. J’attends avec impatience l’arrivée de l’Hypercar en 2021 qui marquera un tournant dans la vie du championnat. J’ai donc le plus grand plaisir d’inaugurer 29 vainqueurs du FIA WEC dans le Hall of Fame de la FIA, qui s’agrandit avec une nouvelle discipline qui rejoint celles qui ont été célébrées précédemment : la Formule 1 et le Championnat du Monde des Rallyes.”
Première partie : les pilotes titrés de 1981 à 1992
La cérémonie a débuté par la présentation des pilotes qui ont remporté un titre mondial entre 1981 et 1992. L’Américain Bob Garretson, âgé de 86 ans, a été le premier à être intronisé au Hall of Fame de la FIA. Cette année là, il pilotait une Porsche 935.
Ce fut ensuite un moment d’émotion avec la célébration du regretté Stefan Bellof qui a remporté le titre en 1984 avec Porsche. Mort en 1985 aux 1000 km de Spa, il était représenté sur scène par son frère Georg. Le pilote suivant était l’Allemand Hans-Joachim Stuck, qui a remporté le titre de champion du monde d’endurance en 1985 aux côtés du Britannique Derek Bell pour Porsche.
Après le chapitre Porsche, on a ouvert la page Jaguar avec deux pilotes de légende Raul Boesel (1987) et Martin Brundle (1988). Le Brésilien a raconté qu’il « devait disputer la saison 1987 en IndyCar, mais que Mario Andretti , avec qui je devais piloter, avait mis son veto. Sans volant, je suis alors entré en contact avec TWR et Tom Walkshinshaw. J’ai fait des essais au Paul Ricard et cela a commencé comme cela. Je tiens à remercier Martin Brundle qui m’a aidé à décroché ce titre en 1987 en particulier aux 1000 km de Spa. Ce fut fabuleux de découvrir une nouvelle discipline et d’y être titré la même année. »
Le Britannique a lui insisté sur son retour en 1990 en Endurance après y avoir été titré en 1988. « Je souhaite tout d’abord remercier le Président Jean Todt de nous avoir conviés ce soir. Je me sens privilégié d’être entouré d’autant de pilotes fabuleux. Je dois bien avouer que je suis revenu en Endurance cette année là car je n’avais pas de bon volant en F1. J’ai toujours adoré les 24 Heures du Mans, l’endurance et les Group C. Dans les courses de longue distance, vous devez faire de votre mieux, partager avec vos coéquipiers, travailler avec eux, vous êtes dans la voiture pour plusieurs heures. En F1, vous êtes adversaire, en endurance, vous êtes coéquipiers » a déclaré le vainqueur des 24 Heures du Mans 1990…
En 1990, Mauro Baldi remporte le titre avec Sauber Mercedes, suivi de son compatriote Teo Fabi, qui lui succède en 1991 en remportant le titre pour Jaguar. Le premier a déclaré : « Ce fut une année fantastique. J’ai adoré rouler avec Jean-Louis Schlesser sur la Sauber C9. Nous avons dominé la saison, il y avait peu de compétition (il a remporté avec Jean Louis Schlesser 8 des 9 courses de la saison, ndlr), il faut bien le dire. J’ai eu la chance de piloter tellement de belles autos comme la Sauber Mercedes, mais aussi la Peugeot 905, la Porsche Dauer, la Ferrari 333 SP…C’est super d’être parmi tous ces pilotes de légende ce soir… »
Yannick Dalmas, quadruple vainqueur du Mans, est devenu Champion du Monde en 1992 avec Peugeot. Le pilote français est monté sur la scène, suivi de son coéquipier, le Britannique Derek Warwick. Ils ont tous les deux insisté sur la chance d’avoir piloté « une voiture aussi fantastique que la Peugeot 905 et sur le fait de travailler avec Jean Todt (alors directeur de Peugeot Talbot Sport,ndlr) ». 1992 reste une superbe année pour les deux hommes car ils ont remporté leurs premières 24 Heures du Mans ensemble (aidés de Mark Blundell).
Ce fut ensuite au tour des doubles champions du monde de l’ère 1981-92 d’être célébrés : Jacky Ickx et Derek Bell. Le pilote belge a remporté le titre mondial en 1982 et a répété l’exploit en 1983, les deux fois au volant d’une Porsche. Le Belge a livré un discours très émouvant : « Nous sommes tous de la même famille, mais pas de la même génération. J’aime l’idée qu’il y a un futur pour l’endurance. J’aime l’idée qu’il y a une nouvelle génération qui est justement en train d’arriver et je crois en ces pilotes. J’estime avoir eu beaucoup de chance, ce fut un vrai privilège de piloter dans ces années là, mais il ne faut pas oublier que c’était dangereux dans les années 80. Je pense justement à Stefan Bellof dont le frère est monté sur la scène tout à l’heure. Ce fut un moment particulier pour moi car, comme vous le savez, j’ai été impliqué dans l’accident de Stefan. La compétition automobile comporte de bons et de mauvais moments. Les voitures n’étaient pas assez sûres dans les années 60 et 70. Jean Todt et tous ses prédécesseurs ont beaucoup fait pour rendre ces voitures de course sures. Ils ont vraiment fait de gros efforts au niveau sécurité. Maintenant elles sont sures, mais il y a encore parfois quelques accidents, c’est la fatalité ! Je souhaite dédier cette soirée aux gens qui sont en coulisse, c’est à dire toutes ces personnes qui sont dans l’ombre des équipes. Certes nous pilotons, mais 80 % du travail est fait par eux ! Sans eux, nous ne sommes personne ! »
Le Britannique Derek Bell a remporté deux championnats consécutifs en 1985 et 1986, le premier aux côtés de Hans-Joachim Stuck. A l’instar de Jaky Ickx, ses deux titres ont également signé au volant d’une Porsche. « Je dois dire que mon premier titre en 1985 a été le plus important parce que vous pensez tout au long de votre carrière qu’il n’est pas possible de remporter un titre comme celui-là. J’ai eu la chance d’avoir la meilleure voiture dans les années 80 avec la Porsche 956 / 962. J’ai eu de supers coéquipiers en la personne de Jacky Ickx et Hans-Joachim Stuck. Ce fut vraiment spécial de gagner ces titres avec chacun d’entre eux ! »
Pour finir, Jean-Louis Schlesser, le troisième double champion du monde à être intronisé au Temple de la renommée de la FIA est monté sur la scène. Il a remporté le titre en 1989 avec Sauber Mercedes, répétant son exploit en 1990 aux côtés de Mauro Baldi. « Ce fut un très bon moment de partager le volant avec Mauro. Nous étions comme deux frères, il était un super coéquipier. Un jour, je suis descendu de la voiture et il m’a dit : « Putain, qu’est ce que tu vas vite ! (rires). » J’ai eu la chance de rouler en Group C, mais c’était dur, vraiment ! »
A suivre avec les pilotes de 2012 à 2019 !