Après 21 ans d’absence sur les circuits, sa dernière course étant les 24 Heures du Mans 1997 pour le compte de Nissan, Riccardo Patrese est de retour sur un circuit pour disputer les Total 24 Heures de Spa sur la Honda NSX GT3 #30 engagée par Castrol Honda Racing avec le soutien du JAS Motorsport. Il fait équipe avec Loïc Depailler, Esteban Guerrieri et Bertrand Baguette. Entretien avec le pilote italien qui fête cette année ses 64 ans.
Vous sortez d’une longue période d’inactivité. Qu’avez-vous fait pendant ce temps ?
« J’ai eu pas mal de défis avec mes enfants et ma femme. J’ai commencé à faire des courses hippiques, plus précisément du jumping. J’ai même fait de la compétition. Quand j’ai arrêté le sport automobile, j’étais en recherche de sensations, d’adrénaline et les courses hippiques étaient parfaites pour moi. J’ai stoppé il y a trois ou quatre ans et je reprends le volant ici (rires). J’ai vraiment besoin de faire quelque chose pour me dépenser. »
Pourquoi avez-vous accepté ce nouveau challenge ?
« Tout ceci est nouveau pour moi, mais j’aime les défis, j’ai connu cela tout au long de ma carrière. Je n’avais pas en tête le fait de venir rouler ici. Castrol Honda Racing a décidé de disputer cette course. Il y a peu de temps, ils ont pensé à moi parce que le team manager de JAS, Alessandro Mariani, est un de mes bons amis depuis l’époque de la F1. Ça fait 25 ans que je n’ai rien fait en sport auto, la dernière fois que je suis venu ici, à Spa, c’était en 1993 en F1 ! Lorsque Honda a pris contact avec moi, ils m’ont alors dit que je pouvais faire un test et décider ensuite. Depuis le temps que je n’avais pas piloté, j’ai pris beaucoup de plaisir. J’ai alors dit “oui” pour une simple et bonne raison : j’adore piloter ! J’ai toujours aimé ça depuis que je suis jeune et, en plus, j’ai un fils qui a commencé le kart il y a deux ans. Il a 13 ans maintenant. C’est un challenge, ce n’est pas facile pour moi, surtout que j’ai été éloigné si longtemps du sport automobile. Je n’ai en plus pas choisi la facilité avec le circuit de Spa-Francorchamps. Je vais essayer de faire de mon mieux. »
Comment se sont passés vos premiers tours lors de la Journée Test ?
« Je dois avouer que ça ne s’est pas trop mal passé, même si les deux premiers tours ont été difficiles. Je ne suis pas venu ici depuis des années. J’ai fait mon possible pour me rappeler où étaient les virages à gauche et ceux à droite (rires). De plus, je n’ai roulé qu’à partir de l’après midi, les autres pilotes étaient déjà bien habitués au circuit, contrairement à moi. Après deux ou trois boucles, je me sentais mieux. De plus, mon fils était là, j’étais très heureux et fier qu’il puisse voir ce que j’ai fait tout au long de ma carrière. Je trouve que la vitesse revient, mais le souci devrait être l’endurance car je sens que je ne suis pas encore assez habitué à la voiture. »
Comment avez-vous trouvé le circuit après tant d’années ?
« Je dois dire que c’est quand même plutôt le même à part la dernière chicane, celle que l’on appelait le « bus stop ». La sensation d’être à fond dans l’Eau Rouge ou Blanchimont reste la même. Cependant, il n’est plus permis de faire de fautes car ils ont goudronné les parties autour des virages et avant les bacs à gravier. »
Comment vous êtes-vous entraîné pour cette course ?
« Je ne suis pas du tout entraîné car il y a encore un mois, je ne savais même pas que j’allais disputer cette course. Je crois que le coup de fil de Honda date d’il y a tout juste un mois. Je suis dans une forme physique décente, mais du point de vue pilotage, je n’ai que 300 kilomètres dans les « bras ».
Comment est cette auto à piloter ?
« C’est une voiture sympa même si elle est un peu lourde, on sent bien qu’elle n’est pas très agile. Il y a beaucoup d’aide électronique. Je m’y sens bien. »
Comment allez-vous appréhender la nuit ?
« J’ai fait quelques tours de nuit en Italie lors d’essais. J’ai déjà piloté de nuit par le passé, mais jamais en course, seulement en essais. Lors des courses de 24 heures auxquelles j’ai pris part, à chaque fois, la voiture avait dû abandonner avant. Je suis pilote Bronze maintenant ce qui signifie que mon travail devrait durer quatre heures. Si je ne me sens pas bien pendant la nuit, je piloterai seulement de jour. Les deux pilotes Pro ont huit heures à faire chacun et les deux pilotes bronze, quatre heures. Nous allons donc gérer tout ça.»
Quels sont vos espoirs dans cette course ?
« Finir ! C’est la chose la plus importante dans ce type de course. De plus, je n’ai jamais terminé une seule course de 24 heures dans ma vie (il a disputé trois fois Le Mans). Je veux prendre du plaisir au volant de cette auto. Je ne veux pas faire de fautes. Je suis dans une équipe qui aimerait faire un bon résultat, donc un abandon serait une déception. »
Nous reviendrons ultérieurement pour Endurance-Classic sur les participations de Riccardo Patrese aux 24 Heures du Mans.