Suite de notre interview avec Richard Dean, le copropriétaire de United Autosports (avec Zak Brown, le patron de McLaren). Le Britannique aborde les sujets du LMDh, de l’Asian Le Mans Series et de la saison 2021 qui s’annonce compliquée pour pas mal d’écuries…
En Janvier, à Daytona, on a beaucoup parlé de LMDh. Qu’en pensez-vous ?
« Le LMDh est la genre de catégorie dont tout le monde rêve, c’est-à-dire que c’est avec des règles qui régit le sport automobile pour une bonne partie du monde. Je trouve que ce qui a été proposé va dans la bonne direction. Je pense et j’espère que la situation que nous traversons actuellement a permis à tous les promoteurs autour du monde de repenser les choses, de se dire qu’il est nécessaire d’avoir des réglementations qui sont durables, abordables et compétitives. Il faut que cela donne des opportunités aux pilotes, aux équipes et aux partenaires de rester impliqués dans ce sport. La seule manière possible, selon moi, c’est d’avoir une base commune au niveau de la réglementation qui fonctionne aux USA, en Europe et en Asie. Je parle de la top catégorie en descendant vers le LMP2 voire LMP3 et le GTE, peut-être. Il faut donner cette possibilité de rouler à Daytona, au Mans, à Shanghai, en ELMS, en Asian Le Mans Series, en IMSA, c’est tellement important »
LMDh, Hypercar plus réservée aux constructeurs, le GT, le DPi. Quelle va être la future direction d’United Autosports ?
« Encore une fois, c’est dans les mains des gens qui font les futurs règlements et ce sont eux qui définissent l’avenir des équipes. La direction que je veux prendre ne sera peut-être celle que je serais capable de prendre à cause des règlements. Par exemple, je préfère cette génération de LMP3. Nous avons investi dans ces voitures, elles sont éprouvées maintenant, les pilotes les aiment vraiment, elles sont abordables en termes de sport auto, peut être pas dans le monde de tous les jours (rires) car cela reste un sport onéreux. J’aimerais voir les LMP3 dans une réglementation commune en IMSA, en ELMS, en Asian Le Mans Series. Les temps sont plus durs pour les LMP2 parce que l’IMSA a presque tué la classe, mais cette catégorie est toujours là, mais pas bien soutenue car les voitures sont ralenties mais cela coûte toujours aussi cher. Chez United Autosports, nous voulons être impliqués dans la catégorie reine. Nous ne pouvons pas aller courir contre Toyota ce n’est pas possible. Donc pour nous, le LMP2 est LA catégorie reine. Au-dessus en WEC, cela ne nous est pas accessible du point de vue financier ainsi que de l’équipement et du matériel nécessaires. »
Serez-vous impliqué en Asian Le Mans Series en janvier 2021 ?
« Normalement, nous planifions tout cela bien en amont et, à ce moment de l’année, c’est à dire en août, au moins 50% de nos pilotes ont signé pour la saison Asian Le Mans Series et pour les autres championnats. Cependant avec tout ce qui se passe dans le monde, tout a été reculé, décalé ! C’est une situation inhabituelle, donc par rapport aux autres années, nous ne sommes pas aussi avancés. Je dois, par contre, dire que les gens de l’Asian ont construit un beau calendrier qui rassemble toutes les manches sur un mois. Cyrille Taesch–Wahlen, (directeur général du championnat, ndlr) fait du super travail. Il voit loin, il prévoit et anticipe ce que les écuries veulent, il est facile de discuter avec lui, on lui pose des questions, il répond très rapidement. J’ai beaucoup de respect pour Cyrille pour ce qu’il fait au niveau des règlements. Il est important que nos clients aiment ce qui leur est proposé surtout en ce moment où nous vivons des moments difficiles. L’Asian est plus une série Pro / Am et nous nous appuyons plus sur la partie “amateur” pour trouver des fonds pour rouler. Donc pour répondre à votre question, oui, c’est quelque chose que nous voulons de nouveau faire (United Autosports n’était pas présent lors de la dernière saison, ndlr), mais pour être honnête, nous n’avons pas encore de deal à l’heure actuelle. J’aimerais y faire courir la LMP2 actuelle et les toutes nouvelles LMP3..»
En 2020 les grilles de départ ELMS et WEC sont assez chargées. Mais qu’en sera-t-il en 2021 ?
« C’est une question intéressante ! Je dois dire que je suis content de ne pas être le promoteur des séries que vous avez citées, de ne pas avoir à concocter les calendriers du WEC. Je pense que c’est très compliqué en ce moment surtout pour aller dans des endroits habituels comme Shanghai (Chine), Fuji (Japon), Sebring (USA) ou en Amérique du Sud comme Interlagos (Brésil). Je ne vois pas comment on peut faire cela avec une certaine assurance. Je pense qu’il est nécessaire de laisser la situation mondiale s’apaiser et se stabiliser. Alors il sera possible d’imaginer un calendrier pour le WEC. Je pense que du côté de l’ELMS, nous aurons un bon calendrier pour l’Europe. Cependant, quelle sera l’économie en début d’année ? Qu’en sera-t-il des partenaires à ce moment-là ? Telles sont les questions qu’il faut se poser et je ne suis pas la bonne personne pour y répondre ou pour faire des prédictions sur ce qu’il va se passer. Je sais juste que cela ne sera pas facile pour pas mal de gens, de pilotes, d’écuries. Nous devons espérer survivre, que nous aurons une belle grille de départ en 2021 et que pas mal d’équipes pourront sortir de cette situation difficile. »
Peut-être que cela pourrait débuter par une réduction des coûts…
« Cette année ne déroge pas à la règle. Le dossier des coûts est toujours compliqué. Tout ce qui peut être faire pour les réduire dans n’importe quelle catégorie va dans le bon sens pour avoir plus de monde sur la grille et permettre aux équipes de survivre, mais en même temps, c’est quelque chose de difficile à faire. »