Emploi du temps bien chargé pour le co-propriétaue de United Autosports, Richard Dean. Entre l’ELMS où l’équipe a remporté une deuxième victoire de suite et la manche WEC ce week-end, le Britannique a accordé un long entretien à Endurance-Info. Dans cette première partie, il revient sur les succès de son écurie en ELMS, la crise du Covid-19 et les nouvelles règles de voyage impactant les ressortissants britanniques !
Deux pole positions, deux victoires, un doublé en ELMS. Vous dominez complètement ce début de saison. Qu’est ce qui explique cette tendance ?
« Si c’était comme cela le reste de la saison, je serai d’accord pour dire que nous dominons la saison, mais il est trop tôt pour l’affirmer. D’autres équipes peuvent avoir la même série que nous. On se dit qu’au sein de l’écurie qu’il faut profiter du temps présent car nous ne savons pas combien de temps cela va durer. Nous savons juste ce qui se passe chez nous, nous ne savons pas ce que font les autres. Ce que je sais c’est que nous avons travaillé dur pendant le confinement. Je n’ai pas passé beaucoup de temps à tondre le gazon ou à boire du vin (rire). Nous avons travaillé dans notre usine. Nous avons de la chance d’avoir un grand bâtiment dans le Nord de l’Angleterre, nous avons eu un petit nombre de personnes constamment tout en respectant les distances sociales, avec plusieurs centaines de mètres carrés chacun. Nous avons travaillé d’arrache pied sur des petits détails. Il ne faut pas oublier que nous avons l’ORECA 07 depuis moins de 12 mois, c’était en Septembre 2019 à Silvertsone pour l’ELMS et le WEC. Nous avons fait des erreurs au début en WEC. Nous avons été bien à Shanghai, mais à Fuji nous avons pas mal souffert. Ensuite nous avons eu deux victoires à Bahreïn et à Austin. Nous avons compris où cela n’allait pas et maintenant nous sommes plus réguliers. »
Avec vos résultats actuels, vous pouvez donc viser haut dès ce week-end à Spa en WEC ainsi qu’aux 24 Heures du Mans…
« Chez United Autosports, nos attentes sont toujours grandes. Nous sommes toujours déçus lorsque les objectifs ne sont pas atteints et peu importe l’événement. Evidemment, tout le monde veut accrocher un jour les 24 Heures du Mans à son palmarès. Nous ferons notre maximum cette année encore une fois… »
Et le fait de ne pas avoir de public ?
« Nous sommes ici dans le paddock de Spa et tout semble presque normal sauf que nous nous faisons face avec un masque et qu’il n’y a pas de public. Les spectateurs ajoutent de l’ambiance, de l’émotion à un événement. Mais quand vous êtes en salle de presse, que je suis sur mes écrans à scruter la course et les temps, nous sommes dans notre bulle. Le reste n’a pas changé, l’ELMS reste l’un des championnats des plus crédibles et relevés. Pour Le Mans, ce sera certes particulier car il n’y aura pas non plus de Pesage ni de Parade, mais il faudra faire sans exceptionnellement cette année.»
Quels ont été les impacts du Covid-19 sur votre équipe ?
« En mars, le monde a énormément changé, mais on s’est assez rapidement relevé. Nous n’avons pas perdu la moindre personne de notre staff, ce qui était la chose la plus importante pour nous. La continué et la régularité parmi nos membres d’équipe est primordial. Je sais que ce que je vais dire va sembler fou, mais il n’y a pas eu de négatif dans tout cela pour nous. Ce fut dévastateur pour le monde, pour la santé, l’économie, le business, mais les organisateurs de l’ELMS, du WEC, de la Michelin Le Mans Cup, de l’ACO ont réussi avec succès à naviguer parmi tout cela. Cela a permis de sauver notre business, car qui dit plus de course, dit aussi plus de business et cela aurait catastrophique. Pas mal d’équipes n’auraient pas survécu. Nous devons être reconnaissants d’être présent, maintenant, à Spa, et en Europe qui se trouve dans de meilleures conditions sanitaires que certains autres endroits dans le monde. Je pense que cette situation liée au Covid 19 nous a rendus meilleurs, plus forts. Nous sommes une équipe bien occupée, nous roulons dans pas mal de championnats. Cela veut dire que pour pas mal de choses, vous n’avez jamais assez de temps. Là, la situation nous a permis de rentrer plus profondément dans les choses que nous souhaitions faire. Donc, d’une curieuse manière, cela nous a aidés à faire cela et cela a eu un aspect positif pour notre équipe »
Etes-vous inquiet des nouvelles restrictions de voyage imposées par le Royaume Uni ?
« Bien sûr, c’est un souci. En sport automobile, il y a toujours des gens en mesure de trouver des solutions aux problèmes. Comme je l’ai précisé, notre business est ici, sur les circuits, c’est notre monde professionnel. Sans ces événements, pas de sport professionnel, pas de business. Par exemple chez nous, 60 personnes sont concernées par ces règles, mais comme je les comprends, elles ne sont pas faites pour « tuer » le travail des gens. C’est pourquoi nous avons un grand soutien de notre fédération. Ils nous ont donné des lignes de conduite, des assurances sur le fait que notre sport professionnel est une exception par rapport à une quarantaine. Tant que nous respectons les protocoles mis en place, les distanciations, les gestes barrière mis en place ici dans cette région de Belgique, nous pouvons alors continuer de voyager librement dans la cadre de notre sport et de notre activité professionnelle. Nous avons de la chance d’avoir cette lettre d’exemption de la part de notre fédération.»
A suivre…