Richard Lietz sort d’une édition des 24 Heures du Mans difficiles où les nouvelles Porsche 911 RSR ont souffert. Avec son coéquipier en WEC, Gianmaria Bruni, les deux hommes occupent la 5e place du classement pilotes, trop loin pour décrocher le titre. L’Autrichien est aussi impliqué dans un programme ELMS avec Proton Competition et s’apprête à disputer les Total 24 Heures de Spa avec KCMG, course dont il est le tenant du titre.
Quel est votre ressenti après les 24 Heures du Mans où vous partagiez la 911 RSR #91 avec Gianmaria Bruni et Fred Makowiecki ? Une course difficile pour vous…
« Tout à fait, ce fut compliqué. Nous avons montré des belles choses au niveau performance sur un tour en qualifications (pole position à l’issue de l’Hyperpole, ndlr), mais ce fut plus décevant lors de la course. De plus, nous avons eu des soucis techniques (électriques, ndlr). L’équilibre de la voiture était bon, nous nous sommes battus, avons fait de notre mieux pour rester au contact des meilleurs, mais nous n’avions pas un rythme suffisant pour nous lutter avec les Ferrari et les Aston Martin. Nous terminons 5e des GTE Pro, c’est triste car la voiture est vraiment bien développée et quand on s’aligne sur une course comme celle-là, on s’attend à avoir une épreuve sans souci. »
Quel est votre regard sur votre saison FIA WEC ?
« Nous sommes déjà contents qu’avec la situation sanitaire actuelle les courses aient pu reprendre à Spa et au Mans. Certes, c’était triste de ne pas avoir de spectateur, mais une bonne chose d’avoir des épreuves ! Tout le monde peut faire son travail que ce soit les pilotes, les ingénieurs, les mécaniciens, c’est fantastique. C’est un gros effort de voyager à Bahreïn où aura lieu la finale au mois de novembre avec ces règles spécifiques et cette quarantaine. Mais il est important qu’il y ait quelque chose ! Si on stoppe tout, qu’on se dit que l’on attend que le virus s’en aille, on pourrait patienter un long moment. Donc c’est une bonne chose que les organisateurs mettent sur pied ces courses que ce soit en WEC, ELMS, IMSA ou GT World Challenge.
Pour répondre à votre question, nous avons eu des soucis avec la nouvelle voiture cette saison. Nous avons gagné la première manche à Silverstone ce qui était un bon début, mais avons souffert par la suite. Au Japon, nous avons longtemps roulé avec cinq cylindres seulement et à Austin nous nous sommes arrêtés en piste suite à des soucis électriques. C’est assez étrange car la voiture était très fiable pendant de nos essais et cela a principalement touché notre auto ! J’espère que nous en aurons une autre (sous entendu un châssis) l’année prochaine pour chasser le chat noir (rire). »
Qu’en est-il de votre saison ELMS sur la Porsche 911 RSR #93 de Proton Competition?
« C’est une belle saison et la courbe d’apprentissage de Michael est bonne et progressive. Je suis ici pour aider Felipe (Laser) et Michael (Fassbender) sur leur route vers Le Mans. Nous avons terminé 2e à Spa, mais malheureusement au 2e Castellet, nous n’avons pas pu prendre le départ. A Monza, nous terminons 5e. C’est un peu les montagnes russes cette saison avec des hauts et des bas, mais nous ne sommes pas aussi loin des meilleurs qu’il n’y paraît. On comprend mieux ce que Felipe et Michael ont besoin, de quel retour l’équipe a besoin pour rendre la voiture plus confortable pour eux. L’année prochaine, Michael connaitra la plupart des tracés, mais ce sera la nouvelle voiture, la RSR-19. Cependant, quand on fait une 2e, 3e, 4e année dans un championnat, les choses deviennent plus faciles et plus naturelles. »
Justement, comment évolue Michael Fassbender ?
« Très vite. Il a commencé à faire de la compétition il n’y a pas si longtemps. En 2019, il pilotait des voitures de sport et sauter directement dans une RSR est un grand pas en avant. Il est très motivé, apprend vite et son ultime objectif est de disputer les 24 Heures du Mans. Je suis très content qu’une star du cinéma comme lui montre de l’intérêt et de la passion pour notre sport. Il a refusé certains nouveaux films afin de respecter son calendrier de course, cela montre à quel point il aime le sport automobile. »
On arrive sur les 24 Heures de Spa ce week-end. Vous avez changé d’équipe passant de GPX Racing à KCMG mais toujours avec le même équipage (Kevin Estre et Michael Christensen). On imagine que vous avez de grandes ambitions pour cette épreuve…
« Spa est difficile à imaginer. Il y a à nouveau plus de 50 GT3 au départ, la course se dispute tard dans la saison et cela pourrait être encore plus dingue que d’habitude au niveau de la météo donc il n’est pas facile de se projeter. Je suis très heureux de retrouver mes deux coéquipiers de l’an dernier, on s’était bien amusé en 2019. GPX Racing est une équipe incroyable, nous sommes arrivés comme cela, on a gagné, c’était vraiment quelque chose de spécial.
Cette année, il a très vite été clair que nous ne roulerions pas avec GPX car ils engagent deux voitures et ont déjà leurs pilotes. Je suis donc très content que KCMG arrive, engage une voiture pour nous. Mais comme je l’ai dit, c’est trop difficile de dire quelles sont nos attentes. Je sais que si tout se déroule comme sur le papier, que nous n’avons pas de souci particulier, nous serons en mesure de nous battre pour une place finale dans les cinq premiers. Mais on doit faire le job avant (rire) ! »
Vous l’avez évoqué. Spa est en octobre, qu’est ce qui va changer ?
« Je pense que cela concernera principalement les températures. En ce moment, à mon avis, à Spa, on peut avoir des nuits autour de 1°. C’est toujours difficile d’y piloter et les pilotes veulent y rouler même quand les conditions ne sont pas bonnes. On l’a vu l’an dernier avec un drapeau rouge tardif. J’espère que l’on pourra rouler 24 heures et aussi de nuit. On verra aussi s’il pleut, il faudra garder les pneus à température et je pense que c’est le plus gros défi qui nous attend ! »
Dans quel championnat allez-vous évoluer en 2021 ?
« Porsche a changé un peu sa philosophie et il est difficile à l’heure actuelle d’avoir une vision claire pour nous les pilotes sur ce que va faire précisément la marque et sur ce qui se passe en ce moment. J’espère juste pouvoir piloter l’année prochaine (rire) ! »
Un autre pilote officiel Porsche, Patrick Pilet, a disputé les 24 Heures du Mans avec un prototype, se comportant très bien. Est-ce que ce genre d’expérience pourrait vous intéresser également ou vous voulez rester focaliser sur le GT ?
« J’adore piloter et que ce soit du GTE, GT3 ou du LMP m’importe peu. Le plus important pour moi est de me trouver dans une équipe compétitive, avec de bons coéquipiers, être en mesure de gagner des courses ou un championnat. Patrick a reçu un appel à la dernière minute pour rouler en LMP2. Je suis ravi pour lui, de ses bonnes performances, mais je m’y attendais. Au final, vous devez piloter la voiture à la limite, être rapide dans les virages, freiner tard et une GT ou une LMP n’a pas d’importance. Dans le passé, les Porsche RSR n’ont pas toujours été faciles à emmener. Une LMP2 est plus développée comme une vraie voiture de course alors qu’en GT, vous prenez une voiture de route que vous modifiez en version course, c’est une philosophie différente. Plus c’est une voiture naturellement née “compétition”, plus elle est facile à manœuvrer. C’est ce que l’on a vu à travers la performance parfaite de Patrick aux 24 Heures du Mans. Comme je l’ai dit, je suis heureux pour lui, mais pas surpris car c’est ce que j’attendais de lui. »