2018 a marqué le retour de Romain Dumas sur un programme complet en GT avec la Blancpain GT Series Endurance et l’Intercontinental GT Challenge chez Manthey Racing en compagnie de Fred Makowiecki et Dirk Werner. Le Champion du Monde d’Endurance de la FIA 2016, double vainqueur des 24 Heures de Spa mais aussi des 24 Heures du Mans, n’a pas été verni pour son come-back avec, comme meilleur résultat, une 4e place à Laguna Seca. Heureusement pour l’Alésien, Pikes Peak avec Volkswagen et les courses longues IMSA avec CORE autosport lui ont apporté plus de plaisir en piste. Entretien avec le plus éclectique des pilotes.
Que retenez-vous de votre retour en GT ?
“Cela fait très longtemps que je n’avais plus disputé une saison complète en GT. La saison n’a pas été simple car le team débutait dans un nouveau championnat où il a fallu prendre ses marques. La Blancpain GT Series Endurance, comme l’Intercontinental GT Challenge, demande de l’expérience et ce n’est pas pour rien que ceux qui sont à l’avant connaissent parfaitement les subtilités. Porsche reviendra encore plus fort en 2019.”
Disputer les courses longues aux Etats-Unis en LMP2 vous a ravi ?
“Je me suis régalé, nous avons pu jouer la victoire à chaque fois. Les courses américaines ont effacé la douleur GT. Toute l’équipe CORE autosport a vraiment fait du super travail. Rouler aux Etats-Unis est toujours quelque chose de spécial, c’est même ce qu’il y a de mieux. A Watkins Glen, on ne gagne pas, mais je dépasse sept pilotes en sept tours. Les gens sont toujours très ouverts, tout le monde se connaît et le paddock est très amical.”
Quels sont vos plans pour 2019 ?
“Possible que ce soit un copier-coller de 2018, mais rien n’est confirmé à ce jour. J’ai envie de m’amuser. Est-ce qu’il y aura Pikes Peak avec Volkswagen ? Disputer à nouveau les 24 Heures du Nürburgring fait aussi partie des plans.”
Comment voyez-vous l’avenir de la catégorie reine en Endurance ?
“Je n’ai pas dévié de ce que je disais en 2016. Selon moi, le DPi reste la formule idéale. Les chronos sont bons et cela coûte moins cher que de faire rouler une LMP1. C’est logique pour un constructeur de revenir à un look qui rappelle une voiture de série. Aller vers l’Hypercar est bien, mais est-ce que 20 millions d’euros pour deux autos sera suffisant ? En 1998, je pense qu’on était déjà au-dessus de cette somme.”
Aller vers l’hydrogène est une bonne idée ?
“L’hydrogène me semble clairement être le futur. Un constructeur pourra s’y retrouver en termes d’investissement. La catégorie LMP2 fonctionne car un privé peut exploiter l’auto. Depuis l’arrivée du diesel, les privés ont disparu de la catégorie reine. Il faudra que les privés puissent acheter une auto fonctionnant à l’hydrogène. L’hydrogène va inventer quelque chose, ce qui n’était pas le cas de l’hybride. Toyota avait déjà une Prius dans sa gamme avant l’arrivée de la technologie en compétition. Dès qu’on peut promouvoir quelque chose de nouveau, on ne parlera plus d’argent.”
Vous êtes nostalgique ?
“Je dispute les 24 Heures du Mans sans interruption depuis 2001. La première année, Audi luttait face à Cadillac et Bentley. La catégorie LMP2 a nettement évolué depuis le début des années 2000 et le GTE est constant. Il y avait déjà des grosses GT et cette catégorie se porte bien depuis 20 ans. Pour le reste, c’est plus compliqué… Il faut regarder le passé pour en tirer des enseignements. Si on prend les 24 Heures de Daytona, la dernière crise remonte à bien longtemps. Au début des années 2000, il y avait déjà une dizaine de prototypes avec des constructeurs en DP. Le spectacle était plus privilégié que la performance. Les dix secondes gagnées au Mans avec la technologie intéressent qui ? On a oublié qu’une Lola Aston Martin LMP1 tournait en 3.35 mn.”
Le spectacle doit être privilégié ?
“Les fans veulent du spectacle, mais pour qu’il y ait du monde, il faut un coût relativement bas. Il faut garder une somme raisonnable pour que les acteurs puissent faire le show. On peut tourner le problème dans tous les sens, il faut un coût bas. Je ne dis pas que c’était mieux avant, je dis juste qu’il faut regarder ce qui a été fait dans le passé, pas deux ans en arrière, mais trente ! La mode est cyclique. Les Ray-Ban et les Converse sont encore là. La preuve, j’ai une paire de Converse aux pieds…”