Il est le touche-à-tout du sport automobile et il passe peu de temps à la maison. La situation actuelle fait que Romain Dumas est chez lui depuis maintenant un mois. Mais que peut bien faire Romain Dumas à domicile ? Endurance-Info a pris des nouvelles du pilote officiel Porsche dont la dernière apparition sur un circuit remonte aux essais GT World Challenge Europe Powered by AWS au Paul Ricard chez GPX Racing à la mi-mars.
Comment se passe ce confinement ?
“Il dure depuis un mois et trois jours (rires). Pour être honnête, je ne vois pas le temps passer. Je travaille le matin pour mon équipe de course qui continue de fonctionner à l’atelier. On a trois autos en chantier, dont une Porsche Gr4 à terminer. Le souci est qu’on attend des pièces moteur qu’on n’a pas. On ne peut pas se comparer à une grosse structure GT, mais cette période permet aussi de réfléchir aux projets futurs.”
Et la vie de famille ?
“Je fais le prof de maths pour mon fils, on progresse bien sur le sujet. Cela fait 18 ans que je suis avec ma compagne et je n’ai jamais passé plus de 20 jours de suite en sa compagnie. Elle est en télétravail, donc chacun gère son travail de son côté. Je n’ai pas l’habitude d’avoir une vie si calme, mais finalement, c’est la vie de beaucoup de gens. Pour une fois, je me réveille chez moi chaque matin et pas dans une chambre d’hôtel. En Suisse, le confinement est différent de la France car il est possible de sortir pour faire du sport, ce qui me permet de courir dans un périmètre donné. J’enregistre chaque sortie depuis 2014 et je viens de battre mon record. Pour le reste, je passe toujours autant de temps au téléphone. Il y a des choses bien plus graves avec des morts et une crise qui s’annonce”
Vous êtes confiant sur l’avenir du sport auto ?
“Il est clair qu’il y aura un manque à gagner sur les mois d’inactivité. Ensuite, il va falloir surveiller la bourse car si elle remonte, cela aura pour conséquence de limiter les effets. Fin 2008, pas mal de gentlemen ont mis de côté la course automobile. J’ai lu récemment trois articles qui correspondent à ma pensée avec Hugues de Chaunac, Vincent Vosse et Giorgio Sanna. Le premier dit qu’il y a un avant et qu’il y aura un après, le deuxième qu’il faut rouler cette année et le troisième qui pense que le début se fera par les championnats nationaux.”
Le plus gros problème reste le voyage ?
“Je ne vois pas comment on va rouvrir les frontières tout de suite. Les courses internationales sont compliquées à organiser avec un paddock qui vient de différents pays. Repousser la date des 24 Heures du Mans est une bonne chose car il ne faut pas s’arrêter de vivre et aller de l’avant. Il faut savoir s’adapter. La question du huis clos se pose, mais certaines grandes courses vivent grâce au public et aux invités.”
Les compétitions risquent bien de s’enchaîner une fois la reprise effective…
“Cela ne sera pas sans poser de problème, notamment pour les commissaires qui ne sont pas divisibles. Trouver des circuits n’est pas simple, mais trouver des commissaires pour enchaîner les meetings risque de ne pas être évident. Entre le rallye et le circuit, beaucoup d’événements ont été reportés.”
Cette crise est un rappel à l’ordre sur les coûts toujours élevés ?
“Je ne demande que ça, mais je ne suis pas persuadé qu’un virus fasse que le sport auto coûtera moins d’argent à l’avenir. On a dit la même chose après la crise financière qui a fait des dégâts. Dans la foulée, Audi a fait rouler trois autos et Peugeot quatre. Il faut regarder dans le passé pour voir le futur. Dans le cas précis de 2020, la crise peut ralentir les choses car une équipe privée est différente d’un constructeur. Les teams privés qui ne vivent qu’avec l’argent d’un seul mécène vont avoir du mal. Si je prends le cas de mon équipe, on a perdu des locations pour deux rallyes et une auto pour Le Mans Classic. Actuellement, quand tu es pilote, il y a des choses plus graves que le sport auto.”