Si le soleil a bercé la manche d’ouverture du championnat VLN, en revanche le feu d’artifice tant attendu s’est rapidement transformé en pétard mouillé.
Ainsi, après avoir signé une splendide pole position avec la Porsche/Manthey de pointe, Patrick Pilet confiait au micro de radio Nürburgring: “C’est bien évidemment toujours un plaisir que d’évoluer sur ce que je considère, de loin, comme mon circuit préféré. Nous avons montré le plein potentiel de notre monture. Ce n’est pas la philosophie de Porsche de cacher son jeu et tous les concurrents devraient se montrer honnêtes et en faire de même.”
A voir les Mercedes-AMG GT3/Black Falcon et les BMW M6 GT3/ROWE Racing réaliser leurs meilleurs tours en course en 8.16, soit à …12 secondes (!) de celui de la Porsche victorieuse, force est de constater que ce fut loin d’être le cas!
Doit on blâmer BMW pour la cause? Certainement pas! Souvenons nous que, l’an dernier, les Bavaroises avaient signé un retentissant triplé lors de la 3e joute de la compétition (alors que bon nombre de leurs adversaires en avaient gardé sous le pied) avant de voir le “législateur” réduire leur pression de turbo pour l’évènement phare de la saison.
Par ailleurs, comme l’explique le team manager du Rowe Racing, Hans-Peter Naundorf, le but lors de ce premier round n’était pas de décrocher un résultat mais bien de préparer les mythiques 24 Heures: “Pour nous cette course fut tout à fait correct. Nous avons testé beaucoup de choses car nous devons nous habituer à de nouveaux règlements ainsi que de nouveaux pneus. Etant donné que nous voulions boucler notre programme, nous avions prévu de ne prendre aucun risque, vu la densité du trafic, afin d’aligner un maximum de tours possibles.” Mission accomplie donc mais grosse frustration du côté des spectateurs qui, sur ce coup là, peuvent s’estimer lésés.
La BOP a une nouvelle fois démontré ses limites. Il est difficile d’expliquer à un spectateur non averti que des pilotes ralentissent sciemment afin de ne pas être pénalisé en vue de l’évènement majeur de la saison et/ou de pouvoir aborder celui-ci avec quelques “largesses” par rapport à la concurrence. A force de vouloir tout équilibrer tant au niveau des performances des voitures que des ravitaillements on dénature la beauté du sport et son esprit. Le GT3 est désormais devenu la “vache à lait” des constructeurs, lesquels cadenassent le marché au détriment des” petits” artisans. Voici une dizaine d’année, des préparateurs tels Jürgen Alzen, Mamerow, Land, Konrad et bien évidemment Manthey développaient à leur façon différentes déclinaisons de Porsche tandis que Scheid, Getrag, Düller et Dörr en faisaient de même avec les BMW. Si la diversité des marques engagées était bien évidemment moindres qu’elle ne l’est de nos jours, en revanche celle des modèles était bien présente. Les coûts de fonctionnement nettement moins conséquents, la politique absente et le spectacle était tout sauf déplaisant. Depuis lors, bon nombre de ces préparateurs qui constituaient naguère l’ossature du championnat ont disparu de la circulation ou se “contentent” d’aligner des montures plus modestes comme par exemple le Scheid Motorsport, qui fait évoluer, avec succès, une petite BMW M235i Racing Cup. Depuis l’avènement du GT3 il n’y a désormais plus de place pour l’artisanat qui faisait le charme du sport automobile, ce que l’on peut regretter.
Soit, revenons en à la course et louons les prestations des équipages Dumas-Makowiecki-Pilet (Porsche 911 GT3-R/Manthey) et Ragginger-Bergmeister-Vanthoor (Porsche 911 GT3-R/Falken Motorsports) lesquels nous ont gratifié d’un spectacle de très haut vol.
On vous avait annoncé que la “french connection” ne venait pas dans l’Eifel pour manger des frites et boire de la bière et il ne nous ont pas fait mentir en remportant une brillante victoire.
Une victoire que Laurens Vanthoor souhaitait vivement apporter au Falken Motorsport mais un excès d’optimisme l’en a empêché.
De cette partie de poker menteur nous retiendrons essentiellement l’excellent comportement des Bentley Continental que nous avions rarement vu aussi à l’aise sur la Nordschleife. Le trio Jöns-Brück-Pepper hissant la première d’entre elles sur la deuxième marche du podium et ce devant une meute d’Audi R8 LMS emmenée par la Land Motorsport de Mies-De phillippi-Winkelhock. Des Audi qui nous semblaient plutôt bien en jambes mais que l’on souhaiterait, à l’instar des BMW du Team Schnitzer, voir le plus rapidement possible parées de leurs peintures de guerre car le noir carbone c’est plutôt tristounet.
Vu qu’elles ont signé des chronos bien en deçà de leurs possibilités, il est bien évidemment impossible d’émettre un jugement sur le potentiel des Mercedes-AMG GT3 et des BMW M6 GT3.
En revanche la SCG du Traum Motorsport semble en progrès, le quatuor Mutsch-Westphal-Mailleux-Simonsen ayant décroché une méritoire 11e position.
Pour conclure, précisons que cette première joute fut marquée par les violentes sorties de route de la BMW M6 GT3/Schnitzer de Farfus-Da Costa-Scheider-Tomczyck (accrochage avec une BMW M235i) et de la Ferrari 488 GT3/WTM de Weiss-Kainz-Krumbach, fort heureusement sans conséquence pour les pilotes.
Prochaine manche prévue le 8 avril en espérant que l’ensemble des protagonistes daignent se livrer à fond…
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