Scott Atherton va tirer sa révérence à l’issue du Petit Le Mans. Le patron de l’IMSA a connu une carrière bien remplie allant du poste de chauffeur d’une voiture de Domino’s Pizza à la tête de l’American Le Mans Series. Retour sur la carrière de Scott Atherton avec un entretien effectué en 2015, part 1…
Comment en êtes-vous arrivé à vous passionner pour les voitures ?
« J’avais une sœur plus âgée dont le petit ami conduisait une Corvette rouge de 1963. La première fois qu’il est arrivé dans l’allée avec cette voiture, les vitres ont tremblé. Je me suis dit : « mais qu’est ce que cela peut-être ? » Je devais avoir environ 5 ans et je me souviens avoir marché à grandes enjambées vers cette voiture en la regardant avec une certaine crainte. C’est ce qui a déclenché ma passion des voitures.
« Quant au sport automobile, ma première course était du Trans-Am sur le Seattle International Raceway en 1971 ou 1972. Mark Donohue, Parnelli Jones, George Follmer et consorts étaient le summum de l’implication des constructeurs de retour en Trans-Am. J’ai été subjugué. Il n’y avait aucun passé en sport automobile dans ma famille. Mon père n’a jamais couru mais il a toléré ma passion en disant « allons voir des courses ». A 10 ou 11 ans, j’ai eu cette première expérience de la course et cela m’a obsédé. Chaque morceau de papier sur mes cahiers avait un dessin de voiture. »
Avez-vous fait de la compétition ?
« J’ai fait de la course en motocross et voilà pourquoi j’ai une cicatrice sur le menton. C’était avant l’arrivée des casques intégraux. J’avais 13 ans quand je suis revenu avec la mâchoire cassée et des dents abîmées. C’était un mauvais résultat. Ma mère m’a demandé d’arrêter la moto et j’ai donc débuté en go-kart en roulant à un niveau élevé. Nous avions un ami de la famille qui courait le long de la côte ouest au plus haut niveau. Je roulais en compagnie de Dominic Dobson, Kathy Rude, etc… J’ai également roulé contre Scott Pruett à plusieurs reprises. Nous n’avions pas d’argent et pas de budget, si bien que ma famille n’a pas été en mesure de m’aider à poursuivre.
« J’ai travaillé dans divers domaines et à 18 ans, j’ai pu me payer une saison de Formule Ford. Nous avons roulé à Portland, Seattle, Westwood durant cette saison unique. Sans la moindre possibilité de continuer, je suis allé au collège avec l’idée d’obtenir un diplôme qui me permettrait de travailler dans l’industrie. J’étais résigné à ne pas devenir pilote professionnel. »
La décision a donc été prise de faire autre chose que du sport automobile ?
« Au collège, je travaillais pour un gars de Seattle qui roulait en Super Vee. Il a embauché Mike Hul en tant que team manager. Mike et moi avons disputé une saison de Super Vee. Mon père était ami avec le parrain de Tom Gloy. J’étais à mi-chemin de mes études au collège et je suis allé au Grand Prix de Long Beach en me présentant à Tom Gloy pour lui dire que j’étais prêt à travailler gratuitement. Je me souviens encore de sa réponse : « vous voulez travailler gratuitement ? Je ne peux pas vous le permettre. » Que dites-vous à cela ? Quelques semaines plus tard, j’étais à l’école et je reçois le message d’un professeur qui disait : « Scott Atherton : s’il vous plaît, venez me voir car j’ai un message important. »
« Je viens à l’avant de la classe et on me dit que je dois appeler mon domicile. C’était ma mère qui me disait que Tom Gloy venait d’appeler pour me donner une chance, mais il fallait que je déménage en Californie pour débuter la semaine suivante. J’ai donc quitté le collège pour travailler toute la saison en Formule Atlantic. Il m’a donné l’occasion de rencontrer toutes les personnes qui sont allées en CART. Contrairement à ce que mes parents pensaient, l’inverse est arrivé. Je passais ma saison en tant que truckie en réalisant que je voulais être le manager et non un simple membre d’équipe. Je suis donc retourné au collège en étant plus motivé que jamais pour obtenir un diplôme et progresser. J’ai donc décroché un diplôme de commerce en marketing et communications à l’Université de Washington. »
C’est comme cela que Domino’s Pizza est arrivé…
« Il y a avait deux grands sponsors en sport automobile avec Domino’s Pizza et Marlboro. Je ne fumais pas et ce n’était donc pas le meilleur moyen. Donc, je me suis dirigé vers Domino’s Pizza, tout simplement parce qu’ils étaient impliqués en sport automobile. Un ami d’un ami d’un ami sortait avec une fille qui travaillait pour Domino. Je lui ai écrit une lettre en lui disant que je voulais faire quelque chose, juste pour essayer d’être là. J’ai alors reçu un appel me proposant d’être chauffeur d’une voiture d’exposition. J’ai donc accepté car c’était le meilleur moyen de pouvoir entrer. Je suis donc parti de Seattle à Ann Arbor. Le premier événement était un show aux côtés de l’unité mobile Domino’s Pizza à Indy 500. Je pouvais rencontrer Doug Shierson et Al Unser Jr, et toutes les personnes impliquées.
« Nous étions à la course suivante à Milwaukee. Je conduisais et le téléphone du camion a sonné. Je n’avais encore jamais eu de téléphone cellulaire auparavant. Je prends le combiné et c’était Ron Hingst de Anthony M.Franco, l’agence de relations publiques de Domino’s. Ils avaient besoin de moi le lendemain matin à 9h pour une réunion à Ann Arbor. Je me suis retrouvé avec 20 ou 30 personnes dans une grande salle de conférence en compagnie de Joyce Julius et Bob Cotman. Les deux ont été licenciés pour des soucis. J’étais le seul dans la pièce avec la connaissance de l’IndyCar et deux heures plus tard, j’étais en charge du programme. En trente jours, je suis passé de chauffeur du camion à la gestion du programme IndyCar pour Domino’s.
« C’était en 1985 et le budget était de plusieurs millions de dollars. Le concours de circonstances a fait que je suis vite devenu ami intime de Doug Shierson avec la capacité de travailler avec les cadres supérieurs de Domino’s Pizza. Avoir ce niveau de responsabilité à 25 ans est quelque chose de formidable. J’ai fait cela durant 4 ans avec une croissance incroyable pour l’entreprise. Je n’avais pas d’autre endroit où aller.
« J’ai quitté le programme IndyCar et le marketing pour rejoindre le secteur des opérations de l’entreprise. Après 9 ans, j’étais l’un des cinq vice-présidents avec la responsabilité d’une région en rapportant directement à Tom Monaghan (co-fondateur de Domino’s). J’ai déménager de Seattle à Ann Arbor, Dallas, Sacramento, Seattle, Minneapolis pour revenir à Ann Arbor. »
Mais vous aviez tout de même cette passion pour le sport automobile…
« Un ami m’a appelé en me disant qu’il y avait un poste à pourvoir comme président/manager général à Laguna Seca. J’ai envoyé un CV et j’étais l’un des 750 postulants. Je suis passé par un processus incroyable qui a pris des mois à se concrétiser. On m’a donné l’occasion d’avoir ce rôle à Laguna Seca. J’ai accepté une réduction de salaire de 50% et déménagé ma jeune famille à Monterey. J’y ai vécu 5 ans incroyable et j’ai l’habitude de dire en plaisantant que la seule façon possible d’envisager la chose était que Roger Penske me demande de gérer l’un de ses circuits.
« Voilà comment c’est arrivé. Je suis devenu le président et directeur général du Nazerath Speedway avec l’idée de passer à Denver pour une nouvelle piste de Penske, mais cela ne s’est pas concrétisé. A la place, 18 mois plus tard, je suis retourné en Californie pour ouvrir le California Speedway. Penske Motorsports a été acheté plus tard par International Speedway Corporation, ce qui a eu un effet significatif sur l’activité.
« Peu de temps après, Ralph Sanchez m’a appelé en me demandant si j’avais entendu parler d’un gars nommé Don Panoz. Ralph m’a dit que j’étais le seul à qui il pouvait penser pour l’aider à sortir ses projets, y compris l’American Le Mans Series.
« Pour la première fois de ma carrière, l’occasion de faire partie d’un tel projet m’a paru intriguant. Je suis allé travailler avec Don en 1999 comme premier employé. Tout le monde était un travailleur indépendant. Le bureau était incroyablement vide. Il n’y avait pas d’infrastructure et pas de personnel. Voilà comment nous avons commencé. Sur les 13 années suivantes, j’ai travaillé main dans la main avec Don pour construire l’American Le Mans Series, Road Atlanta, Sebring, Mosport, l’IMSA, Van Diemen et Elan. Tout cela est incroyable.
« Alors bien sûr, il y a eu la réunion avec Jim France lors d’une réunion ACCUS en février 2012, ce qui a finalement abouti à mettre en place toute l’organisation actuelle. »
A suivre…