Suite de notre entretien avec Sébastien Blanzat, ingénieur data systéme chez ORECA. Dans cette dernière partie, il nous raconte son implication dans les diverses voitures produites par le constructeur varois…
Sébastien a pris part au développement de plusieurs ORECA. « Avant que le LMP3 ne naisse, j’étais sur les programmes LMP2 car, à cette époque, nous faisions les moteurs LMP2 sur les ORECA 03 et 05. J’assurais le support moteur avec d’autres collègues sur circuit. Alors qu’en 2013, j’étais sur une GT, j’ai découvert le proto chez ORECA. Il y a beaucoup de choses (gestion mécanique et électronique) et de systèmes qui sont différents. A l’époque, c’étaient déjà de belles autos en gestion et en performance, c’était le top. Cela m’a permis de faire les 24 Heures du Mans avec Murphy Prototypes. Nous avions un bel équipage (Nathanaël Berthon, Karun Chandhok, Rodolfo González, ndlr) et nous étions vraiment bien en consommation, mais nous avons abandonné dans la nuit.
Il y a ensuite eu la 05 qui a été un vrai boom, un vrai step, passant d’une voiture ouverte à une fermée. Quand nous sommes arrivés aux ateliers à Signes pour démarrer les moteurs, on a découvert la voiture, on était scotché. Elle était belle et semblait déjà performante. Nous avons tout de suite compris qu’ORECA avait retenu la leçon des 03, gommant tous les points faibles, gardant tous les points forts. Pour ma part, le système est devenu un peu plus complexe car il fallait gérer plus de paramètres. Le département châssis a fait une très bonne aéro car elle a gagné beaucoup de courses. La 05 a roulé deux fois aux 24 Heures du Mans, gagnant le LMP2 à chaque fois en 2015 et 2016 !
Pour finir, j’ai été plus impliqué avec la 07 dans la conception du système. Jérôme Rochard, responsable des systèmes électroniques à Signes, m’a alors pris sous son aile. J’ai pu participer et l’aider dans la conception du système de la voiture, le package Cosworth inhérent à toutes les LMP2 actuelles. J’ai travaillé majoritairement sur de la programmation interne de la voiture, la gestion de la boîte de vitesses, l’anti patinage et le paramétrage global du système : configuration volant, les diagnostiques et auto-diagnostiques qui permettent de ne pas arrêter la voiture sur le circuit. Le but est d’avoir une auto fiable et qu’on puisse planifier à l’avance, en cas de problème, comment on peut le gérer sans s’arrêter ou alors le moins de temps possible au stand. J’en profite pour remercier Jérôme car il m’a beaucoup appris ! »
Dans la continuité de l’ORECA 07, Sébastien est aussi de l’aventure avec la Rebellion R13. «Toujours grâce à Jérôme Rochard, j’ai travaillé sur le système qui est aussi du Cosworth. Il est un peu plus évolué avec des composants différents, mais la base reste la même. Cette LMP1 est en constante évolution. Même si on sait qu’elle s’arrêtera après les 24 Heures du Mans 2020, de grosses évolutions ont été faites, en particulier l’an dernier. Cela n’a plus rien à voir avec que nous avons fait au début. »
Sébastien va désormais vivre une nouvelle aventure car il s’apprête à quitter ORECA pour voler de ses propres ailes. «Je vais quitter la famille ORECA dans quelques jours et je peux vous dire que cela n’a pas été un choix facile à faire car il y avait une bonne cohésion au département moteur et châssis. Le proto a quand même été une grande partie de mon travail. J’ai décidé d’arrêter tout ce qui est support technique pour pouvoir intégrer une écurie. J’ai envie de vivre la course différemment. Je vais devenir ingénieur système et data. Je serai en support d’ingénieur de course, je gérerai tout ce qui est data et télémétrie. Ma première course, en indépendant, devait être les 12 Heures de Sebring puisque j’ai un programme en IMSA. Je suis aussi en discussions avec des équipes pour faire de l’ELMS. »
Pour contacter Sébastien Blanzat : sblanzat@gmail.com