Non, Endurance-Info n’a pas décidé de se mettre au rallye-raid même si la discipline reste de l’Endurance. C’est pourquoi nous avons jugé bon de vous livrer la dernière chronique de Sébastien Loeb publiée sur le site Red Bull (lien), partenaire de longue date du nonuple Champion du Monde des Rallyes. Le pilote du 3008 DKR aux couleurs Bardhal a tenu une chronique sur son expérience au Pérou. L’épisode 7 vaut le détour car c’est une chronique comme on les aime. Elle vient du coeur et elle n’est pas formatée marketing. Sébastien Loeb est revenu sur son amitié indéfectible à Daniel Elena. On ne peut aussi que vous conseiller de suivre Daniel Elena sur Twitter (lien).
« On est sur un bon rythme depuis le départ de Lima, on va essayer de continuer jusqu’au bout. Je ne sais pas où ça nous mènera. Nasser Al-Attiyah est quand même loin devant. Pour l’instant, on reste en lice pour la deuxième place. Comme on l’a déjà fait une fois (en 2017), ce ne sera pas un gros exploit, mais ce serait toujours mieux que rien.
Donc, oui, on vise encore la victoire, mais ça ne dépend pas que de nous… Attaquons déjà à fond jusqu’au dernier mètre. Je sais que Daniel râle pas mal parce qu’il est balloté dans tous les sens. Mais bon, je ne vais pas rouler doucement parce qu’il a de l’embonpoint. Il n’a qu’à faire du sport !
C’est vrai, je le charrie, on est un vieux couple ! Ça fait plus de vingt ans que l’on partage beaucoup de temps ensemble. Je le revois encore dormir sur le canapé de ma mère, dans le petit pavillon familial en Alsace, où il séjournait lors de notre toute première saison de rallye, histoire de limiter les coûts. Le chat de ma mère venait se coucher sur sa tête ! »
Au début de ma carrière pro, on a essayé de m’imposer un autre copilote, plus expérimenté, moins fantasque. Je n’ai jamais voulu. Bien sûr, il a fait quelques conneries, moi aussi, on a progressé ensemble.
Et quand j’ai décidé de me lancer en rallye-raid, voilà quatre ans avec Peugeot, la raison aurait voulu que je prenne un coéquipier qui a l’expérience du désert et de la navigation. Mais là aussi, j’ai préféré garder mon ‘’gros’’ ! On a tout fait ensemble, l’histoire est quand même plus sympa comme ça !
Jusqu’à maintenant, sur cette édition, il a fait du bon boulot. On est bien calé dans la voiture. Là, par exemple, on a encore dû changer une roue crevée. A force, on est rodé : chacun connaît son rôle. On est bien coordonné. Je n’ai pas chronométré le temps qu’il nous faut, mais on doit tourner autour des trois minutes, ce qui n’est vraiment pas beaucoup, sachant qu’une roue pèse cinquante kilos.
En dehors de la voiture, je le connais par cœur, mon Daniel. Il est râleur, bougon, il a plein de petites manies et de superstitions. Là, il a fallu le convaincre à deux reprises de ne pas rentrer chez lui. La première fois, quand les commissaires de course nous ont annoncé qu’ils ne nous recréditeraient pas le temps perdu à cause d’une fausse indication sur le road-book, ça a été chaud. Il a fallu s’y mettre à plusieurs pour qu’il accepte de remonter dans la voiture. Parce qu’en plus de tous ses défauts, il est aussi têtu qu’une mule !
Là, ça fait plus de dix jours que l’on passe nos journées et nos nuits côte à côte, même si j’ai pris un peu de champ depuis que le deuxième camping-car de l’équipe s’est libéré. C’est un peu plus confortable : je peux aller me coucher et il peut continuer à bosser sur son road-book. Mais il n’est jamais très loin !
D’habitude, quand on rentre d’une épreuve, on a quelques jours de « séparation » pour reprendre le fil de nos vies. Mais là, non… Jeudi soir, dès la fin du podium à Lima, on prend l’avion pour rentrer à la maison. Juste le temps de changer d’affaires et on se retrouve dimanche pour la première séance d’essais avec Hyundai en WRC. Et puis tout va s’enchaîner : les reconnaissances du parcours, puis le rallye Monte-Carlo. Je vois sa tête depuis le 3 janvier. Je vais la voir jusqu’au 27 janvier. Il faut le vouloir… »