Sébastien Metz n’a pas la casquette de team manager mais bien celle de directeur commercial du motorsport chez Multimatic. Dans une autre vie, on l’a vu chez Ligier Automotive, Marc VDS Racing Team et Team Goh. Le Français, que beaucoup croient Belge, était déjà de l’aventure Audi Sport Japan Team Goh, l’année de la victoire en 2004. De quoi revenir avec lui sur ses débuts au Mans et l’anecdote du four micro-ondes pour chauffer les pneumatiques durant la course.
Les 24 Heures du Mans ont tout de suite été un objectif pour vous ?
“Je dois beaucoup cela à une histoire belge. J’étais en stage chez Franz Dubois, l’un des initiateurs de la Fun Cup avec J.G Mal-Voy et Pascal Witmeur. Je voulais travailler dans le monde du sport auto, j’ai donc fait le tour des équipes et je suis arrivé chez Franz Dubois. J’ai débuté dès le lendemain pour travailler sur les Fun Cup et l’Audi Silhouette. J.G Mal-Voy m’a pris par la main pour me présenter à Audi Sport. C’est comme cela que je suis devenu le premier stagiaire français chez Audi Sport. C’était déjà un rêve pour moi d’être là. Sur un circuit, j’ai été amené à rencontrer Torsten Robbens qui était le team manager chez Goh en 2003. On a discuté et je lui ai dit que l’un de mes rêves était de faire Le Mans en prototype. Comme dans un rêve, les portes se sont ouvertes les unes après les autres.”
Vous avez débuté au Mans dès 2003 ?
“Je suis venu au Mans en 2003 uniquement pour suivre la course et l’équipe sans aucun rôle actif. La première fois que je suis rentré dans le paddock du Mans, c’était chez Team Goh. Quelle apothéose ! Team Goh était une grande équipes privée avec un côté international. Même sans travailler, c’était quelque chose de phénoménal. Torsten m’a alors recontacté en me disant qu’être français pouvait être un avantage, notamment pour dialoguer avec les techniciens de Michelin. J’ai donc fait les 1000 km du Mans en 2003 chez Goh où je m’occupais des pneus. On a gagné la course sous l’eau avec Tom (Kristensen) et Seiji (Ara). Il y a eu ensuite le championnat Le Mans Endurance Series 2004 et Le Mans avec Tom, Seiji et Dindo (Capello).”
Débuter au Mans par une victoire, ça doit marquer…
“L’organisation était parfaitement rodée. Je me souviens qu’on avait des grands micro-ondes pour chauffer les pneus avec une machine par pneu. En deux minutes, on pouvait chauffer un pneu entre 90 et 95°C. Cette année-là, il y avait tellement d’accidents en fin de nuit avec beaucoup de crevaisons, dont trois ou quatre pour nous. On a pu chauffer rapidement les pneumatiques. A cette époque, il y avait une dizaine de spécifications avec une vraie guerre des gommes. On a connu un début d’incendie et quelques bacs. La course a été riche sur le plan des émotions.”
La fête a été bonne ?
“Pas vraiment car j’ai terminé à l’hôpital. Après le podium, j’ai voulu retourner chez Michelin et je me suis fait happé par une golfette électrique. Je suis retombé derrière la golfette. Résultat : civière, ambulance, hôpital. Je me suis retrouvé au Centre Hospitalier du Mans en compagnie de Danois qui avaient un trop arrosé la victoire de Tom. Ce qui m’a surpris, c’est que le personnel de l’hôpital ne pensait pas qu’on pouvait suivre la voiture 24/24 durant la course. J’ai rejoint le circuit dans la soirée mais tout était terminé. Manquer les célébrations m’a marqué.”
Vous êtes revenu chaque année par la suite ?
“En spectateur ou pour travailler, j’ai suivi toutes les éditions sur place avec un retour chez Goh en 2009 avec la Porsche RS Spyder. Mr Goh souhaitait avoir la même équipe qu’en 2004 où il avait demandé à Audi d’avoir des personnes qui travaillaient chez eux. Il y avait une vraie volonté de refaire le même parcours. On avait Kunimoto, Maassen et Ara. La course s’est terminée par un accident à quelques encablures de l’arrivée à cause d’une plaque d’huile sur la piste. On se battait pour la victoire de catégorie LMP2. En 2004, la communication n’était pas simple dans l’équipe, mais cinq ans plus tard, tout allait mieux. L’écurie était à dimension humaine. Je n’ai jamais retrouvé une telle rigueur. On pouvait changer tout le bloc arrière de la R8. Il y avait une compétition entre les équipes Audi et on a fini par être plus rapide que l’écurie officielle. L’équipe a remporté le Prix ESCRA en 2009 (meilleure assistance technique, ndlr).
“Chez Goh, tout était calculé. On faisait rouler les pilotes avec des slicks sous la pluie et des ‘wet’ sur le sec, tout ça pour voir la dégradation et que les pilotes s’habituent. En 2009, le team avait préparé des boîtes avec toutes les pièces et les outils pour pallier à chaque problème. Il y avait un tas de boîtes dans le fond du stand. J’avais rarement vu cela…”