Simon Pagenaud est l’homme fort de deux championnats dans lesquels il évolue : l’IndyCar Series avec Penske Racing et l’IMSA avec Acura Team Penske. Le Français vient d’enchaîner la première manche en monoplace et les 12 Heures de Sebring le week-end dernier. Nous l’avons rencontré juste après la pole position de son coéquipier Dane Cameron (Acura ARX-05 #6) pour faire le point avec lui !
Sur quoi avez-vous travaillé cet hiver sur l’Acura ARX-05 ?
« Il n’y a pas eu beaucoup de modifications à cause du règlement. Cela a concerné les pneus dans un premier temps, c’est à dire comprendre l’amortissement avec les pneus et comment les exploiter au maximum. Acura, de son coté, a travaillé sur le moteur, la fiabilité et tout ce qui est à coté de l’antipatinage et du turbo. Nous avons bien progressé en dépit d’une BOP qui est là pour réglementer tout le monde. Notre travail est constant, il ne s’arrête jamais. Par contre, il n’y a pas d’évolutions aéro car nous sommes dans un règlement assez strict. »
A Daytona, ce fut un peu compliqué de voir les progrès (8e au classement général, 6e en DPi)…
«Nous étions bien là-bas, nous avons été en tête une bonne partie de la course mais malheureusement, vers 8 ou 9 heures du matin, nous avons eu un souci électronique. Nous avons dû changer la pièce ce qui nous a obligé à enlever le fond plat. Nous avons perdu beaucoup de temps et cela nous a empêché de nous battre pour la victoire. C’est dommage, la voiture était très bien sous la pluie. »
Comment se sont passées vos 12 Heures de Sebring ce week-end ?
“Nous avons été surpris de faire la pole position à Sebring, car nous avons été un peu pénalisés par la BOP après Daytona alors que les Cadillac sont restées au même niveau de performance. En tout cas, Dane (Cameron) a fait un superbe tour pour signer le meilleur chrono. En course, le set-up de la voiture ne convenait pas aux conditions pluvieuses que nous avons eues en début de course. Nous n’avons pas été assez compétitifs. De plus, nous avons eu des soucis électriques qui nous ont fait perdre des tours, il a même fallu changer le volant. Quand la piste a séché, nous étions bien mieux (la voiture a aussi été pénalisée our vitesse excessive dans les stands, ndlr). Ce n’est pas la course que nous souhaitons faire et nous essayerons de faire mieux lors de la prochaine manche (le trio termine 9e de la course, ndlr). »
C’était un meeting commun WEC / IMSA. Qu’en avez vous pensez ?
« Vu le public et l’engouement, je ne peux pas dire autre chose que : c’est génial ! Je n’avais jamais vu Sebring aussi plein de l’entrée jusqu’au fond du circuit. C’est signe que l’endurance est en bonne santé, que les américains aiment cette discipline et qu’ils s’intéressent au championnat du monde d’Endurance comme ils peuvent s’intéresser à leur championnat américain. »
Que vous inspire l’Hypercar ?
« C’est compliqué et je n’aimerais pas être à la place des gens qui font les règlements, ça ne doit vraiment pas être simple. Les voitures qui m’ont plus marqué en Endurance sont les Mercedes CLR et les Porsche 911 GT1. J’ai d’ailleurs eu la chance de pouvoir assister à une séance d’essais privés de la Porsche au Val de Vienne quand j’étais enfant. Cela m’avait marqué, ces voitures étaient exceptionnelles et on pouvait les acheter. Je pense que de les voir sur la route, de les acheter rend l’auto encore plus humaine. Cela permet aux gens de rêver ! Une voiture de course, on a toujours envie de la conduire sur la route, c’est le rêve de tout gamin ! Je trouve que l’idée est très bonne. Si on pouvait voir l’Aston Martin, la Ferrari et la Ford GT se battre dans une même catégorie, en ajoutant aussi la Porsche 918 par exemple, et de l’autre, laisser les Corvette, les Porsche 911 RSR et l’Acura NSX se battre entre elles, ce serait une bonne démarche. »
Quand vous reverra-t-on aux 24 Heures du Mans ?
« J’adorerais ! Ce week-end, je suis allé voir la Toyota TS050 Hybrid passer en mode électrique dans les stands, ça m’a fait rêver. Je suis quelqu’un qui adore la technologie. De plus, j’ai des souvenirs au Mans avec Peugeot qui sont sensationnels, donc oui, j’ai envie de revenir un jour pour la victoire car j’en suis passé si près. Cependant, mon emploi du temps est difficile, ma priorité reste mon programme IndyCar Series et de gagner les 500 Miles d’Indianapolis. C’est compliqué d’évoluer à un tel niveau et de diviser son attention sur plusieurs choses. Avec le règlement Hypercar, si des constructeurs s’y intéressent et cherchent des pilotes, il est clair que ça m’intéressera. »
Vous avez un autre gros programme. L’IndyCar Series, toujours avec Penske Racing. Comment s’est déroulée la première manche à Saint Petersburg ?
« Bien ! Il y a eu des concours de circonstances lors des essais qualificatifs qui ont fait que je suis parti 13e sur la grille (Simon était dans son tour de qualification lorsqu’un drapeau rouge a été déployé, ndlr). Quand on a ce niveau de compétition, que l’on se bat pour 5 centièmes, en partant 13e, on ne peut pas gagner la course. Ma voiture était excellente, je fais le 2e meilleur temps en course, je suis vraiment satisfait ! »
Quel est l’objectif de l’année ? Redevenir champion IndyCar Series ou remporter les 500 Miles d’Indianapolis ? Les deux ?
« Ma voiture est géniale, je suis nickel physiquement, je suis au top mentalement, je peux espérer une belle saison à venir. Mon objectif officiel est de gagner le championnat, je ne suis pas là pour être 2e ou 3e. En plus de cela, en tant que sportif, mon but est d’exceller dans ce que je fais, de donner le meilleur de moi-même dans chaque situation. Cela passe des bons week-ends de course comme j’ai pu le faire à Saint Petersburg. Même si cela ne traduit pas par un grand résultat (il a terminé 7e, ndlr), je suis très content de mon premier meeting. Je pense que si je continuer comme cela, les résultats viendront avec ! »
Le point commun entre votre programme IndyCar Series et celui en IMSA est de travailler avec Roger Penske et ce, depuis plusieurs années. Comment est-il ?
« C’est une légende, légende qui continue de grandir ! C’est un honneur pour moi d’être dans son équipe. La veille de partir pour la manche d’IndyCar, il m’a appelé pour savoir comment j’allais, si j’étais prêt et ce dont j’avais besoin. Je lui ai dit que j’avais tout ce qu’il fallait. Penske, c’est une grosse équipe, une sorte de gros bateau à tourner quand on a pris son élan. On n’est peut être pas aussi réactif que les petites équipes, mais quand on met les choses en place, c’est un vrai “bulldozer”. Roger Penske est quelqu’un de très exigeant avec les autres comme il l’est avec lui-même. Il attend beaucoup de son équipe, de ses pilotes, mais cette exigence marche, c’est ce qui fait le succès ! »
Maintenant, Simon Pagenaud va directement enchaîner avec la deuxième manche de la saison d’IndyCar Series à Austin (Texas), sur le Circuit des Amériques, le 24 mars.