Après l’exploit réalisé aux 24 Heures du Mans 2016, Frédéric Sausset a lancé un nouveau projet : la Filière Frédéric Sausset, Un Volant pour Tous. Il a pour but de faire rouler des pilotes handicapés aux 24 Heures du Mans 2020. Les trois hommes sélectionnés sont Takuma Aoki (ancien champion de moto japonais de niveau mondial), Nigel Bailly (pilote belge qui roule en Belgian Gentlemen Drivers Cup) et Snoussi Ben Moussa (pilote français et moniteur de pilotage qui a notamment participé aux 24 Heures Karting). Ce dernier est amputé de la main gauche. Entretien avec l’intéressé…
Comment s’est passée votre saison en VdeV 2018 ?
« Très bien même s’il faut préciser que nous débutons. Nous sommes vraiment là, avec toute l’équipe pour apprendre. Nous essayons au fur et à mesure de comprendre le comportement de la voiture. Nous avons aussi découvert chaque circuit de la saison, ce qui a été compliqué. Notre but était de nous rapprocher le plus possible des autres pilotes et de faire des podiums. En tout cas, l’année s’est vraiment bien passée ! »
Vous avez pas mal piloté en karting. Comment s’est passée la transition avec une LMP3 ?
« Déjà, passer d’un kart à une LMP3 est une bonne chose lorsque l’on rêve de sport auto. C’est vraiment sympa à piloter, facile même si tout est relatif. Par rapport à un kart, c’est déjà moins physique au niveau des bras. »
« En 2019, nous sommes en cours de validation du programme, mais ce sera avec une LMP3. Il s’agit d’un programme sur trois ans : cette année en VdeV, l’année prochaine en Michelin Le mans Cup ou une autre série, l’European Le Mans Series et les 24 Heures du Mans en 2020 ! »
Quels éléments de la voiture ont été adaptés aux handicaps des différents pilotes ?
« Il s’agit d’une Ligier JS P3 où on a mis un frein manuel pour les pilotes paraplégiques, Nigel et Takuma, ainsi qu’un accélérateur avec une palette au volant. Pour ma part, j’utilise la voiture normalement, les palettes sont assez grandes, il n’a donc pas été nécessaire de les modifier. De plus, comme il était compliqué de les faire partir avec un embrayage à main, il a été remplacé par un embrayage centrifuge .”
Votre but est de disputer les 24 Heures du Mans pour vous. Que représente cette course ?
“C’est un rêve qui a toujours été présent. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai fait de l’endurance en karting. J’ai disputé deux fois les 24 Heures Karting avec un bon résultat en 2014, pour ma première fois, avec mes coéquipiers : 11e au général, 9e de notre catégorie. Les 24 Heures du Mans ont toujours été dans ma tête jusqu’au jour où j’ai rencontré Frédéric Sausset. Il nous a aidés à mettre le pied dedans. Maintenant le rêve est toujours présent, mais j’espère qu’il se réalisera en 2020 !”
Comment s’est passée votre rencontre avec Frédéric Sausset ?
“Je savais que Fred avait disputé les 24 Heures du Mans 2016. Je l’ai contacté sans savoir qu’il allait lancer sa filière. Je lui avais alors dit que je voulais disputer ma 2e édition des 24 Heures Karting sous ses couleurs. Il a tout de suite accepté et est venu pendant la course. J’ai aussi rencontré Jean-Bernard Bouvet qui m’a annoncé que Frédéric allait démarrer sa propre filière. Il m’a dit qu’il me verrait bien dans ce projet car j’avais un bon coup de volant et un bon niveau. J’ai suivi ses conseils en m’inscrivant à la sélection et j’ai été retenu !”
Christophe Tinseau est toujours présent au sein de cette équipe. Que vous apporte-t-il ?
“C’est quelqu’un qui connait bien les circuits et, en particulier, celui des 24 Heures du Mans car il compte 12 participations ! Il a tellement de connaissances des prototypes, il nous donne beaucoup d’informations. Nous l’écoutons et appliquons ce qu’il nous conseille.”
Comment se passe votre relation avec Frédéric Sausset ?
“Très bien ! Fred est quelqu’un de gentil, il a le cœur sur la main et vit à fond son projet.”
“C’est le team manager, il chapeaute toute l’équipe. Il nous envoie des mails, nous appelle régulièrement… Ce qu’il a fait en 2016 est juste incroyable et ce qu’il veut mettre en place est une première mondiale : aligner trois pilotes handicapés aux 24 Heures du Mans. Le faire dans ce contexte est incroyable pour moi. Le but de tout cela est d’être accepté dans toutes les manifestations sportives.”
Est ce que disputer les 24 Heures du Mans vous effraie en même temps avec 60 autos au départ ?
“Nous allons passer par différents championnats, allons progresser et nous aurons un vrai aperçu quand nous serons en ELMS. A ce moment-là, nous saurons si nous sommes prêts, si ça va nous faire peur ou pas. Pour l’instant, comme tout pilote, nous sommes pressés d’y être !”