Rencontre avec Sophie Bensa, commissaire à Monaco pour la Formule 1 historique, Formula E et le GP F1 depuis plus de 12 ans. Sophie est l’unique femme à siéger depuis deux ans au Commandement du Corps des Commissaires.
Habituée à fouler les circuits, surtout celui de Monza, Sophie décide de se lancer dans l’aventure en 2006. Un parcours atypique pour une femme dans ce sport puisqu’elle n’est pas pilote mais bien commissaire de piste.
Sophie a débuté par la formation obligatoire de 2 jours, sa première mission sera « Signaleur piste. » Elle est seulement la troisième femme à Monaco à occuper ce poste. Quelques années plus tard, elle devient commissaire au feu de départ (durant 7 ans) pour évoluer commissaire responsable. Depuis 2016, elle est devenue également commissaire sur différents rallyes, aussi bien en électrique, historique que moderne. Elle passe de poste en poste pour vérifier que tout fonctionne bien, une expérience qu’elle adore vivre. Sophie est une vraie passionnée.
Dans ce métier, comme le dit Sophie il faut être très réactif car les commissaires sont les yeux du pilote à Monaco et ailleurs. « Nous devons être au plus près de l’action, ne rien louper et tout superviser, tout doit être carré sur ce circuit, encore un peu plus que les autres », nous a déclaré Sophie.
L’implication des femmes dans ce sport, qu’elles soient pilotes, commissaires, mécaniciennes, apporte une valeur ajoutée, une vision différente, un avis différent. La mixité de ce sport apporte un coup de booste pour les hommes, du dynamisme et de la motivation. « Ça secoue les hommes de temps en temps car une femme est sérieuse, studieuse, impliquée et carrée. Nous exécutons à la lettre, en recherchant le professionnalisme du début jusqu’à la fin, nous sommes toujours bien accueillies et bien appréciées », précise Sophie.
Le recrutement de commissaires à Monaco est ouvert à toutes les personnes âgées de 18 à 30 ans, avoir une taille d’1m65 minimum par rapport à la hauteur des rails. Il faut également fournir un certificat médical et montrer sa motivation et sa détermination, il faut avoir une certaine « jeunesse », être sportif et réactif. Cette année, il y aura une quarantaine de femmes commissaires avec seize nouvelles jeunes femmes.
Voyons un peu plus en détail ces deux jours de formations où les stagiaires sont confrontés à toutes les épreuves lors des courses F1 sur le circuit de la principauté. Ils ont donc différents ateliers à réaliser afin de valider leur formation et pouvoir être commissaire sur les célèbres courses monégasques. Tout d’abord l’atelier ‘Feu’ (ils apprennent à percuter les extincteurs, à éteindre une voiture en feu), l’atelier ‘Pré vidéo’ (rappel des règles de sécurité, consignes), l’atelier ‘pré rail’ ( application vu en vidéo, passage d’un rail en sécurité), l’atelier ‘intervention’ ( manœuvre, grutage), l’atelier ‘post vidéo’ (les stagiaires sont filmés, il y a donc un débriefing afin de leur montrer ce qui a bien ou mal été fait, de façon à corriger), l’atelier ‘Gazelle’ (épreuve sportive digne d’un parcours du combattant où ils sont mis face à des exercices difficiles afin de voir leur condition physique, course à pied) et enfin l’atelier ‘Signalisation’ ( une partie théorique pour apprendre les nouvelles procédures, nouveaux règlements ; puis une mise en pratique ils se retrouvent en situation de course et face à différents incidents où ils apprennent à signaler les différents drapeaux). Sans oublier que chaque stagiaire apprend également les premiers gestes de secours.
Sophie apprécie tout particulièrement sa fonction : “A Monaco, au sein de cette formation, lorsque nous sommes commissaire, le but est d’aimer ce que l’on fait et de se faire plaisir. Il faut avant tout être passionné puisque ce métier est un métier bénévole.”
Le mot de Jean Michel Mata, Commissaire Général Adjoint de l’ACM en Charge des Commissaires.
Il y a à ce jour 550 commissaires à Monaco. 2018 voit l’arrivée de 53 nouveaux commissaires. Jean Michel espère bien que de plus en plus de féminines vont rejoindre le métier : « Le corps signaleur deviendra de plus en plus féminin, les femmes sont plus concentrées, plus attentives. Elles sont très pointilleuses et surtout suivent l’actualité et s’informent des nouveaux règlements. Elles vont chercher le détail, montre leur détermination. Nous sommes très heureux d’avoir des femmes commissaires. Cette année toutes les nouvelles femmes lors de la formation seront retenues. Il y aura une femme chef de poste à court terme, c’est une certitude … »