Comme la concurrence, 2019 s’annonce comme un nouveau challenge pour Audi Sport en DTM compte tenu de la nouvelle motorisation. Stefan Dreyer, le Chef du Développement Moteurs de Audi Motorsport, a fourni quelques explications sur le nouveau moteur DTM.
Quelles sont les différentes étapes du processus de développement d’un nouveau moteur de course ?
« A la suite de la phase initiale, le concept, il faut collecter des expériences à partir d’un bloc monocylindre assez rapidement. Ensuite, il faut développer le moteur complet. Des essais dynamiques et statiques sur le banc sont suivis par des tests sur piste et finalement par une mise en œuvre en compétition. L’ensemble du projet est soutenu par des modélisations et des calculs. »
Combien de temps faut-il pour développer un moteur tel que le nouveau bloc turbo du DTM ?
« De deux ans à deux ans et demi. Dans le cas du moteur turbo DTM, nous avons arrêté le développement pendant un an car l’introduction du nouveau moteur avait été repoussée à 2019. Nous sommes maintenant heureux et fiers de pouvoir entrer dans une nouvelle ère du DTM avec les nouveaux moteurs. Je suis convaincu que nous allons pouvoir offrir aux fans et aux clients les plus spectaculaires courses de Tourisme de tous les temps.”
Combien d’heures le nouveau moteur DTM a-t-il tourné sur le banc d’essai ?
« C’est difficile à chiffrer, mais je pense que nous sommes dans une fourchette de quelques mille heures. Chaque moteur tourne ensuite sur le dynamomètre pendant deux ou trois heures de plus avant d’être monté dans la voiture pour la course. Nous avons un programme de rodage, un contrôle des performances et différents contrôles fonctionnels. Un moteur DTM doit durer l’ensemble de la saison. Cela veut dire que nos spécialistes du banc d’essai doivent être certains à cent pour cent que le moteur qu’ils vont fournir est vraiment remarquable. Nous appliquons ici un principe de double contrôle pour garantir que nous serons très bien sur la grille de départ. »
Que se passe-t-il exactement pendant les essais sur le banc ?
« Les essais sur le banc, c’est un vaste sujet. Si on se contente du développement du groupe propulseur et du moteur, il y a trois types de tests. Pour le premier, sur le banc du monocylindre, nous nous centrons sur le processus du développement de la combustion et sur les recherches de performance en matière de frictions et, également, déjà, à des premiers essais d’endurance. Ceci a l’avantage de nous permettre des essais souples et rapides de différentes versions. Il y a ensuite le banc d’essai classique sur lequel le moteur complet est placé et développé. Enfin, il y a le banc d’essai des suspensions sur lequel nous jaugeons l’appui aérodynamique complet du véhicule avec le maximum de réalisme. »
Aux premiers jours du moteur turbo, la durabilité était un gros problème. Est-ce encore le cas aujourd’hui ?
« Les technologies, les matériaux et les outils de développement on vu une évolution continue au fil des années. Néanmoins, quand on développe un moteur de course à la limite, le challenge de base est toujours le même, aussi je ne voudrais pas faire de différences entre hier et aujourd’hui. Le format du DTM est un gros challenge. Le kilométrage important, réparti en de nombreuses épreuves avec des courses brèves, c’est vraiment difficile. »
Pour quel kilométrage le moteur DTM est-il conçu ?
« Pour environ 6000 kilomètres, entre autres termes la distance totale parcourue durant la saison . »
Le nouveau moteur turbo a beaucoup plus de puissance et un couple plus élevé que l’ancien V8 atmosphérique. Qu’est ce que cela signifie pour l’ensemble du groupe propulseur ?
« Le quatre cylindres turbo délivre une puissance supérieure de plus de 100 chevaux. Le couple plus élevé induit aussi une charge additionnelle sur l’ensemble du groupe propulseur. De plus, le comportement aux vibrations du moteur quatre cylindres diffère complètement de celui du V8. Ce fut un challenge énorme pour le développement du moteur, tout comme pour nos essais sur le banc. »
Quelles modifications ont été faites sur la voiture du fait du nouveau moteur turbo ?
« Tout d’abord, le moteur V8 avait un volume plus important. Il avait une configuration symétrique avec deux rangées de cylindres et deux sorties d’échappement. Le nouveau moteur turbo a quatre cylindres en ligne, le système d’échappement et le turbocompresseur sur la droite et le système d’admission sur la gauche. Tout l’avant de la voiture a dû être adapté au nouveau concept moteur comme, par exemple, la position de l’échangeur, des systèmes de refroidissement de l’eau et de l’air, les canalisations, et également l’écoulement optimal de l’air vers le moteur. »
Comment le système d’échappement a-t-il été modifié ?
« Sur le V8, il était habituellement placé à gauche et à droite, plus ou moins symétriquement, avec un petit décalage. Sur le quatre cylindres, il va du côté droit presque jusqu’au centre de la voiture. »
Le nouveau moteur turbo est plus compact et plus petit. Est-il aussi plus léger ?
« Le moteur est nettement plus léger que le V8, même si le poids minimum exigé par la réglementation doit être aussi prise en compte. Le dernier moteur V8 pesait 148 kilogrammes, alors que le quatre cylindres turbo n’en pèse que 85. C’est une importante réduction de poids qui se traduit exactement par un poids inférieur de la voiture. »
Quelques données techniques du moteur
Quatre cylindres en ligne 2000cc turbocompressé
Injection directe TFSI
Quatre soupapes par cylindre
Double arbre à cames en tête
Lubrification par carter sec
Gestion Bosch
610 chevaux (30 chevaux supplémentaires avec le push-to-pass)
Couple : plus de 650 Nm
Poids 85 kg
Longévité : 6000 km environ