Après avoir porté les couleurs d’Audi durant plusieurs saisons en Blancpain GT Series, Stéphane Ortelli a fait le choix du cœur pour rejoindre Emil Frey Racing. Si ce choix est celui d’une nouvelle aventure humaine, c’est aussi un choix sportif. La collaboration a débuté par l’Emil Frey Jaguar avec la progression que l’on sait et c’est maintenant sur une Lexus RC F GT3 qu’évolue le Monégasque qui fête cette année les 20 ans de sa victoire aux 24 Heures du Mans et les 15 de sa victoire aux 24 Heures de Spa.
A 48 ans, Stéphane Ortelli a toujours la même gnaque au volant d’une voiture de course. Il suffit de voir sa joie dimanche dernier à l’arrivée de la manche Blancpain GT Series Endurance de Silverstone où la Lexus RC F GT3 qu’il partageait avec Markus Palttala et Norbert Siedler. Cette troisième place raisonne comme une victoire pour le Emil Frey Lexus Racing qui disputait sa deuxième course longue avec ses deux RC F GT3.
Ce podium doit vous ravir ?
“C’est une victoire pour toute l’équipe. Depuis près de trois ans, un gros travail a été fourni et cette 3e place est une juste récompense. Les deux Lexus sont rentrées dans le top 10 et la Jaguar a le potentiel pour y terminer. Le week-end a été très fort pour toute l’écurie. On ne se rend pas compte du travail fourni par un team privé de faire rouler deux autos différentes dans un championnat aussi relevé que la Blancpain GT Series. Ce podium, on est allé le chercher à la régulière. Il a un vrai goût de victoire.”
La course n’a pourtant pas été simple…
“J’ai fait mon possible pour passer l’Audi/WRT de Mies par l’extérieur afin de faire un écart. En fin de course, l’Audi était plus rapide que notre Lexus. Cet écart créé plus tôt a permis à Norbert de moins subir la pression. Tout le monde a fait ce qu’il fallait : l’équipe et les pilotes. Markus a été très bon et Norbert a eu une très belle intelligence de course.”
Ce podium si tôt dans la saison vous surprend ?
“On savait que le potentiel de la Lexus était là mais il fallait concrétiser. L’auto est bien née, cela ne fait aucun doute. Tu peux passer une saison complète avec la meilleure auto, il faut tout comprendre et le mettre en application. A Zolder et Monza, nous étions bien trop loin pour jouer quoi que ce soit. A Brands Hatch, la progression a été énorme et Silverstone a confirmé cette progression. Tu peux très bien avoir la meilleure auto et être à l’envers tout le week-end. Nos adversaires ont souligné tout le travail effectué par Emil Frey Lexus Racing. Nous sommes les seuls à disposer de cette auto, ce qui rend ce podium encore plus important pour l’Europe. Tout l’honneur en revient à l’équipe car on vient d’assez loin. Sur un tel week-end, tu peux très vite passer à côté. Être 20e n’est pas désobligeant quand on voit le niveau du championnat.”
Combiner Sprint et Endurance est un vrai plus ?
“Comme du temps de WRT, je n’arrive pas à dissocier le Sprint de l’Endurance. Si nous n’avions pas roulé à Brands Hatch, je ne pense pas que nous aurions eu ce niveau de compétitivité à Silverstone même si les circuits sont totalement à l’opposé. On s’approche de Spa, ce qui fait qu’il faut rester lucide. J’ai conscience que ce sera très dur de rester à ce niveau. Les autres constructeurs montent en puissance avant Spa. On ne roule pas en dehors des meetings, ce qui fait qu’on doit optimiser nos tours durant les essais.”
On vous sent en famille chez Emil Frey ?
“Quand je suis arrivé chez WRT, le team débutait et tout est monté en puissance petit à petit. Les gens ont appris à se connaître, les relations se sont développées et on voit où en est WRT aujourd’hui. Le point fort du Emil Frey Racing est d’avoir su garder les bonnes personnes aux bons postes. C’est aussi ce qui a fait la force de WR : avoir un acquis et le garder. C’est la même chose chez ORECA. On est capable de prouver qu’on se sert de nos acquis.”
La Lexus RC F GT3 peut encore progresser ?
“Elle a encore une grosse marge de progression. Il n’y a aucune raison de ne pas pouvoir gagner une course rapidement. Je ne dis pas que ce sera facile mais c’est possible. On connaissait notre potentiel, maintenant les autres le connaissent aussi. La cohésion dans l’équipe est parfaite. Lorenz (Frey) s’est mis dans une position de patron d’équipe et non plus de pilote. Il a compris que c’était difficile de cumuler les deux. Le championnat ne nous attend pas. On y va pour se battre avec une auto très fiable. Nous avons bouclé de très bons tests d’endurance cet hiver. Si Emil Frey Racing a fait le choix de la Lexus RC F GT3, c’est qu’on y croit…”