Il y a tout juste 15 ans, Stéphane Ortelli remportait les 24 Heures de Spa à la surprise générale sur une petite Porsche N-GT du Freisinger Motorsport. Depuis 2001, le Monégasque n’a pas manqué une seule édition de la classique spadoise. On le retrouve cette année sur une des deux Lexus RC F GT3 du Emil Frey Lexus Racing avec à ses côtés Markus Palttala et Norbert Siedler.
Pour sa première année en Blancpain GT Series, le team suisse arrive en Belgique aux commandes du championnat Endurance avec 20 longueurs d’avance sur le Belgian Audi Club Team WRT.
Vous avez une double mission à Spa ? Marquer le plus de points durant la course et un bon résultat ?
“On arrive ici en tête du championnat, ce qui est exceptionnel pour toute l’équipe Emil Frey. Nous avons donc quelque chose à défendre. On ne pensait pas être dans cette position car nous ne sommes qu’un petit team privé. Spa est à la hauteur de sa réputation, il faut aborder l’épreuve avec beaucoup d’humilité. Il y a une compétition encore plus folle que les autres années. Si on rajoute la philosophie japonaise au travail suisse, on sera à la hauteur. L’équipe a réussi quelque chose d’incroyable en peu de temps. Être là avec eux est génial.”
On vous sent fier de faire partie de cette équipe ?
“Comment pourrait-il en être autrement ? Le team a fourni un travail énorme pour en arriver là. En peu de temps, nous sommes passés d’une mauvaise passe à des résultats incroyables. Il a fallu du temps pour bien comprendre l’utilisation des pneumatiques Pirelli qui reste différente des Michelin utilisés l’an passé en International GT Open. Le tournant a été Brands Hatch sur un circuit qu’on ne connaissait pas. Lorenz Frey a su mettre les bonnes personnes aux bons postes. Maintenant, Spa est le juge de paix.”
Est-ce un désavantage de n’avoir que deux Lexus au départ ?
“Non seulement nous n’avons que deux Lexus, mais aussi aucune expérience sur une course de 24 heures. Nos adversaires sont là depuis longtemps avec bien plus d’autos. Par chance, nous avons deux très bons équipages et nos essais d’endurance avant le début de saison se sont parfaitement déroulés.”
Quelle sera la clé en course ?
“Il fallait déjà éviter les pénalités en essais libres pour ne pas être sous les projecteurs. Pour être à la hauteur de l’événement, il ne faudra pas commettre la moindre erreur : stratégie, règlement, réglages de l’auto, choix des pneus. Comme je l’ai dit, nous avons deux très bonnes Lexus, mais que deux.”
Vous disputez les 24 Heures de Spa depuis 2001. L’épreuve a beaucoup évolué ?
“C’était déjà la course référence en GT. A cette époque, 10 ou 15 équipages pouvaient l’emporter, contre plus de 30 maintenant. Je vais me contenter de reprendre les mots de Stéphane Ratel : “la plus grande course GT au monde”. Pour moi, Spa reste la plus belle course de 24 heures dans le monde. Ici, il y a une seule catégorie. Un pilote Am est à 2s des Pros, ce qui n’est pas le cas au Mans. Contrairement au Mans où on peut se reposer dans les lignes droites, ici ce n’est pas possible.”
Les 24 Heures de Spa restent une course à part pour vous ?
“De plus en plus d’anciens pilotes de F1 viennent rouler ici. Je suis persuadé qu’un Fernando Alonso aimerait cette course. Il y viendra certainement un jour et pourquoi pas sur une Lexus (rires). Cette course est magique ! Elle est à part et fait partie d’un des plus beaux championnats de la planète. C’était déjà le cas du temps du FIA GT. Mon programme FIA GT a toujours été prioritaire lorsque je roulais en parallèle en ELMS. J’ai roulé pour Audi, Ferrari, Jaguar, Porsche et maintenant Lexus, tout ça en près de 20 ans avec 8 podiums à la clé.”
“On vient tous ici avec l’envie de briller. Cependant, si tu ne penses qu’à la victoire, tu peux vite la perdre. Tu commences à y penser entre 9h et 12h en regardant de plus près la position en course. Il faut utiliser chaque ressource des ingénieurs, pilotes et auto pour arriver le plus possible aux limites de l’auto.”
La Balance de Performance de la Lexus est plutôt bonne ?
“Quand on arrive dans ce championnat en tant que nouveau constructeur, il y a toujours un couperet si la BOP n’est pas bonne. Ce qui est sûr, c’est que le potentiel de la Lexus est important. Il faut juste poursuivre le travail. Je ne serais pas surpris de voir plus de Lexus en piste en 2019.”