Recordman des participations en Blancpain GT Series Endurance avec 100% des courses disputées depuis 2011, Stéphane Ortelli fait son retour à la compétition ce week-end pour la finale Endurance avec comme objectif de décrocher le titre pour Lexus. La sortie de piste de Spa n’est plus qu’un lointain souvenir et revoir le Monégasque dans un championnat qu’il affectionne tout particulièrement fait plaisir à voir. Fidèle aux courses SRO depuis l’époque du BPR au milieu des années 90, Stéphane Ortelli a roulé chaque année dans une série managée par Stéphane Ratel depuis 1995, à l’exception de 2008. S’il y a quelqu’un dans le paddock qui a vu l’évolution des championnats SRO, c’est bien le double champion FIA GT (N-GT). Entretien…
Tout le paddock est ravi de vous revoir ici à Barcelone. Comment allez-vous ?
“Il m’a fallu un peu de repos mais tout est rentré dans l’ordre. La Lexus a bien tenu le choc vu la violence de l’impact. Par chance, je n’ai pas eu d’os brisé. Je m’estime chanceux. J’ai pas mal de copains qui n’ont pas eu cette chance. Je regarde maintenant vers l’avenir.”
Il y a un titre à aller chercher…
“Je suis content d’être là pour la finale où il faut aller chercher un bon résultat. On sait qu’on a une bonne auto mais deux Lexus contre beaucoup d’Audi, de Mercedes et de Lamborghini, ça fait peu. Nous n’avons donc pas l’appui d’une autre équipe Lexus en cas de besoin, ni la possibilité de partager les données. Combien de constructeurs sont venus à ce niveau avec la possibilité de gagner le titre dès la première année ? C’est déjà une grande satisfaction. Le circuit devrait bien convenir à la Lexus, un peu comme Silverstone et le Paul Ricard.”
Vous roulez dans le championnat Blancpain depuis 2011. Quel regard portez-vous sur la série ?
“J’ai connu l’apogée du GT du temps du FIA GT où on roulait à deux. Depuis 2011, les GT3 n’ont pas beaucoup évolué, elles sont surtout plus sympas à piloter. Les performances des autos ont évolué mais c’est surtout la professionnalisation des teams qui est montée. Sur chaque meeting, 25 à 30 autos peuvent l’emporter. C’est un énorme succès. Le championnat Blancpain est le plus beau qu’il m’ait été donner de participer dans ma carrière. Revenir en Sprint m’a plu. Stéphane Ratel connaît bien le monde du GT. Le championnat est de plus en plus beau et de plus en plus difficile. Quand Dries Vanthoor vient me voir à Spa pour me dire qu’il s’est régalé à se battre avec moi en piste, ça me fait chaud au coeur. Même chose pour Christopher Mies à Silverstone où on se battait pour la 3e place. On fait des choses fabuleuses et il y a 40 pilotes derrière qui veulent la même chose et qui méritent de terminer 3e ou 4e.”
Vous connaissez bien Stéphane Ratel. Que vous inspire-t-il ?
“Nous avons le même prénom (rires). J’ai connu Stéphane en tant que pilote du temps du Venturi Trophy. En BPR, il y avait traditionnellement un diner durant chaque meeting. Je me souviens avoir discuté la première fois avec Stéphane Ratel au Nürburgring en 1995 lors d’une soirée organisée dans un château. Stéphane a tout : l’intelligence, un côté visionnaire, la lucidité de quelqu’un qui apprend de ses erreurs et qui ne veut pas les reproduire.”
On peut dire qu’il est précurseur dans beaucoup de domaines ?
“Quand je vois que tout le monde parle de la Formule 1 qui se rend dans les pays exotiques, ça me fait sourire. Stéphane Ratel y est allé bien avant la Formule 1. J’ai souvent tendance à dire que j’ai remporté trois championnats mondiaux FIA et non deux car le titre 2013 en FIA GT Series décroché à Baku avec Laurens (Vanthoor) peut être considéré comme un titre mondial car Stéphane a écouté le paddock pour se recentrer sur l’Europe.”
Quelle est sa plus grande qualité ?
“(il réfléchit). La question n’est pas facile. L’une de ses qualités est de savoir déléguer. Stéphane a su s’entourer d’une équipe qui sait comment il fonctionne. Patricia (Kiefer), Laurent (Gaudin), Jacquie (Groom), Benjamin (Franassovici), Sophie (Peyrat), Claude (Surmont), Maryon (Kaczka) en sont le parfait exemple depuis longtemps. Stéphane Ratel a mis en place une machine de guerre. Il n’y a pas qu’une seule personne qui décide même si au final c’est lui qui tranche. Il a l’intelligence de trouver les bonnes personnes et de les mettre aux bons postes. Tout le monde veut que ça marche. Il sait ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Personnellement, je suis fan de la personne. Être à l’écoute est une preuve d’intelligence. Un team qui quitte son championnat l’affecte. “
Il a su traverser les différentes époques du GT ?
“Le temps n’a pas d’emprise sur lui. Il a su s’adapter au marché. Les gentlemen ont commencé à quitter le championnat et il sont revenus. Mon ami Stef (Richelmi) en a fait l’expérience à ses dépens à Silverstone où il a été pénalisé pour avoir touché un gentleman en piste. Tout le monde copie Stéphane Ratel et on en revient toujours à lui.”
Vous pensez que le GT était mieux avant ?
“Il faut vivre avec son temps. J’ai connu le GT1, puis le GT2 et le GT3. Avec Soheil (Ayari), on s’est toujours dit qu’on arrêterait notre carrière à la catégorie GT7 (rires). Le GT1 était magique avec des autos équipées de freins carbone. Les GT2 avaient moins de puissance. J’ai débuté en GT3 avec comme idée en tête que j’allais m’embêter derrière le volant. Tu t’adaptes très vite et maintenant je suis un adepte du GT3. Pour la petite histoire, j’ai ouvert le compteur de victoires de l’Audi R8 LMS en 2009 avec Yvan Lebon en FFSA GT, alors que nous avions refermé le chapitre des victoires Audi en 2005 avec Allan McNish. La grosse différence par rapport à 2009 est que cela devient de plus en plus dur de s’imposer.”