S’il règne en maître sur le GT, Stéphane Ratel reste un passionné du sport automobile en général. Le patron de SRO Motorsports Group n’a pas hésité à prendre la direction de Charade l’été dernier pour une journée chez Classic Racing School où il a pu rouler sur une Crosslé en famille. C’est maintenant la fin de saison qui attend Stéphane Ratel avec plusieurs finales : Blancpain GT Series Asia, Championnat de France FFSA GT, Intercontinental GT Challenge. Il restera ensuite le Bahrain GT Festival et la Coupe du Monde FIA GT. La fin de saison nous donne l’occasion de revenir avec Stéphane Ratel sur son expérience en Crosslé, mais aussi sur sa vision de l’automobile en plein Mondial de l’Automobile où il était présent pour le lancement de la nouvelle Audi R8 LMS GT3.
Prendre le volant d’une Crosslé à Charade vous a ravi ?
“C’était formidable. Je dois ma présence à Charade à l’un de mes anciens clients du temps du Trophy. Il m’avait recommandé Classic Racing School et j’ai décidé d’y aller avec mon fils de 23 ans. Morgan (Pezzo) et Julien (Chaffard) ont créé un concept génial. Je n’avais plus roulé à Charade depuis l’époque du Championnat de France au volant de ma Venturi. Le circuit est magnifique et je suis triste que des riverains se plaignent du bruit alors que le circuit était là avant eux. J’ai passé une journée de rêve dans un environnement professionnel et amical. Le look des autos est terrible, l’investissement de Morgan et Julien fait plaisir à voir. Cela fait du bien de voir des jeunes passionnés qui prennent la relève. Je recommande Classic Racing School sans la moindre hésitation. L’historique est le terrain de jeu de mon ami Patrick Peter, mais si nous pouvons faire quelque chose avec eux sur les événements Curbstone, alors nous le ferons.”
Vous étiez la semaine passée au Mondial de l’Automobile. Que vous a inspiré ce cru 2018 ?
“Je me suis promené dans les allées et j’y ai tout de même vu des Supercars. Sur un plan général, il y avait moins de constructeurs. On a donc une édition 2018 quelque peu triste. Audi a présenté une e-tron électrique importante pour la mobilité de demain tout en réaffirmant son engagement pour le sport avec la R8 LMS GT3 de dernière génération. Il y aura encore des V8 et V10 qui rugiront à l’avenir. On s’inscrit dans l’optique de la voiture passion.”
On parle d’hybride, d’électrique, d’hydrogène, de voiture autonome. Il y a encore de la place pour le sport automobile traditionnel ?
“Ces autos ne sont pas prêtes pour notre segment. Quand tous les constructeurs auront des hybrides, alors on en fera rouler. Le jour où elles iront aussi vite qu’une auto thermique, on les acceptera. C’est le client qui achète. Il n’y aurait jamais eu de McLaren F1 GTR si des clients n’étaient pas allés voir Ron Dennis en lui disant qu’avec ou sans l’aide de McLaren, une version compétition verrait le jour. Les clients seront les prescripteurs. On représente une goutte d’eau dans un océan en termes d’émission.”
La nouvelle catégorie GT2 va permettre de susciter de nouvelles envies ?
“La catégorie GT2 est réservée à “l’auto passion”. Je reviens d’ailleurs de chez Lamborghini pour leur présenter de nouveaux projets. Il faut faire rêver les constructeurs, les équipes et les fans. Les marques de légende ont toujours sorti de belles GT.”
Quels sont les premiers retours suite à l’annonce du Blancpain GT World Challenge ?
“L’intérêt est là et les constructeurs ont été réceptifs à la formule. L’Intercontinental GT Challenge permet d’utiliser des équipes et des autos locales en fonction des pays. Le Blancpain GT World Challenge a une projection plus lointaine sachant que je ne m’attends pas à avoir cinq constructeurs en 2019. J’ai conscience que cela va prendre du temps. L’Intercontinental GT Challenge a mis quelques années à prendre. On arrive maintenant à cinq courses sur cinq continents et j’espère d’ailleurs avoir cinq ou six constructeurs en 2019. Le Blancpain GT World Challenge va suivre la même évolution, le concept se voulant novateur.”
N’avez-vous pas peur que le concept soit trop compliqué à faire comprendre ?
“Comme je l’ai dit, il faut un peu de temps pour prendre ses marques. Je suis allé voir les constructeurs séparément pour leur expliquer le concept. Si nous en avons deux ou trois la première année, ce sera bien. Je suis fier du concept et je sais que ça commence à frémir. Une fois que tout sera lancé, il n’y aura plus de problème de compréhension.”
Vous sentez un intérêt croissant pour vos championnats ?
“Nos chiffres sont bons. Nos images sont diffusées dans le monde entier, nos chiffres sur les réseaux sociaux sont en nette hausse. Les fans qui nous suivent sont de vrais passionnés qui décident d’eux-mêmes de nous suivre. On va dans la bonne direction et le Blancpain GT World Challenge peut aider au développement. On espère aussi que la visibilité va augmenter aux Etats-Unis vu le regroupement des noms avec une identité visuelle identique entre les Etats-Unis, l’Europe et l’Asie. Tout ne va pas se faire en six mois.”
La compétition-client a encore de beaux jours devant elle ?
“Le concept de la compétition-client est bon et ne cesse de se développer. En Intercontinental GT Challenge, les équipes bénéficient du soutien plus ou moins direct des constructeurs. En Blancpain GT World Challenge, le constructeur se contente de dire à une équipe de faire partie du team du constructeur. C’est en quelque sorte ce qu’a fait Mercedes-AMG avec ses équipes. Pour les pilotes, c’est important de noter qu’un Bronze marquera autant de points qu’un Platinum.”