Chaque année, Stéphane Ratel fête son anniversaire aux Total 24 Heures de Spa. Le créateur de SRO Motorsports Group a repris l’organisation de la course en 2001. On est passé d’une victoire d’une Peugeot 306 GTi en 2000 à une Chrysler Viper GTS-R. Depuis, l’épreuve n’a cessé de prendre de l’ampleur pour arriver en 2019 à LA course GT de l’année que tout le monde veut remporter. Spa sera aussi l’occasion pour Stéphane Ratel de présenter les contours de la saison 2020 avec en prime de vraies nouveautés en dehors des calendriers.
2019 est la plus belle des éditions des Total 24 Heures de Spa ?
“C’est chaque année la plus belle et ce n’est pas une vue de l’esprit. Le niveau de compétition augmente encore, notamment grâce à l’Intercontinental GT Challenge qui a donné un vrai coup de boost avec une douzaine d’autos supplémentaires. Cela nous permet de ramener des écuries asiatiques telles que GruppeM Racing, KCMG, HubAuto Corsa. L’IGTC donne encore plus de valeur à l’histoire. Avant, Spa était l’épreuve phare de la Blancpain GT Series. Maintenant, c’est aussi celle de l’Intercontinental GT Challenge. On est au firmament et c’est difficile de faire mieux.”
On sent encore plus cette année que les marques historiques du GT mettent les moyens. C’est aussi votre avis ?
“Depuis le GT1, il y avait une séparation entre les constructeurs qui étaient en GT avec nous et ceux qui étaient au Mans, à savoir Ferrari, Porsche et Corvette. Le monde du GT était séparé. En GT3, nous avions des programmes de compétition-client. 2019 marque le retour d’Aston Martin, Ferrari et Porsche pour la gagne. Cela fait des années que je rêvais de Ferrari. C’est le niveau de ces constructeurs qui fait monter le plateau. Audi, BMW, Mercedes sont là depuis longtemps, Bentley double mise. C’est la guerre des étoiles, mais on peut encore faire mieux. Il manque encore McLaren et Lexus en Pro. Je pense que ce sera pour 2020. Si on rajoute quatre McLaren et deux Lexus, on arriverait à un plateau encore plus relevé. Cependant, je ne cache pas ma satisfaction car on se rapproche de la perfection même si on peut toujours faire mieux.”
Vous êtes confiant sur l’accueil du public face à ce plateau 2019 ?
“Les pré-ventes sont en augmentation. Dans le monde du sport automobile actuel, peu d’événements sont en augmentation comme peut l’être Spa. Aucune grille ne dispose de 72 autos d’une même catégorie avec 10 marques présentes officiellement. Honda a une seule auto en Pro alors que les autres en ont entre 2 et 6. C’est unique ! Il y a une vraie incertitude pour la victoire. Aucune épreuve au monde n’a autant de pilotes professionnels au départ.”
La question est savoir comment garder ce plateau sur la durée ?
“Comme disait Letizia Bonaparte, la mère de Napoléon “Pourvu que ça dure”. Il n’y a pas de raison que les choses changent sauf dans le cas d’une crise mondiale. Il faut éviter toute dérive et les convergences pour ne pas que les autos deviennent techniquement plus chères. Ce qui peut tuer l’intérêt de la catégorie, c’est une récession de l’économie mondiale ou que la FIA laisse dériver le niveau technique.”
Justement, on entend de plus en plus parler de GT3 équipées d’un système hybride à partir de 2023 ?
“Tant qu’on peut faire sans hybride, on doit faire sans. L’hybride rajoute de la complexité et demande donc de l’argent supplémentaire. Il faudra se poser la question quand les constructeurs ne proposeront plus d’autos à l’ancienne. Toutefois, cela ne doit pas nous empêcher de réfléchir aux nouvelles technologies.”
Les calendriers 2020 seront présentés ce vendredi ?
“Oui car une partie de notre réussite est d’être en avance. On embête beaucoup les circuits pour finaliser les contrats le plus tôt possible. On a toutes les billes en l’air et il faut maintenant les faire tomber dans les bonnes cases. Les autres championnats peuvent se caler sur nous. Cette année, il y a deux problèmes. Le premier est d’avoir le Prologue FIA WEC la semaine des Total 24 Heures de Spa. On doit éviter que cela se reproduise et je fais confiance pour cela à Gérard Neveu et Pierre Fillon. Le deuxième est une date commune avec l’ADAC GT Masters au Sachsenring.”
Audi et Porsche ont confirmé leur présence en GT2. D’autres marques vont suivre ?
“On en a deux et d’autres marques travaillent le sujet du GT2. Quand on travaille avec des constructeurs, il faut du temps pour valider les projets. Les discussions prennent du temps avec la faisabilité du projet puis la présentation à un board. On a parlé à six constructeurs en même temps pour avoir le retour de tout le monde afin de calibrer le tout. Porsche a dégainé le premier, Audi a dit oui en souhaitant quelques ajustements. L’idée du GT2 est bien de partir d’une auto homologuée pour la route. C’est la base ! Ensuite, on modifie.”
Un mot sur Juliet qui va prendre part aux Total 24 Heures de Spa. Encore une idée saugrenue de Pascal Witmeur…
“(Rire). Même avec le temps, Pascal arrive toujours à nous surprendre. Ce garçon m’a tout de même murmuré l’idée du GT4. C’est lui aussi qui a eu cette idée d’appeler les catégorisations de pilotes Platinum, Silver, Gold, Bronze. Quelle folle idée de partir du nom des cartes de crédit. Pascal est extraordinairement créatif. Juliet a notre soutien et quand on voit le buzz créé, l’idée était très bonne…”