SRO Motorsports Group fait partie des promoteurs qui ont déjà connu des meetings en 2020 avec les 12 Heures de Bathurst, le GT World Challenge America Powered by AWS à Austin et les essais GT World Challenge Europe Powered by AWS au Paul Ricard. Depuis mi-mars, tout est à l’arrêt sur le terrain, mais pas en coulisses. Stéphane Ratel et ses équipes sont, comme leurs homologues promoteurs, sur le pont afin de trouver des solutions. Le président-fondateur de SRO Motorsports Group a fait le point pour Endurance-Info sur la situation.
SRO Motorsports Group est toujours le nez dans le guidon ?
“On est à fond sachant que rien ne dépend de nous-mêmes. Nous étions partis pour la plus belle saison de notre histoire, mais on ne peut pas s’en vouloir. Tout ce qu’on peut faire, c’est proposer des solutions et ne pas renoncer. Il faut rester prêt pour redémarrer le plus tôt possible en assurant la sécurité du paddock et des participants.”
C’est la période la plus compliquée depuis la création de SRO ?
“J’ai eu des moments plus stressants. Les 25 ans n’ont pas été un long fleuve tranquille. La fin du BPR (Barth, Peter, Ratel, ndlr) n’a pas été de tout repos, la sortie d’Eurosport en FIA-GT non plus et que dire du World GT1 ! C’est très différent de se battre pour sa survie et faire le dos rond pour passer une période difficile. Hors, on se bat pas actuellement pour notre survie car nous avons des partenaires importants et avions démarré avec des grilles records. Je vais citer Michel Audiard, nous avons “la puissance de feu d’un croiseur, et des flingues de concours”. Par chance, nous avons des partenaires formidables et des engagés magnifiques. Bien sûr, comme tout le monde, on va perdre des plumes.”
Restez-vous confiant ?
“Il faut se préparer pour être prêt dans tous les cas de figure. Je ne suis pas un catastrophiste. Il y aura des moments difficiles qui dureront quelques mois, voire toute l’année. Aujourd’hui, personne ne sait rien. Aussi bien Roland Garros, le Tour de France, les 24 Heures du Mans, on ne sait pas… Il faut voir ce que va donner le taux de reproduction du virus. Si le chiffre reste en-dessous de 1, alors ça repartira. C’est la seule chose à prendre en compte. Ce sera possible de rouler même avec des mesures contraignantes.”
Comment voyez-vous les choses ?
“Il faut être capable d’aller sur un circuit, de rouler sans aucun spectateur ou avec un nombre limité comme à Nogaro, par exemple. Là, on peut espérer le faire durant l’été. Il faut aussi gérer l’ouverture des frontières. Quant au retour du public, pourquoi pas à partir de la rentée, mais là aussi on ne peut rien dire avec certitude. Il faut aussi prendre en compte les courses plus lointaines comme Suzuka en août où il n’est pas question de rouler sans public. La grande différence avec la Formule 1 ou la NASCAR concerne les droits TV qui représentent une part négligeable des recettes dans nos championnats. Sans les eux, sans les spectateurs et sans les hospitalités, on ne peut pas justifier de rouler.”
Les équipes restent-elles fidèles ?
“C’est plutôt une bonne surprise qui je l’espère va durer. Nous avons très peu voire même pas le moindre retrait officiel. R-Motorsport a communiqué sur le fait d’attendre 2021, mais si ça repart, ils ont bien l’intention d’être là.”
Avec le report des Total 24 Heures de Spa, la date du meeting Intercontinental GT Challenge de Suzuka est maintenue ?
“Les containers doivent partir début juin. Si, à cette date, ce n’est pas possible, alors nous ferons autre chose. Nous avons différents plans. Il n’y a pas de remise en question de l’IGTC. On retravaille la date de Kyalami et remplacer Suzuka est une option si on ne peut pas faire autrement. On tient à livrer nos championnats.”
Pourquoi ne pas débuter un championnat en 2020 et le terminer fin 2021 avec moins de courses cette année ?
“Ce n’est pas quelque chose d’envisageable de faire un calendrier sur un an et demi. Je ne suis pas fan des saisons sur deux ans. Le GT remonte aux origines du sport auto et il faut garder un format traditionnel. Même les championnats en Amérique du Sud se font à l’européenne.”
Et sur le plan personnel, comment vivez-vous ce confinement ?
“Avec cette crise, je peux enfin profiter de ma famille, ce qui ne m’était plus arrivé depuis 30 ans. Je suis tellement la tête dans le guidon que cette période permet de prendre de la hauteur, voir quelles sont les grandes directions pour le futur. Nous travaillons pour 2021 avec pas mal de choses à réorienter. Nous allons modifier certains éléments avec un plan de développement plus vaste que de changer une épreuve.”
Craignez-vous que les constructeurs se désengagent ?
“Le petit coup de tonnerre est le départ d’Audi du DTM et cela me paraîtrait étrange de voir des GT à l’avenir à la place des autos du DTM. J’avais dit, dans ces colonnes, il y a quelques années, que, dans 10 ans, il ne resterait que la compétition-client et l’électrique. Cette crise actuelle va accélérer le mouvement. En 1997 et l’engagement massif des constructeurs, j’ai vite compris qu’il ne fallait pas changer de direction. On peut tirer avantage d’une nouvelle situation. Il est vrai que certains constructeurs peuvent diminuer leurs investissements, mais la compétition-client rapporte de l’argent. On ne va pas faire ‘cocorico’, mais bien faire le dos rond dans l’attente de jours meilleurs.”
Prolonger la durée de vie des GT3 actuelles serait une bonne chose ?
“La FIA peut décider de geler les autos actuelles. De notre côté, on doit promouvoir le GT2 en rendant les autos moins chères et plus facile à faire fonctionner. On y travaille.”
Avec le déplacement des Total 24 Heures de Spa le week-end du changement d’heure, il faut s’attendre à une course de 25 heures ?
“On y réfléchit. On peut avoir une course de 24 heures ou un départ à 15 heures pour une arrivée à 15 heures. J’avoue que l’idée me tente. On s’est mis le plus tard possible. Spa est une épreuve populaire avec sa parade. Nous avons regardé pour mettre la course début septembre, mais fin octobre est une date plus appropriée. Ce sera intéressant. La date traditionnelle de fin juillet n’est pas simple compte tenu du chassé-croisé des vacances. Toutefois, nous reviendrons à la date initiale en 2021.”
Qu’en est-il de la Coupe du Monde FIA GT à Macau ?
“Je n’ai pas la moindre nouvelle et ce n’est pas faute de demander. Cela dépend aussi de la Formule 3 et même la F3 ne sait pas. Tout est un peu lié, mais je n’y crois plus trop.”
Reporter les FIA Motorsport Games va aussi permettre de développer encore plus l’événement ?
“Il s’est vite avéré que c’était impossible de conserver la date initiale car l’événement est conçu comme un meeting de fin de saison. Avec les nouveaux calendriers, il y aura des courses jusqu’en décembre. Ce report va nous donner plus de temps pour délivrer un meilleur événement. Je ne renonce pas du tout à avoir les prototypes avec mes amis de l’ACO. Ce délai supplémentaire me laisse un an de plus pour les convaincre.”