Promoteur reconnu dans le monde entier, Stéphane Ratel a également été pilote, principalement sur Venturi et Lamborghini. Son nom figure sur les tablettes des 24 Heures du Mans avec une participation en 1994 au volant d’une Venturi 400 GTR du Agusta Racing Team. La GT2 qu’il partageait avec Edouard Chaufour et Franz Hunkeler a terminé non classée pour distance parcourue insuffisante. Même s’il n’hésite pas à reprendre le volant dès qu’il le peut pour son plaisir personnel, Stéphane Ratel est devenu l’un des promoteurs GT les plus respectés de la planète. Beaucoup mettent en concurrence SRO Motorsports Group et l’ACO mais les deux promoteurs ne sont pas sur le même credo. Vrai passionné des 24 Heures du Mans, Stéphane Ratel a remonté le temps avec nous sur sa passion du Mans.
Le Mans a toujours été un objectif ?
« Je n’étais pas prédestiné à disputer les 24 Heures du Mans. L’époque était différente. Nous étions proches du Mans avec l’aventure du Venturi Trophy qui a débuté avec Lucien Monté, ancien de chez Rondeau. De plus, Venturi était basé à Couëron en Loire-Atlantique. La première course du Trophy a eu lieu au Mans et la deuxième année nous sommes arrivés aux 24 Heures. »
Le Venturi Trophy a vite connu le succès, si bien qu’il a fallu trouver d’autres possibilités pour les autos ?
« Nous avions dès la première année plus de 50 autos en ouverture des 24 Heures du Mans, sans oublier sept 500 LM dans la grande course. Je faisais moi-même rouler une auto pour Costas Los, Johannes Bardutt et Claude Brana, qui malheureusement n’a pas vu l’arrivée. La grosse cote était celle aux couleurs Jacadi partagée par Christophe Dechavanne, Jacques Laffite et Michel Maisonneuve. Les Venturi luttaient contre les Porsche 911 Carrera RSR et Jaguar XJ220. »
Place ensuite à la 600 LM…
« Le projet 600 LM a été lancé durant l’hiver à St Moritz. C’était une belle aventure et j’avais l’ambition de rouler moi-même, ce qui n’avait pas pu être possible en 1993 car le seul team indépendant était Jacadi. Il fallait tout faire car les autres étaient gérés directement par Venturi. La deuxième année, tout était plus structuré avec la 400 GTR en GT2 et la 600 LM en GT1. J’avais sauvé in extremis le Venturi Trophy et il n’était plus question de rouler en ouverture des 24 Heures du Mans. J’ai vendu sept 500 LM et une 600 LM à Jean-Claude Basso. Je me suis dit que j’allais faire la même chose avec la GT2 mais je n’ai pu en vendre que deux. Agusta m’a suivi et j’ai acheté moi-même la deuxième. »
C’est de là qu’est venu l’idée d’en prendre le volant ?
« J’avais Edouard Chaufour et Franz Hunkeler avec moi et on s’est dit que je pouvais faire le troisième. Noël Del Bello s’occupait du Team Agusta. C’est formidable de disputer les 24 Heures du Mans. C’est une expérience unique. J’étais plus un intermittent du spectacle car je suis arrivé là par hasard (rire). Je me souviens avoir fait la Une car dès le départ je suis parti en tête à queue. Les commissaires ont fait un plongeon pour m’éviter et je suis passé à quelques millimètres du mur. Tout le monde m’a vu car le départ était retransmis en direct à la télévision dans le monde entier (rire). »
Malheureusement, la Venturi n’a pas été classée…
« Nous avons roulé en suivant notre tableau de marche. Le moteur a connu des faiblesses mais on savait que c’était le talon d’achille de l’auto. Nous sommes repartis après plusieurs heures passées dans le stand mais nous n’avons pas été classés. Le relais au lever du soleil est quelque chose d’inoubliable. Je me souviens aussi du bruit du moteur rotatif de la Mazda et des flammes. Je garde un souvenir inoubliable de cette unique participation aux 24 Heures du Mans. »
Une expérience restée sans lendemain ?
« J’ai quitté Venturi en 1995. Il y a eu ensuite le RFR pour Ratel Ferté Racing. Nous soutenions l’engagement de la Ferrari F40 LM du Pilot Racing mais je n’ai pas roulé en course. Michel Ferté, Olivier Thévenin et Carlos Palau ont terminé 6e en GT1 cette année-là. J’étais à deux doigts de rouler sur une Chrysler Viper GTS-R en 1999 car nous avions monté un projet avec Emmanuel Clérico mais finalement nous avions trouvé deux pilotes pour rouler avec lui chez Paul Belmondo Racing. Je n’ai donc jamais eu l’opportunité de rouler à nouveau au Mans mais je suis très heureux d’avoir pu le faire une fois. J’ai roulé depuis sur le grand circuit lors de la première édition du Mans Classic sur une Porsche RSR. Je me répète mais cette expérience est unique. J’ai passé l’édition 1993 sur le muret, 1994 derrière le volant, 1995 et 1996 sur le muret. Je suis revenu au Mans en 1999 toujours avec le même plaisir… »