Personne ne sous contredira pour dire que Stéphane Tribaudini est la révélation du Championnat de France FFSA GT. Inconnu au bataillon des courses GT avant les Coupes de Pâques de Nogaro, l’ancien gamer avait jusque-là comme seule expérience de la course une saison de Lamera Cup. Les résultats sont vite venus si bien que l’envie de passer en GT a vite trotté dans la tête du pilote de 34 ans. Une fois le contrat signé avec le team CMR pour rouler en Am, il ne restait qu’à se faire un nom au sein d’un peloton GT4 bien affûté. Son nom a vite été en haut de la feuille des temps avec comme cerise sur le gâteau une victoire en solitaire au scratch à Dijon devant tous ses aînés. Stéphane Tribaudini aura dû attendre la finale du Paul Ricard pour savourer un titre Am amplement mérité. Une semaine plus tard, le champion Am a fait ses débuts en prototype sur la Ligier JS P3/N’Race en Michelin Le Mans Cup. Retour sur une saison bien remplie…
Surpris de cette saison 2017 ?
« Je sais d’où je pars. Je suis arrivé sur la pointe des pieds à Nogaro en sachant bien que ce serait compliqué de prévoir ce qui allait se passer. Ce qui m’arrive est juste irrationnel. J’ai passé un an et demi à économiser et à me décider de franchir le pas de la Lamera Cup. Je gère un e-commerce dans le domaine de la coiffure qui a beaucoup grossi. J’espérais que si ma saison se passait bien, cela pourrait m’aider à trouver d’autres partenaires. »
C’est aussi pour cette raison que vous avez décidé de rouler en solitaire à Dijon ?
« Le pari était osé car j’ai dû payer le double du budget en roulant seul. Pour être honnête, pas une seule seconde je n’ai pensé gagner. Je voulais juste me faire remarquer pour trouver d’autres partenaires. Je n’ai aucun regret à avoir fait ce choix même si mon emploi du temps professionnel ne m’a pas permis d’aller démarcher de nouveaux partenaires. Je dois maintenant tirer un bilan comptable de ma saison. Je ne peux plus mettre de l’argent. »
Le rythme dans la Ginetta est vite venu ?
« J’ai bouclé 20 tours après les essais officiels de Dijon. Avant cela, je n’avais jamais roulé avec des pneus slicks. Lors des premiers essais de Nogaro, j’étais à 3.5s. Le lendemain, je n’étais plus qu’à 0.2s. J’ai beaucoup étudié ce que faisait Soheil (Ayari) et j’ai vite compris comment avoir plus de rythme. Une voiture du championnat Lamera n’a pas de grip avec ses pneus de série. J’ai compris jusqu’où je pouvais aller pour m’améliorer sans dépasser mes limites. J’étais à 0.2s de Soheil et j’avoue ne pas trop avoir compris. Le 5e chrono en qualification parmi les Pro était une surprise. Je n’ai pas eu le temps de réfléchir car tout m’est tombé dessus rapidement. »
Passer du temps à jouer sur simulateur a été un gros avantage ?
« Cela fait quatre ans que j’ai complètement arrêté de jouer. En Championnat du Monde, 30 pilotes sur un même serveur étaient groupés en moins de cinq dixièmes. Le simulateur m’a dégrossi les choses en m’habituant à la compétition. Je ne pensais pas faire un copier-coller du virtuel au réel. Il me manquait le réel avec le changement de grip, les pneus neufs, le stress, les qualifications. Le virtuel m’a toutefois bien aidé à gérer le stress. J’arrive à faire plusieurs choses à la fois comme parler calmement à la radio sans me déconcentrer. »
La Ginetta G55 GT4 était l’auto parfaite pour débuter ?
« C’est une vraie voiture de course. Je peux la comparer à la Lamera Cup même si dans le cas du GT4, il faut gérer les slicks. L’agressivité en slicks n’est pas facile à appréhender. Cependant, j’étais en confiance dès ma première qualification à Nogaro. J’en garde un très bon souvenir. »
Rouler en GT4 est un rêve qui est devenu réalité ?
« Cela fait 20 ans que je suis de près le sport automobile. Je suis un vrai passionné à part entière. C’est pour moi un rêve qui se réalise. La Lamera Cup était déjà un aboutissement. Initialement, le but était de courir uniquement pour le plaisir. »
2018 est déjà en préparation ?
« Je commence à travailler pour la saison prochaine. Mon envie est de poursuivre chez CMR en GT4. Passer en Pro-Am est un objectif réalisable. Pour gagner, il faut finir les courses et avoir le meilleur package. J’espère avoir l’occasion de rouler en essais durant l’hiver. »
A terme, le GT3 fait partie des envies ?
« La Blancpain GT Series fait forcément rêver mais la marche est importante. Les 24 Heures de Spa me font rêver. Si le budget suit, rouler en Am dans le championnat Blancpain ne serait pas pour me déplaire. J’ai déjà fait une pige à Spa en Lamera Cup. Les courses d’endurance me plaisent. J’aime l’esprit d’équipe et la gestion de la course. »
La pige en LMP3 a été positive ?
« En venant d’une GT4, la voiture est assez impressionnante. Le deal s’est finalisé très tard, ce qui fait que j’ai tout découvert sur place. J’ai dû m’adapter à la voiture mais aussi au circuit que je ne connaissais pas du tout, même sur simulateur. La LMP3 est plus compliquée à appréhender sur le plan du physique. J’ai progressé tout au long du week-end et je garde un très bon souvenir de cette expérience. »