Absent des 24 Heures du Mans depuis 2005, Sylvain Boulay se verrait bien revenir sur la grande course dès 2018. Avant de préparer la saison prochaine, le Sarthois a pris part au Road to Le Mans en juin dernier au volant d’une ADESS-03 LM P3 alignée par DKR Engineering qu’il partageait avec son ami Yojiro Terada, avec qui il a pris part aux 24 Heures du Mans 2000 sur une WR. Malheureusement pour le tandem, les deux manches n’ont guère été convaincantes. Nous avons profité d’une visite au domicile de Sylvain Boulay, membre du Club des Pilotes des 24 Heures du Mans, pour revenir avec lui sur son amour du double tour d’horloge sarthois.
En étant sarthois, vous êtes tombé dans les 24 Heures tout gamin ?
“Mes parents étaient présents en 1955, l’année de la catastrophe, et moi également dans le ventre de ma mère (Sylvain est né le 6 juillet 1955, ndlr). Je suis venu très jeune en compagnie de mes parents sachant que nous habitions à une dizaine de kilomètres de Mulsanne. J’ai baigné très tôt dans l’univers du Mans.”
C’est de là qu’est venu votre passion de l’automobile ?
“A l’origine, je voulais faire de la moto mais mes parents n’ont pas voulu et avec le recul je pense qu’ils ont eu raison. J’ai alors acheté une Alpine où j’ai roulé à l’Ecurie Maine 108. J’ai ensuite monté une entreprise pour m’assurer un avenir professionnel. J’ai tenté le volant F3 à La Châtre avec Alexandre Yvon sans rafler le volant. J’ai alors tenté ma chance au volant ACO à deux reprises. Marcel Mignot, qui faisait office de référent, m’a dit que j’avais un bon coup de volant et que ce serait dommage d’abandonner.”
C’est là qu’à débuté votre carrière en endurance ?
“J’ai acheté une Talbot Samba Rallye pour faire du circuit mais je l’ai vite revendue. En 1986, j’étais à deux doigts de participer aux 24 Heures sur une Lola Gr6 avec Dominique Lacaud mais le deal n’a pas pu se concrétiser à temps. Une amie m’a alors présenté à Louis Descartes et je suis arrivé à Silverstone en 1987 où j’ai posé mes fesses dans l’ALD 02 BMW C2 pour la première fois. En compagnie de Michel Lateste et Gérard Tremblay, nous avons rallié l’arrivée et j’ai pu marquer mes premiers points en Championnat du Monde dès mes débuts. Malheureusement, Le Mans a été plus compliqué car nous n’avons pas été classés.”
Le premier contact avec les 24 Heures du Mans a été positif ?
“Magique ! Quand tu arrives au Mans, c’est là que tu comprends que l’erreur est à proscrire. J’en ai pourtant commis une dans la forêt où je suis parti en tête à queue sans rien toucher. Je suis reparti sous les applaudissements du public. C’est aussi cela le charme du Mans. Le tour suivant, on m’a aussi applaudi. J’ai disputé Le Mans à quatre reprises avec l’ALD sans jamais être classé.”
1995 n’a guère été plus positif…
“J’avais acheté une Tiga à Toronto mais le moteur Buick a vite fait des siennes. Nous n’avons même pas pu prendre le départ. Ensuite, WR cherchait des pilotes pour Le Mans 2000. Je me suis rendu à Lurcy-Levis pour une séance d’essais qui s’est avérée concluante. J’ai pris la 2e place la catégorie LMP675 avec Yojiro Terada et Richard Balandras.”
Les participations suivantes ont elles aussi connu des hauts et des bas…
“L’année suivante, nous étions sur la liste des suppléants mais il n’y a pas eu de forfait. En 2003, il y a eu l’aventure Durango avec Michele Rugolo et Jean-Bernard Bouvet. L’auto était bonne mais nous avons cassé un roulement, ce qui nous a fait perdre pas mal de temps. L’année suivante, je fondais beaucoup d’espoir sur la Dallara-Judd ex-ORECA. Une auto très rapide car en Vmax nous étions juste derrière les Audi. Le team Spinnaker Clandesteam s’occupait jusque-là de bateaux. Des soucis de boîte de vitesses ont fait que l’auto n’a pas roulé en course. J’ai réussi à rebondir sur une Reynard du team de Noël Del Bello en compagnie de Bruno Besson et Jean-Luc Maury-Laribière. Une Porsche nous a mis hors course durant la nuit. Ma dernière participation remonte à 2005, à nouveau sur une WR avec Robert Julien et Jean-Bernard Bouvet.”
Le Road to Le Mans a permis de reprendre ses marques ?
“Le meeting m’a permis de me remettre le pied à l’étrier. L’objectif était d’aligner l’ADESS sur toute la saison VdeV Endurance Series ou European Le Mans Series. Malheureusement, le budget n’a pas pu être réuni. A 62 ans, je suis bien dans ma tête et je compte bien disputer un championnat complet en 2018 avec pourquoi pas les 24 Heures du Mans. Rouler avec Yojiro était un clin d’oeil à l’histoire. Terada-san a fait connaître Le Mans au Japon et c’est un ami de longue date.”
Le Club des Pilotes des 24 Heures du Mans est très important à vos yeux ?
“Le Club est très important pour moi et c’est chaque année un régal d’être présent. On a tous couru les uns contre les autres et maintenant on prend du plaisir à passer du temps ensemble. Gérard (Larrousse) a très bien relancé le Club avec le soutien de l’ACO. Cela permet aussi de se rendre dans des manifestations à l’étranger. C’est un vrai plus qui permet aux pilotes de toujours rester dans l’ambiance des 24 Heures du Mans.”