Tatiana Calderon (Richard Mille Racing) : “Une vraie chance pour moi de faire de l’Endurance !”

@ELMS

Tatiana Calderon fait ses premiers pas en Endurance au sein de l’équipe Richard Mille Racing, gérée par Signatech, en European Le Mans Series. La Colombienne fait partie d’un équipage 100% féminin composé de Katherine Legge (lorsqu’elle sera remise de son accident du Paul Ricard), remplacée en attendant par Beitske Visser, et de Sophia Flörsch. La pilote de réserve Alfa Romeo Racing en Formule 1 disputera dans quelques semaines les 24 Heures du Mans. Endurance-Info a pu la rencontrer à Spa…

Votre carrière est plus focalisée sur la monoplace. Pourquoi avoir décidé de venir en Endurance ?

« Pour être honnête, j’ai eu une année 2019 difficile en Formule 2 et j’ai toujours été en lien étroit avec Signatech, Philippe Sinault et Richard Mille. Ils avaient comme projet de participer aux 24 Heures du Mans avec un équipage entièrement féminin. Pour cette raison, nous avons été en contact pendant plusieurs années et cette fois-ci, j’ai dit ok. En tant que pilote, j’ai toujours eu pour rêve de disputer Le Mans. Je leur suis vraiment reconnaissant de me donner cette opportunité. Cependant, j’apprécie toujours la monoplace. Je pense que cette année j’aurais le meilleur des « deux mondes » : je vais disputer le Championnat de Super Formula au Japon (chez Drago Corse with ThreeBond, ndlr) et l’ELMS plus Le Mans avec Richard Mille Racing. En Endurance, vous apprenez beaucoup car il vous faut être un pilote très complet. Il faut une rapide adaptation à une LMP2 et ce n’est pas si facile ! Ce n’est pas parce que vous avez beaucoup d’appui aéro et un « toit » que la voiture est lente car les temps au tour sont très proches de ce que l’on a en Formule 2. C’est une vraie chance pour moi de faire de l’Endurance. »

Quelles sont les sensations dans une LMP2 ?

« Je suis très surprise de l’appui aéro dans les courbes rapides. On peut presque aller aussi vite qu’en monoplace. Une des différences est la direction assistée car en F2 ou en F3, vous n’en avez pas. Vous avez, par contre, l’antipatinage et les freins carbone. Dans les virages plus lents, vous sentez un peu plus le poids avec la LMP2, mais ce qui me surprend le plus ce sont les appuis aéro de cette auto tout comme les pneus qui sont vraiment sympas ! »

Comment se sont passées les deux premières manches ELMS ?

« Le but est d’acquérir le plus d’expérience possible dans la voiture en vue des 24 Heures du Mans. Je suis contente car je me sens de plus en plus à l’aise dans la voiture. C’était aussi sympa de rouler à Spa, un circuit totalement différent de celui du Castellet. J’apprends aussi à connaitre l’équipe. Cependant, le plus difficile pour moi reste le trafic. »

Vous pouvez en plus vous appuyer sur l’expérience d’un pilote comme André Negrão…

« Tout à fait. Il m’est vraiment d’une aide précieuse. Quand vous êtes nouveau dans cette discipline et, en particulier, en LMP2, vous ne savez pas ce qui normal ou pas. Au début, je me plaignais un peu car je trouvais que la voiture était trop rigide. Ce que je ne savais pas, c’est qu’avec ce type d’auto et sur un circuit comme Spa, c’est mieux quand elle est très rigide. Son expérience est alors vraiment précieuse au niveau des qualifications et de la course car il sait tout cela. André est un bonne référence et c’est vraiment une bonne chose de l’avoir avec nous. »

@FIA Woman in Motorsport

Quelles informations sur l’état de santé de Katherine Legge pouvez-vous nous donner ?

« Je suis en contact avec elle presque tous les jours, nous nous entendons vraiment très bien. Elle poursuit sa convalescence, elle fait déjà du vélo. Elle se sent de mieux en mieux jour après jour. Nous attendons notre prochaine réunion pour savoir quand elle pourra nous rejoindre, mais les nouvelles sont bonnes ! »

Vous l’avez mentionné, vous allez disputer les 24 Heures du Mans dans quelques semaines. Qu’est que cela représente pour vous ?

« Si vous posez la question à un pilote, il vous répondra que Le Mans est la plus grande course au monde. Cette année, les choses seront différentes car cela aura lieu en septembre, les conditions ne seront pas les mêmes et il n’y aura pas de public. Cela représente l’un de mes grands défis. Nous nous servons des manches ELMS pour nous y préparer, nous serons Rookies au Mans. Cependant, je suis dans une équipe qui a beaucoup d’expérience et qui a déjà gagné deux fois les 24 Heures du Mans (Team Signatech, ndlr). »

Etes-vous impatiente d’y être ou un peu nerveuse à l’idée de ce nouveau défi ?

« Les deux (rire). Je suis un peu nerveuse car c’est quelque chose de nouveau pour moi. Je veux bien m’y comporter. Une chose a été intéressante, ce sont les 24 Heures du Mans virtuelles. Ce fut bon pour moi, l’équipe, la communication, bien apprendre la piste, ce qui est bien car nous aurons moins de temps en piste que d’habitude. Je le répète, je suis dans de bonnes mains avec cette équipe. »

Vous souhaitez juste emmagasiner de l’expérience ou vous avez un objectif dans un coin de votre tête ?

« Je veux monter sur le podium, je pense que c’est une bonne chose de toujours viser haut. Lors des premières courses ELMS, nous voulions voir où nous nous trouvions et, au Paul Ricard, nous terminons 5e et 6e à Spa. Nous n’avons pas fait d’erreur, nous avons été réguliers. Donc si nous pouvons faire la même chose au Mans, terminer dans le Top 5, pour notre première année, ce serait super. »

Comment est perçu le sport automobile en Colombie ? Et les 24 Heures du Mans ?

« Je pense que Le Mans est vu comme une grande course dans tous les pays. L’épreuve est devenue de plus en plus populaire car Juan-Pablo Montoya roule en IMSA et a disputé Le Mans il y a deux ans. Les gens l’ont suivi dans cette course et ça a rendu cette épreuve plus connue. Cependant, la Formule 1 et la Formule E restent les deux championnats les plus populaires en Colombie, mais on va faire changer les choses (sourire) ! »