Timo, avez-vous été surpris par la différence de performance entre Porsche et Toyota lors de la Journée Test ?
« Si l’on regarde les résultats bruts, nous accusons un léger déficit de performance, c’est clair. Mais plus que le chrono pur de Kobayashi, c’est la régularité aux avant- postes de la #7 et de ses trois pilotes qui est impressionnante. Mais nous devons aussi tenir compte de notre casse moteur, qui nous a privé d’un peu de temps de roulage. »
Pensez-vous pouvoir combler une partie de ce déficit pour la course ?
« Je pense que l’on ne peut réellement pas prédire grand-chose pour l’instant et que l’on en saura beaucoup plus ce soir. Car les conditions de températures n’ont rien à voir avec ce que l’on a eu lors de la Journée Test. Et il semble qu’elles doivent rester très chaudes jusqu’à la fin de la semaine. Donc, tout va reposer sur la tenue des pneus et leur grip dans ces conditions de température. On sait que les fenêtres de fonctionnement idéal des pneus sur les voitures sont désormais très ténues. Nous l’avons vu l’an passé avec Audi notamment qui pouvait soudainement perdre beaucoup de sa perfo parce que le pneu était sorti de sa zone d’efficacité. Les conditions aujourd’hui seront au minimum 8 degrés plus élevés ce soir que lors de la Journée Test. On peut presque dire que l’on remet tout à zéro. D’autant que cette saison, nous n’avons pas roulé dans de telles conditions de chaleur. »
Même lors de vos tests privés ?
« Si, effectivement. Mais nous ne pouvions pas nous étalonner face à Toyota. Nous ne savons donc pas à quel point ils pourront faire durer leurs pneumatiques dans ces conditions. Cela reste donc l’inconnue. Ce n’est qu’aujourd’hui que nous aurons une première idée de ce que la course pourra être. Même s’il faut aussi tenir compte du fait que les températures chutent de nuit donc il est vraiment très difficile de faire des prévisions avant les essais de ce soir. »
Et ou en êtes-vous sur le plan de la consommation en carburant ? Pouvez-vous boucler 14 tours avec un seul plein ?
« Eh, eh… (sourire) Là encore, nous saurons ce soir. Nous n’avons pas pu boucler l’exercice complet lors de la Journée Test mais nous le ferons ce soir donc nous serons fixés. Nous n’avons pas pu boucler tout notre programme lors du Test Day. Même du point de vue du set-up, il nous reste des choses à affiner. Mais forcément, ce soir, nous allons tester les longs relais car c’est très important pour la course. »
Que pensez-vous du nouveau découpage des slow zones inauguré cette année ?
« Du point de vue de la sécurité, je pense que ce sera forcément mieux car elles vont d’un virage à un autre. Mais sur le plan de l’impact sur la course, cela peut être important car les secteurs sont plus grands. Ainsi, un écart peut être rapidement comblé. Le premier entre dans la slow zone peu avant qu’elle ne s’arrête et que le suivant y arrive juste après qu’elle ne cesse. Le second va donc bénéficier d’un tour clair que n’aura pas eu le premier. Cela aura un impact important sur les écarts.
Pour les pneumatiques également, cela peut avoir de l’importance car nous devons voir comment ils reprendront leurs températures idéales. Surtout qu’avec ces secteurs de slow zone plus longs, il est possible qu’ils perdent plus de température qu’auparavant… Et si la slow zone dure longtemps, cela peut affecter le rendement du pneumatique. »
Ces nouvelles LMP2 vont vite dans les lignes droites. Est-ce un problème pour vous ?
« J’en ai parlé avec Rubens Barrichello. Il me disait qu’il me rattrapait dans les lignes droites ! Et c’est vrai mais c’est simplement que notre profil de vitesse est totalement différent. Nous reprenons beaucoup plus vite notre Vmax qu’eux, en revanche, ils nous rattrapent au milieu des longues lignes droites. C’est un peu dangereux, je dois dire. Car auparavant, nous n’avions plus vraiment à nous préoccuper d’eux une fois que nous les avions passés. Là, nous devons gérer avec leur présence et je ne veux pas les en blâmer pour cela. Mais nous devons anticiper leur retour et rester, par exemple, à l’intérieur de la trajectoire, car nous parvenons à freiner un peu plus tard qu’eux. Pour eux aussi, c’est peut-être un peu plus difficile à gérer. Si on ajoute à ça le trafic qui peut se présenter, ça complique les choses et les rend plus dangereuses. D’autant que l’année passée, nous pouvions réellement les distancer dans les courbes rapides, c’est beaucoup moins le cas désormais car ils peuvent emmener un peu plus d’appuis. »