Timothé Buret : “Une frustration qui se transforme en motivation”

A 25 ans, Timothé Buret reste un touche-à-tout en sport automobile. Le Montpelliérain roule aussi bien en LMP2 qu’en GT3 et GT4. Sa saison 2020 est passée par les 24 Heures du Mans chez DragonSpeed, le GT World Challenge Europe chez Tech1 Racing, le FFSA GT et la GT4 European Series chez CMR.

2021 passe par les 24 Heures de Daytona et les 12 Heures de Sebring sur l’Oreca 07/Tower Motorsport, la France et l’Europe en GT4 sur une Mercedes-AMG GT4/AKKA-ASP Team. Comme pas mal de pilotes de sa génération, le protégé de David Zollinger est un peu le “cul entre deux chaises”, jamais sûr de trouver un volant d’une année sur l’autre.

Deuxième des 24 Heures de Daytona en LMP2 aux côtés de John Farano, Matthieu Vaxiviere et Gabriel Aubry, Timothé Buret vise maintenant les 12 Heures de Sebring afin de poursuivre son rêve américain en parallèle de ses autres engagements.

Vous passez tout près de la victoire en LMP2 aux 24 Heures de Daytona. Déçu de n’être que deuxième ?

“Daytona est mon meilleur résultat sur le plan sportif. Nous sommes passés à moins de 20 secondes de la victoire alors que nous menions la course de 71 secondes. C’est une énorme déception. On a mené une bonne partie de la course avec de l’avance, on s’est permis de croire à la victoire. La pénalité en fin de course nous a mis dedans. Ce n’est pas tous les jours qu’on peut gagner Daytona. Malgré tout, c’est un bon résultat. Une deuxième place reste anecdotique face à une victoire. Cette frustration se transforme en motivation, c’est comme cela qu’on tourne une page.”

Cap sur les 12 Heures de Sebring pour conjurer le sort…

“Disputer les 12 Heures de Sebring n’était pas prévu au programme, mais le bon résultat de Daytona est la conséquence de ma présence à Sebring. L’entente avec le team est parfaite, tout le monde sait ce qu’il a à faire. L’équipe cherchait un Silver pour ‘l’après Daytona’, mais je n’avais pas le budget requis. Il fallait que Daytona se passe bien pour ouvrir une nouvelle opportunité. J’espère bien avoir la possibilité de poursuivre l’aventure. J’attends beaucoup du LMP2 là-bas où je me donne à fond chez Starworks (Tower Motorsport, ndlr). C’est comme si chaque épreuve est la course de ma vie. Il ne faut pas se louper et se montrer. Je tiens à faire partie des meilleurs Silver du plateau.”

On vous sent bien aux Etats-Unis…

“Rouler aux Etats-Unis me plaît beaucoup. Quand on est dans l’enceinte d’un circuit américain, on sent tout de suite qu’il se passe quelque chose. Il y a comme un certaine aura, un peu comme quand on arrive sur le circuit du Mans. Durant le Roar Before the Rolex 24, je faisais le tour de la piste en fin de journée. Quand on voit la vie actuelle, qu’on est en Floride sur un circuit avec un magnifique coucher de soleil, on ne peut pas rêver mieux. La course à l’américaine, c’est un tas de petits détails, comme les gros camions, les fans, une réglementation sportive différente de l’Europe. J’avais adoré lors de ma présence en Star Mazda en 2015.”

L’idée est d’y rouler à plein temps ?

“Je vais tout faire pour poursuivre l’aventure aux Etats-Unis. Pour un pilote de mon calibre, je pense que les opportunités sont plus nombreuses là-bas. A terme, mon but est d’être payé pour rouler, d’où mon envie de continuer en prototype. Je pense qu’il y a plus de possibilités qu’en GT. Il faut que je fasse les meilleures courses possibles pour aller plus loin.”

Vous avez tout de même un double programme GT4 en Europe avec AKKA-ASP Team et Paul Evrard…

“Disputer les deux championnats avec la même équipe et le même coéquipier est un avantage non négligeable. Avec Paul, notre équipage est homogène et rapide. Quand on roule pour AKKA-ASP, c’est qu’on a des ambitions. Tout est carré dans l’équipe et rouler avec une référence comme Jim Pla est aussi un plus.”

Passer d’une LMP2 à une GT4 n’est pas trop déroutant ?

“Rouler en GT4 reste un challenge car la voiture est spécifique. Tu peux oublier tout ce que tu fais en prototype. Le style de pilotage est clairement différent. C’est comme si tu passais d’un kart loisir à un kart de compétition. Il y a des spécialistes dans les deux et ce n’est pas simple d’aller titiller les habitués. Cependant, j’ai l’habitude de rouler dans différentes catégories depuis mes débuts en compétition. Je ne suis pas opposé à un retour en GT3. Rouler pour rouler n’a pas vraiment d’intérêt. L’objectif est de créer quelque chose dans l’équipe. Avec Lexus, j’étais à la meilleure place possible pour aller plus loin, mais tout s’est arrêté.”

Vous continuez à travailler en parallèle ?

“A 25 ans, j’ai besoin de mon indépendance financière. Je développe mes activités de coaching même si j’espère bien faire aboutir mon côté pilote professionnel sans amener de budget.”