Il y a seulement quelques mois nous avons rencontré Lionel MOUTOUH à l’arrivée d’une spéciale du Tour de Corse historique à Porto Alto. A l’issue d’un diner improvisé, ivres du bonheur (et de quelques spécialités corses consommées avec modération) d’avoir terminé l’épreuve du jour et comprenant rapidement que nous partagions la même passion dévorante pour l’automobile, nous nous somme lancé le défi un peu fou et sincèrement totalement déraisonnable d’amener deux Alpine A110 à l’arrivée du Tour Auto 2018. Je ne voudrais pas ce soir nous porter la poisse, mais nous attaquons demain la dernière journée de ce Tour !
N’imaginez pas cependant que tout est simple et qu’il suffit de remplir chaque matin le réservoir de nos autos pour rallier sereinement l’arrivée de l’étape. Le parc fermé clairsemé de ce soir en est la meilleure preuve. Nos voitures de course ont plus de 40 ans et restent des jeunes filles capricieuses. Nous gardons donc un œil attentif sur la carburation de la 290 et la boite de vitesses de la 291 commence à sérieusement nous inquiéter. 7 km après le départ de l’épreuve du jour nous devrons demain remplacer une fusée avant sur la 291 et nous savons d’ors et déjà que les pneus de la 290 ne pourrons pas supporter les 3 épreuves spéciales du jour. Sinon tout va bien !
Nous avons entamé cette 4ème journée de compétition au pied des remparts d’Avignon. Alternance des plateaux oblige, nous avions le bonheur de partir parmi les derniers à… 09H23 ! Près de 7 heures de sommeil quand nous plafonnions depuis le départ à moins de 6 heures par nuit, un plaisir de fin gourmet… Et je ne parle pas de nos pauvres mécaniciens qui n’ont pas dépassé 5 heures de sommeil par nuit. Je vous les présenterai plus en détail dans mes brèves d’après course, mais les véritables héros en course automobile ne sont pas forcément ceux dont le nom est inscrit sur les voitures.
Le temps de savourer à Beaumes de Venise notre traditionnel petit café du matin en liaison avant la première spéciale de Bedoin et nous voici lancés ! 19ème et 24ème temps, la journée démarre bien et les berlinettes ronronnent. Suit une liaison de 170 kilomètres sans temps mort et sous un soleil de plomb qui met nos organismes à rude épreuve avant un déjeuner au Couvent Royal de Saint Maximin. La beauté des lieux nous fait vite oublier la fatigue et nous voici repartis pour le Circuit Paul Ricard.
La boite de vitesse de ma 291 fait malheureusement des siennes (donc vous ne saurez pas ce soir pourquoi je l’ai surnommée « Lusty Eva »), et me voici contraint de pratiquer le « lift » cher aux pilotes d’endurance, à savoir lever le pied de l’accélérateur 250 mètres avant chaque freinage en ligne droite, non pas pour économiser du carburant, mais pour ne pas utiliser notre 5ème vitesse en souffrance. L’exercice n’est pas évident, et forcément pénalisé dans les longues lignes droites du Circuit du Castellet je ne signe que le 27ème temps. Lionel de son côté est un feu et signe la 22ème performance sur le circuit qui nous est le plus défavorable.
Lionel confirme sa bonne forme du jour avec le 18ème temps dans la dernière spéciale du jour, son meilleur résultat depuis le départ, tandis que sur la 291 nous signons un beau 25ème temps en ménageant une nouvelle fois notre boite.
Ce soir l’équipage CALMELS père et fils de votre serviteur pointe au 20ème rang au général du Groupe GHI tandis que Lionel MOUTOUH et Elise PERCEBOIS sont remontés au 29ème rang. N’oublions pas que nous subissons chacun plusieurs heures de pénalités suite à nos déboires des premiers jours.
Je terminerai cette avant dernière chronique de course par un focus sur un homme exceptionnel. Ari VATANEN fêtait ce soir son anniversaire, et malgré des sollicitations interminables il a pris le temps de venir féliciter Elise PERCEBOIS, rare copilote féminine professionnelle du plateau. Les grands champions sont avant tout des hommes exceptionnels et Ari VATANEN est parmi les plus grands.
Je vous quitte en rêvant de Nice et de sa baie des anges, mais forcément pied au plancher !