Investir de l’argent en sport automobile traditionnel peut paraître ‘has been’ quand on sait que l’automobile devient de plus en plus un moyen de locomotion et non plus un objet de passion. Investir sur un jeune pilote est encore plus osé, mais par chance, il existe encore des passionnés qui veulent plus écrire une histoire humaine qu’avoir un retour sur investissement. C’est le cas de Tugdual Rabreau qui suit pas à pas l’évolution de la carrière de Thomas Laurent. Notre première rencontre avec le patron de PASO Traiteur remonte à septembre 2015 sur le circuit de Magny-Cours, le jour-même où Thomas Laurent a découvert la Ligier JS P3. Rémy Brouard, team principal du Jackie Chan DC Racing, a lui aussi vite compris le potentiel du pilote de karting.
Beaucoup ont pensé que mettre un jeune pilote encore mineur dans une LMP3 était de l’inconscience, d’autant plus que sa connaissance du sport automobile se limitait jusque-là au karting. Le chef d’entreprise vendéen a vu depuis longtemps le potentiel de Thomas et il n’a pas hésité à miser sur la jeunesse par pure passion et croyance dans son poulain. Spécialisé dans les plats cuisinés haut de gamme, PASO Traiteur est tout sauf un mécène, mais bien un chef d’entreprise qui fait confiance à un pilote issu de la même région que lui pour l’emmener au plus haut niveau. Attachant, bien éduqué, rapide, toujours disponible, Thomas Laurent est resté le même malgré son ascension rapide en sport automobile. En septembre 2015, il remporte la Coupe du Monde KZ2 sur la piste du Mans, à l’hiver 2015/2016, il s’illustre en Asian Le Mans Series au volant d’une LMP3, en juin 2016, il remporte le Road To Le Mans et un an plus tard, il monte sur le podium des 24 Heures du Mans en remportant la catégorie LMP2. L’ascension ne s’arrête pas là. Vice-Champion du Monde d’Endurance LMP2, le Vendéen a testé la Toyota TS050 HYBRID à Bahrain avant, on lui souhaite, d’être titularisé en 2018.
On retrouve la même simplicité et gentillesse chez la famille Laurent que chez Tugdual Rabreau qui a fait le déplacement à Bahrain en compagnie de son associé Olivier Vallée : « L’histoire a débuté entre Jean-Pascal (le père de Thomas) et moi. Son père était passionné de moto mais une connaissance commune a fait que nous avons roulé en karting. J’ai fait du karting de 18 à 22 ans avant de me consacrer à mon activité professionnelle. Jean-Pascal a poursuivi jusqu’à ouvrir une piste de karting. Nous avons continué à nous voir et Thomas est né à un mois d’intervalle avec mon fils. Son père l’a mis dans un karting dès trois ans. Jusqu’à l’âge de 11 ans, il a fait du kart pour le plaisir comme beaucoup de gamins. PASO a évolué à la même époque où Thomas a roulé en minimes. Nous l’avons aidé financièrement pour les déplacements. »
Thomas Laurent a vite gravi les échelons, ce que confirme son partenaire : « Si on pouvait développer notre société avec la même rapidité que Thomas a franchi les étapes, ce serait bien (rires). Il faut des rencontres, du talent et un brin de chance. Rémy Brouard a été un élément majeur dans tout ce qui arrive aujourd’hui. Sa société Sagcom organise des manifestations sportives et j’étais invité sur l’une d’elles. Rémy se présente et me parle du David Cheng Racing. Forcément, le courant est vite passé entre nous. Rémy est venu suivre Thomas à la Coupe du Monde KZ2 et ce qui devait arriver arriva. David Cheng est entré dans la boucle et nous nous sommes retrouvés à Magny-Cours pour un test en LMP3 tout juste avant d’expédier l’auto en Asie. En 2016, il y a eu la Porsche Carrera Cup France et l’ELMS avec la victoire au Road to Le Mans. »
La relation entre PASO Traiteur et le jeune pilote aurait pu s’arrêter début 2017 quand les discussions ont débuté pour un passage en FIA WEC, comme l’explique Tugdual : « En janvier dernier, le Jackie Chan DC Racing décide de passer en FIA WEC sur un programme qui nécessite beaucoup de moyens. David a proposé un contrat. Tout le monde a mis la main au pot. Synergie a suivi et nous avons pu finaliser le budget. Sans aide extérieure, nous n’aurions pas pu suivre. La volonté de l’accompagner est très forte et on continuera à le faire tant qu’on le pourra. Nous avons tous bien conscience que sans soutien, c’est impossible de faire un sport mécanique à haut niveau. Il y a beaucoup d’affect avec Thomas et ses parents. L’aventure va tellement vite. Tout le monde prend du plaisir à le suivre. C’est aussi le cas de nos salariés. »
PASO Traiteur a ouvert il y a peu une nouvelle usine de production et les deux associés n’excluent pas à l’avenir de s’exporter hors des frontières. Sans Thomas Laurent, peut-être que PASO n’aurait pas envisagé de se développer loin de la Vendée. Vous n’avez pas fini d’entendre parler de Thomas Laurent et lorsque vous passez dans les rayons frais de votre supermarché, vous ne regarderez plus les produits PASO de la même façon…