Alors que les premiers pas en LMP2 de l’équipe bretonne Ultimate étaient prévus lors de la saison ELMS 2020, la crise liée à la Covid-19 est passée par là mettant un terme à tous leurs projets. Avec une ORECA 07 qui n’a jamais encore roulé en compétition dans leur garage, les pilotes d’Ultimate sont impatients de reprendre le chemin des circuits. Endurance Info a pu s’entretenir avec deux d’entres eux : Jean-Baptiste Lahaye et François Heriau (manque Matthieu Lahaye)…
Vous aviez annoncé que vous feriez peut être la finale ELMS 2020 à Portimão avec votre ORECA 07. Pourquoi avoir renoncé ?
Jean-Baptiste Lahaye (J.B) : « Professionnellement, du côté des Lahaye, Matthieu et moi avions des gros dossiers à traiter au niveau de notre travail. De plus, nous avons fait des essais avec l’auto au mois de septembre au Paul Ricard et avons alors constaté qu’il y avait du travail, que nous avions besoin de nous mettre plus dedans. Ce n‘était pas donc raisonnable de faire cette dernière épreuve de la saison aussi bien physiquement que mentalement. Pour toutes ces raisons et aussi pour l’équipe, tout était trop compliqué à mettre en route et nous avons préféré renoncer. »
François Heriau (FH) : « Nous avons des mécanos free-lance et nous les avons fait attendre un peu pendant l’année. Ils nous ont demandé de leur dire ce que nous comptions faire vraiment car ils avaient des opportunités pour bosser ailleurs. Nous avons donc pris une décision car ce n’était pas correct de les retenir comme cela et nous avons bien fait… »
Ce fut une saison 2020 où vous n’avez donc pas du tout roulé. Comment avez-vous vécu cet arrêt ?
J.B : « J’ai suivi toutes les courses à la maison et cela m’a fait drôle car nous roulons maintenant depuis quatre ans. Avec ma situation pro, je pense que nous avons pris la bonne décision de ne rien faire cette saison. Il a fallu gérer l’entreprise tout au long de l’année avec cette crise sanitaire et c’était cela le plus important. L’année est passée très vite car nous étions plongés dans tous nos problèmes du quotidien. La saison ELMS a été une belle saison à suivre, mais je savais, de mon côté, qu’il fallait que j’oublie 2020 pour me remettre dedans mentalement pour 2021.
Nous avons roulé à Barcelone en mars puis au Paul Ricard en septembre. Nous avons pris beaucoup de plaisir à piloter cette auto, mais nous n’avons pas fait beaucoup de kilomètres. Il est vrai que si nous avions pu rouler en 2020, cela aurait été mieux car il y a eu un manque quand même. Pour Matthieu et moi, le sport automobile est notre bulle d’oxygène. Se retrouver entre amis, monter dans la voiture, « débrancher », tout oublier et ne penser qu’au virage suivant. Mentalement, j’ai fini l’année 2020 « cramé » car il n’y a pas eu cette “soupape sport auto”, une sorte de sas qui n’est pas forcément reposant, mais qui fait du bien dans la tête ! »
F.H : « Je confirme les propos de Jean-Baptiste. Quand nous sommes sur les circuits, nous n’avons que cela en tête et on laisse temporairement tout les soucis de côté. Il est vrai que cette « décompression » nous a manqués cette année. »
De votre côté, François, quand vous êtes remonté dans l’ORECA 07 en septembre au Castellet, avez-vous vite retrouvé vos sensations ou cela a été plus compliqué ?
F.H : « Je trouve cette auto plus aisée à piloter qu’une LMP3. On est plus facilement dans le rythme, c’est plus précis. J’ai retrouvé des sensations que j’avais connues en Asian Le Mans Series. En comparant par rapport à Matthieu, je me suis assez vite trouvé pas mal en mars et à nouveau pas mal au Cstellet ! »
François, pendant un moment, vous aviez évoqué la possibilité de faire quelques piges en 2020. Qu’en a-t-il été ?
F.H : « J’ai fait un peu de LMP3 dont Road to Le Mans car j’avais envie de rouler sur le grand circuit (Eurointernational, Ligier JS P320 #14 avec Niko Kari). J’ai eu quelques propositions pour faire les fins de saison dont l’ELMS en LMP3 notamment. Mais dans ma tête, j’avais switché LMP2, je n’ai pas vraiment couru après les propositions LMP3. »
Quel est le programme 2021 ?
J.B : « Nous allons disputer l’European Le Mans Series cette année avec notre ORECA 07 et les trois mêmes pilotes. Ce sera sous le nom d’Ultimate, mais le soutien technique et engineering viendra de Tech 1 de Simon et Sarah Abadie. Nous gardons évidemment Marie-Alice (Lahaye, la femme de Matthieu) en tant qu’ingénieur, mais tout ce qui sera gestion atelier, data et autres sera pour Tech 1. Evidemment, pour faciliter les choses, notre voiture sera dans le stand voisin de Panis Racing. Nous allons décorer le stand comme on l’entend car nous ne voulons pas perdre l’esprit Ultimate. Nous voulons garder le sentiment d’être chez soi et conserver la proximité que nous avons avec nos partenaires. »
Des essais sont-ils prévus avant le début de la saison ?
J.B : « Oui, nous allons disputer les essais Goodyear les 7, 8 et 9 mars prochains à Barcelone. C’est une bonne chose car cela va nous permettre de nous mettre dedans, d’enchainer les kilomètres si tout se passe bien. Nous allons aussi pouvoir faire des essais, deux fois deux jours peut-être (le circuit n’est pas encore connu). Nous savons que nous avons pas mal de choses à peaufiner, le baquet, la radio, notre position dans la voiture. Il va nous falloir une journée pour nous caler tous les trois avant de pouvoir enchaîner des journées de test. »
Quels sont vos objectifs pour cette saison ELMS ?
François : « Comme je suis Bronze, on va se focaliser sur le nouveau championnat Pro Am en premier lieu et voir comment notre saison d’apprentissage en LMP2 se déroule. J’avoue quand même que nous aurions préféré qu’ils obligent à avoir un pilote Bronze dans toutes les LMP2. »
JB : « Là encore, on va galérer car notre équipage est composé d’une Bronze et deux SiIver alors qu’en face on en a avec des Gold voire des Platinium comme celui chez Racing Team India (Harry Tincknell). Cependant, je trouve que c’est bien qu’ils aient créé cette nouvelle catégorie pour nous permettre d’avoir des objectifs plus atteignables. »
Et les 24 Heures du Mans ?
J.B : « Oh, c’est une bonne question (rire) ! Plus cela va, plus le monde de l’endurance part de travers et plus on parle d’augmentation des coûts, plus notre objectif du Mans s’éloigne. C’est notre difficulté du moment, c’est-à-dire s’intégrer dans un milieu qui n’est pas facile et montrer de quoi nous sommes capables. En même temps, nous ne sommes pas prêts à faire n’importe quoi non plus. A l’heure actuelle, on ne sait pas comment rassembler autant d’argent pour une seule épreuve. Cela reste notre rêve, nous allons tout faire tout faire pour l’assouvir… »
F.H : « Normalement nous allons inscrire la voiture cette année et allons tout mettre en ouvre pour essayer de la faire. Le contexte actuel est un peu compliqué pour aller chercher du budget, mais on a bien l’intention d’y arriver. »