Sport cycliste et compétition automobile. L’association des deux est tout sauf une vue de l’esprit. Les premiers retours de la page Facebook Endurance-Cycling (lien) sont positifs et on s’est mis à penser comment concilier sport automobile et cyclisme en réel et non plus seulement en virtuel. Une discussion amicale avec l’agitateur d’idées Pascal Witmeur, par ailleurs amateur de vélo, a rapidement permis d’imaginer un concept mêlant sport auto et vélo. Pascal, qui compte six participations aux 24 Heures du Mans, avait même démarché l’UCI (Union Cycliste Internationale) il y a quelques années pour organiser un championnat d’endurance de vélo, principalement réservé aux amateurs (et aux…VIP!) sur différents circuits automobiles. C’est à lui qu’on doit notamment les 24 Heures de Zolder vélo.
La France a la chance (cocorico) d’avoir deux des principaux organisateurs du monde, à savoir l’ACO (Automobile Club de l’Ouest) et A.S.O (Amaury Sport Organisation). Le premier gère avec succès les 24 Heures du Mans, le second enflamme chaque mois de juillet le monde entier avec le Tour de France.
En plus des 24 Heures du Mans, l’ACO est impliquée en European Le Mans Series, Asian Le Mans Series, WEC et 24 Heures Moto. Du côté de ASO, on gère, outre le Tour de France, le Dakar, Paris-Nice, Paris-Roubaix, Liège-Bastogne-Liège et l’Open de France de golf.
On ne vous apprendra rien en vous disant que les cyclistes aiment l’automobile et que les pilotes font quasiment tous du vélo (pour certains c’est plus une drogue qu’un simple passe-temps). Est-il utopique de penser que réunir auto et vélo sur un événement commun est faisable ? Allez, on se prend au jeu d’imaginer la chose.
Le Circuit des 24 Heures du Mans pourrait être le théâtre d’un contre-la-montre par équipe la veille de la Journée Test des 24 Heures du Mans afin de ramener encore plus de public. Vous y amenez des équipes UCI World Tour et UCI Continental Tour. On penche plus pour un contre-la-montre par équipe qu’une course en ligne pour un lien plus étroit avec le sport auto. Seul le chrono compte sur un tel exercice, par ailleurs reconnu pour son aspect spectaculaire.
Chaque équipe de 8 coureurs partirait toutes les 5 minutes pour 2 tours du grand circuit, soit 27,2 km. Le temps serait pris à l’arrivée sur le 4e coureur.
Le lien entre Le Mans et le cyclisme est déjà bien présent : Jumbo, partenaire principal de Racing Team Nederland (LMP2), dispose déjà d’une équipe professionnelle avec Jumbo-Visma, la formation de Steven Kruijswijk, qui s’est imposée lors du contre-la-montre par équipe du dernier Tour de France. Total Direct Energie, la formation de Jean-René Bernaudeau, a comme partenaire titre le fournisseur en carburant des 24 Heures du Mans. Marc Madiot, directeur sportif de Groupama-FDJ, est un inconditionnel des 24 Heures du Mans. McLaren, qui n’est pas encore de retour au Mans, sera en 2020 le sponsor titre de l’actuelle équipe Bahrain-Merida. Rajoutez à cela une grosse centaine de coureurs cyclistes professionnels qui déclarent dans leurs « bios » que leur passion est le sport automobile. Ne parlons pas de ceux qui sont déjà assidus de track-days, comme le Néerlandais Niki Terpstra, coureur chez Total Direct Energie. Benoit Jarrier, qui roule chez Arkéa-Samsic, est originaire du Mans, Nicolas Edet (Cofidis) est sarthois.
On pourrait même imaginer, dans « notre » évènement vélo réservé aux équipes stars, d’octroyer deux « wildcards ». Une pour une équipe d’anciens cyclistes professionnels. Tom Boonen rêve de disputer les 24 Heures du Mans, Sir Chris Hoy qui a déjà pris part à la classique mancelle, Richard Virenque est présent chaque année, Anthony Charteau fait du rallye, Laurent Brochard est originaire du Mans, etc…). Une autre wild card serait donnée à des pilotes autos affûtés sur un vélo. On songe à Laurens Vanthoor, Stéphane Sarrazin, Luc Alphand, Paul Belmondo, William David, Stéphane Ortelli, Laurent Aïello, Jules Gounon, David Zollinger. Pour un tel événement, un vélo de route (dit « de course » quand-même!) suffirait. Pas besoin d’enfourcher un vélo spécifique de C.L.M.
En cette année 2020 olympique et paralympique, Alex Zanardi aurait l’occasion de sortir son handbike, conçu par Dallara, pour une démonstration, Andrea Eskau également. Cette dernière dispose d’un handbike développé en collaboration étroite avec Toyota Gazoo Racing. Patrice Sulpice, cycliste sur piste de haut niveau qui a perdu l’usage de ses deux jambes lors des Championnats du Monde à Bogota en 1994, vient de lancer son programme Le Mans 2024.
Une telle épreuve ne pourrait pas être organisée sans deux ambassadeurs et qui mieux que Jacky Ickx et Eddy Merckx pour cela. En plus d’être des icônes, les deux belges sont amis dans la vie. Le quintuple vainqueur du Tour de France et le six fois vainqueur des 24 Heures du Mans étaient présents aux 6 Heures de Spa 2015.
Un autre point, non négligeable, rapproche les 24 Heures du Mans et le Tour de France : le journaliste Géo Lefèvre. Ce français, décédé en 1961, a œuvré pour la création des deux courses : le Tour de France en 1903, les 24 Heures du Mans 20 ans plus tard. Le Mans a accueilli le Tour de France à plusieurs reprises (7 arrivées, 6 départs), la dernière fois en 2011 avec une victoire de Mark Cavendish. La ville s’était portée candidate pour une étape en 2020.
Ce petit délire du week-end, pour le moment à l’état de fantasme, a deux sujets de taille à régler : avoir du temps de piste et le week-end de la Journée Test des 24 Heures du Mans coïncide avec le départ du Critérium du Dauphiné. Ou alors, continuons de rêver… Une heure de piste serait elle envisageable lors de la semaine des 24H ?
Messieurs Fillon et Prudhomme, vous ne voudriez pas transformer ce petit délire en course officielle ? On vous fait suivre les noms de « ceux qui aiment ». Certains cyclistes sont déjà prêts…