Scuderia Cameron Glickenhaus a réalisé un test d’endurance de 30 heures avec sa SCG 007 LMH sur le circuit d’Aragon (Espagne) vendredi et samedi derniers. Visiblement, ce premier long test grandeur nature s’est bien déroulé, la voiture a pu rouler de manière régulière et a atteint les objectifs fixés avec seulement quelques problèmes mineurs.
Pipo Derani était l’un des six pilotes à tourner à bord du prototype non-hybride lors de ces deux jours. Le triple vainqueur des 12 Heures de Sebring est revenu sur ce moment particulier avec John Dagys, notre confrère américain de Sportscar365.
« En tant que pilote, vous êtes toujours à la recherche de détails en termes de performance, des points que vous pouvez améliorer et ainsi de suite », a expliqué Pipo Derani. « Cependant, ce n’était pas vraiment le but de ce test. Il s’agissait plutôt d’être capable de rouler, rouler toujours rouler et nous avons été capables de le faire. C’est très positif et encourageant. Cela nous donne bon espoir car il y a une chance que les 24 Heures du Mans cette année soient gagnées sur la fiabilité et non sur la vitesse pure. Bien sûr, il y a encore des choses à faire, mais c’est très encourageant que la voiture ait fonctionné comme elle l’a fait, et les choses qui ont cassé sont des éléments que nous pouvons facilement réparer. C’est plutôt positif dans ce domaine.”
Pipo Derani a déjà pu piloter la SCG 007 à Monza en mars dernier et il est donc en mesure de comparer l’évolution de l’auto en un peu plus de deux mois. “A Monza, certaines choses ne fonctionnaient pas, comme le traction control. Il y a eu un vrai bond en avant au niveau de ces systèmes même s’il y a encore beaucoup d’améliorations à faire. C’est bon signe de voir à quelle vitesse la voiture a évolué entre Monza et maintenant en termes d’électronique et de systèmes.”
De son côté, le propriétaire de Scuderia Cameron Glickenhaus, Jim Glickenhaus, a confirmé qu’aucun vrai problème n’avait été rencontré pendant les essais, le principal étant un câble cassé qui a cédé après 8 000 km d’utilisation entre les essais précédents de la voiture à Vallelunga, à Monza et en Espagne.
« Nous allons fabriquer un meilleur câble et le problème sera réglé », a déclaré Jim Glickenhaus. « Nous avons d’abord fait beaucoup de tours de sortie et de retour, juste pour tester si nous avions un problème. Nous avons effectué des ravitaillements, des changements de pneus et fait beaucoup de tests avec l’équipe. La voiture est très solide. Elle a tourné, tourné et fait 10 000 km au total (châssis n° 708). Cette auto va être complètement reconstruite et le châssis remplacé. Nous avons couru 24 heures comme si c’était une course, et les quatre dernières heures, nous l’avons changé (le câble). Nous avons enlevé le capot avant, simulé que nous avions un problème avec un ressort, etc… »
Le nouveau châssis, le n° 709, était également à Aragon et a été testé avant d’être envoyé à Portimão où Ryan Briscoe, Richard Westbrook et Romain Dumas (le seul absent des essais en raison des 1000 km du Castellet en GT World Challenge Europe) effectueront la première course WEC de la SGC 007.
Le châssis de remplacement du n°708 sera engagé aux 6 Heures de Monza, aux côtés de la voiture sœur. Il s’agit d’un châssis homologué “gen two”, plus léger de 20 kg que l’original qui a fait la plus grande partie des essais sur piste. « Nous avons pu, après le crash test, retirer 20 kg au châssis », a expliqué le patron. « Il n’y a pas de problème avec le châssis. C’est juste que maintenant que nous en avons un qui pèse 20 kilos de moins, cela nous permet d’équilibrer un peu mieux la voiture. La n°709 est déjà équipée de ce nouveau châssis. »
Aragon a aussi été la première sortie de la SCG 007 avec les nouveaux pneus LMH Michelin pour les roues motrices arrière. Ceux-ci sont différents de ceux utilisés par les Toyota GR010 Hybrides (quatre roues motrices) et les pneus LMH / LMP1 d’Alpine Endurance Team.
« J’ai fait des relais de course tout comme les d’autres pilotes », a expliqué Pipo Derani. « Nous avons pu combiner certains travaux sur les pneus, l’un utilisant les pneus de l’autre. A certains moments, nous avons eu des signes très encourageants et positifs de réelles performances. Et à d’autres moments, nous avons eu quelques doutes. Aragon est une piste très difficile dans ce domaine parce que les conditions de piste changent tellement. De plus, la chaleur change les sensations de la voiture, mais en général, c’était vraiment positif, parce que c’est un circuit extrêmement exigeant pour les pneus. »
Selon Glickenhaus, les pneus Michelin ont généralement bien fonctionné pendant la première moitié d’un double relais, mais les performances ont eu tendance à s’estomper plus rapidement que prévu au cours de la deuxième moitié. Il a également déclaré que Michelin avait apporté des pneus “nouvelle génération” qui pourraient potentiellement être utilisés par les voitures LMH à propulsion arrière après la saison WEC 2021 et que ceux-ci offraient moins de dégradation au cours d’une simulation de course.
Une seconde et demie d’écart avec les LMP2
Deux Oreca 07 (Risi Competizione et DragonSpeed) étaient également en essais, ce qui a permis à Jim Glickenhaus d’observer les performances de sa voiture directement contre les LMP2. Il a déclaré que la 007 LMH était environ “1,2 à 1,5 seconde” plus rapide que les LMP2 pendant la première moitié d’un double relais, mais que l’écart se réduisait considérablement pendant la deuxième. Cependant, il s’inquiète du fait que la marge dans le premier relais devrait être encore plus grande, afin de créer une stratification adéquate entre les deux classes de prototypes en course.
« À Aragon, nous étions nettement plus rapides de 1,5 seconde par rapport aux LMP2 pendant un relais, » a déclaré Jim Glickenhaus. « Mais, dans le deuxième relais avec les mêmes pneus, nous ne l’étions plus. C’est juste de la physique et personne ne peut regagner une seconde et demie. L’ACO le sait. Je pense que personne n’est choqué. Si vous écoutez les commentaires de Toyota quand ils disent qu’ils doivent avoir un écart plus important avec les LMP2 : c’est la réponse.”
Une bonne énergie au sein d’une équipe de pilotes expérimentés
Pipo Derani ainsi que tous les pilotes expérimentés aident au développement de la voiture, aux côtés du partenaire technique Podium Advanced Technologies et du partenaire opérationnel Joest Racing. L’équipe Glickenhaus réunit des pilotes qui ont remporté des victoires aux 24 heures du Mans, aux 24 Heures de Daytona et aux 12 Heures de Sebring.
« Il y a beaucoup de camaraderie pendant nos débriefings après les essais », a avoué le Brésilien. « Il semble y avoir une direction unique et collégiale au niveau de tout ce qui doit être fait et corrigé, afin d’avoir une voiture beaucoup plus facile à piloter pendant la course. C’est une très bonne chose, car cela pousse l’équipe à savoir exactement où elle doit travailler. Une fois que vous leur donnez cette direction et que vous voyez ce qu’ils ont été capables d’accomplir en si peu de temps, c’est très gratifiant, cela vous donne une bonne énergie. Vous sentez que vous faites partie de quelque chose qui peut être bon, et cette énergie pousse tout le monde à aller de l’avant. »