Après avoir vu Ford v Ferrari à quelques mètres du mythique Daytona International Speedway (lien), je me suis dit qu’une deuxième séance ne ferait pas de mal. Pour cet acte 2, ce n’est pas un cinéma français qui m’attend, mais bien émirati. Sorti le 28 novembre aux Emirats Arabes Unis, ‘Le Mans 66’ (et non Ford v Ferrari dans la région) est projeté dans 15 salles à Dubai.
Dubai Mall, endroit bien connu des touristes, met ‘Le Mans 66’ en avant sur ses écrans géants. Direction la séance de 13h40 au Reel Cinemas de Dubai Mall. Il semble que ce soit une mauvaise pioche car la salle est vide. J’ai la salle seulement pour moi à 10 minutes du début du film. A Dubai, on arrive à la dernière minute car à 13h38, la salle se remplit vite. Dans la ville, tout est démesuré et les sachets de pop corn des spectateurs sont à la hauteur de Burj Khalifa (ou presque). Il n’en faut pas moins pour un film long de 2h30.
Cette fois, je sais à quoi m’attendre niveau film car la version diffusée aux Emirats Arabes Unis ne sera pas être différente de celle vue aux Etats-Unis. Je suis juste bon pour revoir le film avec les commentaires en anglais. Une particularité toutefois, les sous-titrages sont disponibles en arabe et en français. On ne va pas revenir sur le film puisque tout le monde en a parlé en long, en large et en travers.
Même si ‘Le Mans 66’ est tout sauf une comédie, la salle s’est amusée lorsque Henry Ford ‘the Second’ s’est offert un baptême en Ford GT 40 en compagnie de Carroll Shelby. Contrairement à Daytona où deux personnes avaient quitté la salle avant le générique de fin, là tout le monde est resté sagement assis.
A l’issue de la séance, j’ai échangé avec trois de mes voisins de siège, à savoir Khalid, Muhammad et Ismail, tous trois la trentaine. Sans grande surprise pour des locaux, aucun des trois n’a mis les pieds aux 24 Heures du Mans mais tous ont apprécié le film. “Je ne connaissais pas du tout l’histoire de Ford contre Ferrari”, nous a déclaré Khalid, légèrement gêné. “En revanche, je connais les 24 Heures du Mans depuis que Khaled Al Qubaisi y a roulé (le pilote originaire d’Abu Dhabi compte six départs au Mans). On a souvent parlé de lui dans la presse.” Son ami Muhammad constate que dans le film on parle bien plus de Ford que de Ferrari mais lui aussi a passé un bon moment. “Il ne faut pas croire, ici à Dubai on aime le sport auto et Le Mans”, lâche Muhammad. “Je ne connais pas l’histoire de la course mais je sais qu’il y a des Ferrari et des Porsche.” C’est là que Ismail intervient : “Mais oui une équipe d’ici a gagné la course avec une Porsche.” Après réflexion, il parlait des 24 Heures de Spa remportées par GPX Racing.
Si les trois ne sont pas encore calés sur l’endurance, ce film devrait leur permettre de s’y intéresser un peu plus surtout quand je leur ai parlé d’hypercar. Et les hypercars à Dubai, ce n’est pas ce qui manque. Je me dis que je vais m’abstenir de leur dire que Peugeot et Toyota vont rouler avec une Hypercar, que Ferrari, Porsche, McLaren, Lamborghini, Bugatti & Co ne seront pas (encore) là. Je dis juste que Aston Martin sera en piste. Par contre, je leur ai dit que tout le monde serait là en 2024. Nous les spécialistes, ça nous paraît normal de voir des marques généralistes dans une catégorie qui porte le nom d’Hypercar mais comment l’expliquer à des néophytes sachant que les constructeurs qui ont des hypercars ne sont pas (encore) sur le circuit …
On a beau dire, l’Endurance est tout sauf une discipline facile à comprendre. Depuis le temps que je dis qu’il faudrait sortir un livre ‘L’Endurance pour les Nuls’. Il y a bien ‘Les 24 Heures du Mans pour les Nuls’ et ‘Le Tour de France pour les Nuls’. BOP, EoT, Bronze, Silver, Gold, Platinum, LMP1, LMP2, LMP3, GT2, GT3, GT4, DPi, GTLM, GTD, success ballast, j’en passe et des meilleurs. J’ai encore essayé d’expliquer, pas plus tard qu’hier, le fonctionnement du GT World Challenge avec des pilotes nommés par les constructeurs qui marquent des points en fonction du continent et un avec un coefficient en fonction du nombre de voitures sur la grille. Mon interlocuteur était pourtant issu du sport auto, pilote bien connu.
En 1966, Ford a tout fait pour battre Ferrari sur la piste mais tout n’était pas rose non plus. Ken Miles en a fait les frais au Mans avec cette règle qui prenait en compte les distances couvertes par les voitures en fonction des positions de départ. Ken Miles et Denny Hulme ont donc pris la 2e place à cause de cette stupide règle de l’époque et cette non moins stupide décision de faire ralentir une voiture alors en tête pour une photo. Comme quoi le marketing ne date pas d’hier…
Au final, on oublie vite tous ces termes incompréhensibles propres à l’Endurance pour le commun des mortels. Quand j’étais en cours de maths, je ne comprenais pas la moitié des termes de mon prof et j’ai eu mon bac avec mention (dédicace à ma mère). Je ne comprends pas non plus la moindre règle de base-ball et cela ne m’a pas empêché de passer un très bon moment lors d’un match à Atlanta. Alors, plus on parlera du Mans, mieux ce sera, et ce même si dans le film la reproduction de la ligne droite des Hunaudières a quelques imperfections. Pour être cash, ‘on s’en cogne !’ Voir Le Mans partout à l’honneur sur des affiches à Dubai, c’est une très belle publicité.
Après Daytona et Dubai, je me suis dit que le voir en France ne serait pas une mauvaise idée. J’ai donc invité une charmante demoiselle à le voir en ma compagnie à mon retour. Refus de sa part ! Pourtant, on a partagé des navets cinématographiques alors que là je suis certain du résultat. C’est quoi le problème ? Le film ou moi ? Je mène l’enquête…