28 novembre 2019. Il y a tout juste un an, il fallait prendre une décision. Aller en Australie ou pas ? Fin 2019, on ne parlait pas encore de pandémie mais bien d’incessants incendies dans le pays. On ne réserve pas un voyage d’un mois en Australie sans penser à tout. Banco, on y va avec un alléchant programme : Asian Le Mans Series (The Bend), 12 Heures de Bathurst, Australian Open (tennis), Adelaide International (tennis), Tour Down Under (cyclisme), Adelaide Super Drome (cyclisme sur piste).
En ce 28 novembre 2020, je n’en suis pas à planifier un voyage en Australie mais bien à m’assurer d’être en règle pour aller rendre une visite à Romain Dumas à moins de 800 km de chez moi. En 365 jours, le monde est devenu fou, si fou que Claudy Focan vous dirait de quitter cette ville, de mettre vos savates et terminé bonsoir. Retour sur une année pas comme les autres…
D’une soixantaine de vols en 2019, le compteur est bloqué à sept cette année et ce n’est pas le climat qui s’en plaindra. De près de 300 jours pas an hors du domicile, le nombre est tout juste supérieur à 60. D’une bonne vingtaine de pays visités chaque année, le compteur est à cinq en 2020 si on compte la France histoire d’en faire un de plus (Australie, Espagne, Suisse, Belgique). Une première depuis 2006…
Pourtant, 2020 a parfaitement débuté avec l’Australie même si en janvier, le pays était suspendu aux incendies. Ash Barty a enflammé le central à Adelaide devant ses fans. Quand on aime le sport, ces moments ne s’oublient pas. Le sport auto est mon univers depuis des années, donc l’étonnement est plus rare. Assister à un match de Roger Federer dans un Rod Laver Arena surchauffé de 15 000 personnes, toutes collées les unes aux autres, ne s’oublie pas non plus. Jamais ! C’est la même chose avec l’Aperol Spritz entre deux matchs.
Partager le quotidien de cyclistes durant le Tour Down Under est aussi un moment fort. Les codes sont différents du sport auto mais il y a cette proximité entre les acteurs et le public qui fait tant défaut actuellement. En janvier 2020, tout le monde était encore tout feu tout flamme. En rentrant dans une pizzéria au beau milieu de Melbourne, on tombe sur une serveuse venant de Paris et qui a tout plaqué pour vivre l’aventure australienne. Elle en rêvait, elle l’a fait. Quand j’étais plus jeune, je suivais les exploits des cyclistes durant le Tour de France. Là, je bois le café avec Bjarne Riis dans la petite ville de Tanunda au beau milieu de la campagne australienne. Vous me direz que cela n’a rien d’exceptionnel, ce que je conçois, mais imaginez si en 1996 quand Riis était sur la plus haute marche du podium sur les Champs Elysées, quelqu’un m’avait dit : ‘En janvier 2020, tu boiras un café avec Bjarne Riis en Australie’. Pardon ?
Un mois en Australie, ça passe vite et il faut rentrer car de nouvelles aventures sont prévues. Le programme 2020 s’annonce grandiose, magistral. Tout est programmé jusqu’à décembre 2020. Il y aura de tout aux quatre coins du monde : Japon, Etats-Unis, Afrique du Sud, Emirats Arabes Unis, Malaisie, Thailande, pour ne citer que ces pays. Du travail conjugué au plaisir. Nous sommes trop peu nombreux sur cette terre à avoir un travail passion qui fait qu’on ne peut pas se plaindre. Jamais ! Se plaindre de quoi ?
Le retour vers la France est étrange car on vous bombarde de questions à l’aéroport de Sydney pour savoir d’où vous venez et si vous avez transité par la Chine. Des gens sont masqués. Le début des emmerdes…
La suite du programme passe par Rétromobile pour y voir de magnifiques anciennes. Il y a ensuite un déplacement en Suisse pour assister au Salon de Genève qui finalement n’aura pas lieu. Le déplacement, oui, le salon non. Au lieu de se rendre à Palexpo, ce sera une visite chez Rebellion. Il faut commencer à se réinventer. Les choses se gâtent, les emmerdes arrivent…
Il est alors temps de prendre la direction de Barcelone pour les essais F1 en immersion avec mes amis Guillaume Moreau et Franck Bayle. Une première pour moi et full access ! Entre les cafés dans les équipes, le déjeuner avec Romain Grosjean, la visite des installations Mercedes, un monde nouveau s’ouvre à moi. Pourtant, les craintes sont de plus en plus présentes, on entend parler de personnes malades du coronavirus. S’il faut retenir une chose de ce déplacement, c’est un Lewis Hamilton venu à la rencontre de ses fans, et alors que son équipe lui disait de les quitter car le temps pressait, lui restait là pour enchaîner les selfies et les autographes. Un gamin d’une dizaine d’années lui donne un dessin, Lewis prend une photo avec lui, le gamin repart avec ses parents et une mère qui pleurait de joie. Le rêve éveillé !
Dans la foulée, direction les essais GT World Challenge Europe au Paul Ricard où tout le monde sert les fesses. Il n’y a pas l’ambiance d’un début de saison avec des équipes n’ont pas pu venir, des teams italiens sont regardés de travers compte tenu de la situation sanitaire qui se dégrade dans le pays. Le paddock est désert, inlassablement désert. Je me retrouve avec Roberto Tanca, le patron de Raton Racing, l’une des rares personnes à porter un masque, qui m’explique la situation en Italie et le chemin de croix pour arriver jusqu’ici. On croit au mauvais rêve, que c’est juste un mauvais passage, qu’on va tous se retrouver sous peu à Monza pour lancer la saison. Les équipes travaillent comme si de rien n’était même si on sent une petite tension.
Le 13 mars, il est temps de rentrer à la maison. Quatre jours plus tard à 12 heures, la France s’arrête. Cette fois, les emmerdes sont vraiment là et plus rien ne sera comme avant sur les circuits…
A suivre…