Reportées à l’automne pour la première fois de leur histoire, les Total 24 Heures de Spa 2020 ne seront pas une course comme les autres. En temps normal déjà, la plus grande course de l’année pour la catégorie GT3 représente un challenge, tant pour sa préparation que pour la course elle-même. En cette période particulière, c’est plus vrai que jamais ! Quelques jours avant d’aligner quatre Audi R8 LMS GT3 (dont deux représentant directement Audi Sport), le patron du Team WRT, Vincent Vosse, nous présente cette édition exceptionnelle.
Vincent, êtes-vous prêts à affronter ces Total 24 Hours of Spa ?
« Bien sûr que nous sommes prêts ! Même si je vous mentirais en vous disant que WRT, comme les autres équipes d’ailleurs, a pu préparer cette course de la même façon que les autres années. Depuis le lancement de l’Endurance Cup à Imola le dernier week-end de juillet, qui était d’ailleurs la date initiale des 24 Heures, les courses s’enchaînent à un rythme effréné. Nous menons de front trois programmes avec le GT World Challenge Europe, dont font partie les 24 Heures, mais aussi le championnat allemand ADAC GT Masters et le DTM. Sans oublier quelques extras, comme notre implication aux 8 Heures d’Indianapolis. Sur 17 week-ends consécutifs entre fin-juillet et mi-novembre, nous aurons disputé 25 épreuves et il n’y aura eu qu’un seul week-end sans course pour WRT. Et je ne vous parle même pas des séances d’essais que nous avons menées en parallèle… »
On imagine que la gestion de la fatigue au sein de votre équipe est dès lors une des clés de la réussite ?
« C’est effectivement un gros challenge. Déjà en temps normal, la gestion de trois programmes en est un. Cette année, avec ce calendrier hyper condensé et toutes les complications liées à la gestion de la crise sanitaire, c’est encore plus difficile pour nos hommes. Dès qu’il y a un problème, comme par exemple l’accident de Barcelone où nous avons dû descendre de nuit une voiture en urgence depuis la Belgique pour continuer le week-end, il y a moins de temps pour récupérer. On sent que la fatigue s’accumule. Cela a un impact sur tout le monde et la gestion « des nerfs » devient plus critique que jamais. Après, il faut bien comprendre que nous avons des personnes dédiées à chaque programme et que très peu de membres de l’équipe passent d’un championnat à l’autre. Les Total 24 Heures de Spa sont un peu une exception puisque nous avons besoin de renfort sur cette épreuve. En outre, il y a bien sûr toute l’équipe qui travaille en support depuis l’atelier. Ces membres de l’équipe sont impactés par tous les programmes. »
En gros, cela veut dire qu’il y a trois équipes distinctes au sein de l’équipe WRT ?
« En quelque sorte, oui. Sinon ce ne serait pas tenable. Entre chaque week-end, les mécanos doivent préparer les voitures, remettre en état les équipements, etc. Et ils ont aussi absolument besoin de temps de récupération. C’est pour cela que certains ne font « que » le GT World Challenge Europe, « que » l’ADAC GT Masters ou « que » le DTM. Les personnes que l’on retrouve sur différents programmes sont le plus souvent le management, les responsables de la gestion sportive, certains ingénieurs et certains pilotes qui cumulent les deux programmes en GT. »
Cette approche avec des équipes différentes vous aide-t-elle aussi dans la gestion de la crise liée au COVID-19 ?
« Bien sûr, car nous évitons au maximum les gens qui passent d’un noyau à l’autre. Depuis le début, nous avons été très rigoureux sur ce point en allant plus loin que ce que les organisateurs nous demandent. En plus de respecter les fameux gestes barrières, nous faisons tester notre personnel plusieurs fois par semaine et nous n’avons pas hésité à mettre la personne en quarantaine en cas de doute. Non seulement la santé de nos hommes est primordiale pour nous, mais c’est aussi le meilleur moyen pour éviter une éventuelle propagation du virus dans nos rangs et l’implication que cela pourrait avoir sur nos programmes sportifs. »
Pourtant vous avez retiré vos deux voitures de la course du Red Bull Ring en ADAC GT Masters le week-end dernier…
« Oui et cela pour les mêmes raisons. En arrivant au circuit, nous avons reçu les résultats des tests effectués dans la semaine et avons appris que nous avions trois cas positifs. Ces trois personnes ont été directement isolées et des contre-tests effectués dans la journée sur l’ensemble du groupe. Parmi les centaines de tests effectués chez nous depuis fin juillet, nous avons déjà eu quelques cas qui, lors d’un contre-test, se sont ensuite avérés négatifs. Mais nous ne voulions prendre aucun risque avec un personnel et des pilotes qui, dans la foulée, devaient se rendre à Spa pour les Total 24 Heures. Déclarer forfait était une décision difficile à prendre, mais c’était la seule raisonnable. D’ailleurs, tant les responsables d’Audi Sport que les promoteurs de l’ADAC GT Masters nous ont félicités pour notre organisation interne et notre gestion de la crise sanitaire. »
On imagine que la gestion de ces tests – et de la crise en général – vous demande une fameuse organisation en interne ?
« À qui le dites-vous ! Et on doit une fière chandelle à l’équipe support qui travaille depuis notre QG à Baudour. Cela a évidemment un énorme impact sur toute la logistique. Je vous donne un exemple : lors de la course du GT World Challenge Europe à Zandvoort, nous avions des pilotes officiels Audi Sport qui faisaient l’aller-retour entre la Hollande et l’Allemagne pour les 24 Heures du Nürburgring. Audi Sport nous avait demandé d’organiser des tests PCR pour tous leurs pilotes de la grille avec des résultats très rapides pour qu’ils puissent arriver au Nürburgring sans aucun doute. Toute l’organisation des tests complique les choses dans une saison qui n’est déjà pas simple par son timing hyper condensé, mais nous n’avons pas le choix. »
Pour la première fois la course aura lieu en automne. Qu’en attendez-vous ?
« Ce sera à coup sûr une édition exceptionnelle des Total 24 Hours of Spa ! On en a parlé, le contexte est particulier et il faudra gérer la fatigue et une logistique différente. Même si nous n’avons pas pu nous préparer autant que d’habitude, nous espérons que nos 10 ans d’expérience sur cette épreuve mythique nous aideront. La plus grande différence viendra de la durée prolongée de la nuit puisque nous allons rouler 4h30 en plus dans l’obscurité que lorsque la course a lieu fin juillet. Il faudra aussi gérer la température de la piste, qui sera beaucoup plus basse, et une météo qui – comme souvent à Francorchamps – devrait être incertaine. Le défi est relevé, mais je peux vous dire que nous sommes plus motivés que jamais. Notre deuxième et dernière victoire remonte à 2014 et notre dernier podium à 2016. L’attente a été beaucoup trop longue et nous allons tout faire pour y mettre un terme le week-end prochain ! »
Communiqué de presse Team WRT