Habitué aux victoires et podiums en Blancpain GT Series, le Belgian Audi Club Team WRT n’est pas à la fête en ce début de saison 2017. Le changement de couleur des Audi R8 LMS du team belge n’est pas payant si bien qu’on se demande si la peinture noire des saisons précédentes n’a pas laissé place à un chat noir dans les Audi grises. L’écurie dirigée par Vincent Vosse a connu deux meetings italiens très agités. Entre la perte d’une Audi à Misano par Will Stevens qui s’est fait poussé au départ bien malgré lui, la poussette dont fut victime Nathanaël Berthon en essais qualificatifs suivie d’un nouvel accident pour Will Stevens qui une fois de plus n’avait rien demandé, le camp belge n’est pas à la fête. Avec quatre Audi R8 LMS en Blancpain GT Series, le Belgian Audi Club Team WRT a de quoi jouer une nouvelle fois les premiers rôles. Vincent Vosse, team principal, est revenu avec nous sur le début de saison pour le moins chaotique, tout en rappelant son plaisir d’être présent dans les séries SRO avec Audi.
On a l’habitude de voir WRT plus à la fête…
« Le week-end de Monza fut pour nous chaotique et je ne veux surtout pas faire le Calimero mais une fois de plus nous avons été malchanceux. Nous avons perdu deux voitures dans des circonstances que nous n’avons pas pu maîtriser. Les deux autres ont fait une belle course en dépit d’un départ dans la seconde moitié de la grille. Ce n’est pas le début de saison escompté, mais ce n’est pas le premier désarroi auquel nous devons faire face. Nous avons la force et la détermination pour être de retour et c’est exactement ce à quoi nous allons nous employer sur les courses britanniques. J’espérais que notre saison débute réellement à Monza car nous avons connu l’un de nos week-ends les plus noirs à Misano. »
C’est de plus en plus compliqué d’être toujours à l’avant en Blancpain GT Series ?
« Le plateau est sensiblement identique à celui de 2016 avec une forte concurrence. En revanche, il n’y a plus aucune comparaison avec Monza en 2011 où seules trois GT3 étaient en lice pour la gagne avec une Porsche/Autorlando, une Ferrari/Vita4One et nous. Le championnat a pris de la hauteur dans le bon sens. Stéphane (Ratel) a fait grandir ses séries et on ne peut que l’en féliciter. L’autre gros point fort reste la maîtrise de la Balance de Performance. Le travail de Claude (Surmont) est unanimement reconnu sachant que l’exercice est complexe. Quand on voit les moyens mis en œuvre en GTE et que les constructeurs cachent leur jeu, c’est la preuve qu’il est très compliqué de tout contrôler. »
WRT peut avoir plus d’autos aux 24 Heures de Spa ?
« Nous laisserons nos équipages actuels mais il est prévu d’augmenter notre contingent au Paul Ricard et à Spa avec des autos supplémentaires. »
Un programme complet en Blancpain GT Series Asia est prévu ?
« Nous aurons une Audi dans le championnat et deux en Audi R8 LMS Cup. Le continent est en plein développement même si j’ai en mémoire d’avoir roulé à Zhuhai en 1999. SRO a fourni un gros travail durant l’hiver pour avoir 30 autos sur la grille du premier meeting. »
Revoir WRT en LM P2 cette année fait partie des possibilités ?
« Ce n’est pas exclu. Comme l’année passée, tout dépendra des opportunités. Tout le monde semble apprécier les nouvelles LM P2 qui sont de très belles autos. Je pense que ça aurait été un chouette plus pour l’équipe mais on ne peut pas être partout. Il fallait trouver de la place pour un programme supplémentaire, ce qui n’était pas évident. »
Quel est votre regard sur le GT actuel ?
« Le GT a toujours tourné en rond. On avait de magnifiques GT1 en 1998. L’année suivante, tout a été arrêté et les GT2 sont devenues les reines. Deux ans plus tard, de nouvelles GT1 ont fait leur apparition. Maintenant, les GT3 sont les reines de la catégorie GT. Il suffit de comparer un cockpit d’une GT1 de 1998 et celui d’une GT3 actuelle pour voir qu’ils sont semblables. Seul le prix est différent. Tout est une histoire de cycle. Le GT3 dure plus longtemps car il est mieux géré. Les constructeurs y ont vu la possibilité de faire du commerce sachant que les tarifs prohibitifs tueraient la catégorie. Aujourd’hui, on peut toujours mettre sur la piste une GT3 avec une petite équipe lors d’une journée découverte. »
Le regard des pilotes a lui aussi évolué…
« Auparavant, le GT était principalement pour les anciens pilotes. Les mentalités ont changé car les jeunes s’y intéressent de plus en plus. La manière la plus facile pour devenir pilote professionnel reste un passage en GT. C’est là où les possibilités existent. En DTM, on a trois marques, en LM P1 seulement deux, en WTCC, il n’y a quasiment plus personne et en GTE ils ne sont que quatre. Audi compte dans ses rangs dix pilotes, Porsche, Mercedes, BMW et Lamborghini quasiment autant. »
Le GT4 est l’avenir ?
« On ne peut pas écarter le GT4 des discussions. On regarde forcément de près ce qui se passe car la catégorie va se développer. C’est parfait pour les championnats nationaux qui vont se tourner vers le GT4 ou le TCR. Aujourd’hui, le GT4 est axé sur le sprint. »
WRT souhaite poursuivre le plus longtemps possible avec Audi ?
« Il y a toujours la volonté de continuer avec Audi avec qui nous sommes en relation étroite. Nous n’avons jamais eu autant de travail avec eux. Même si le FIA WEC et le WRC ne sont plus au menu, Audi ne peut pas arrêter complètement la compétition. WRT se sent bien en GT3 avec Audi. J’adore la catégorie et les championnats Blancpain. Il faut aussi que ce soit positif pour une entreprise. Le jour où ça ne sera plus le cas, on fera autre chose. On ne fait pas du GT3 parce que les autos sont belles. Le GT3 a encore de belles années devant lui. On a Ferrari qui vend sa 488 GT3 plus chère que la concurrence, ce qui peut s’expliquer en partie parce qu’elle partage son châssis avec la version GTE. On monte des équipages pour gagner car il y a une vraie volonté de performance. »
Un championnat du monde GT3 serait une bonne idée ?
« Nous l’avons déjà en partie avec l’Intercontinental GT Challenge. Un championnat Constructeurs se dessine petit à petit. Quand on a Bathurst, Spa, Laguna Seca et Suzuka, c’est difficile de trouver un meilleur environnement. Vous y rajoutez Kyalami et tous les continents sont foulés. »