Si le barbu le plus célèbre de France est sans conteste Henri Pescarolo, Vincent Vosse est sans aucun doute le chauve le plus célèbre de Belgique. Le charismatique patron de WRT arpente les pelotons GT3 depuis la création de l’équipe en 2009. L’ancien pilote avait bien anticipé le développement de la catégorie GT3 et les coupes s’empilent dans l’armoire à trophées. Si Vincent Vosse était au four et au moulin au début de l’équipe, les choses ont quelque peu évolué.
« Mon rôle sur le circuit a changé au fil du temps », a déclaré Vincent Vosse. « Avec le nombre de championnats auxquels nous participons actuellement, je ne peux pas m’impliquer de la même façon qu’il y a cinq ans. J’ai davantage un rôle de superviseur de chaque programme en apportant mes 30 ans d’expérience en sport automobile. » Ce n’est pas pour autant que Vincent Vosse reste les bras croisés sur les circuits. Le travail ne manque pas sur place, mais aussi en amont des meetings.
« Quand je ne suis pas sur le circuit, je dois m’assurer que les finances sont bien en place, que les bonnes personnes sont dans l’équipe et que tout se passe bien », poursuit l’ancien pilote. « C’est comme une entreprise qui n’a rien à voir avec une équipe de course. »
La structure montée à l’origine avec René Verbist et Yves Weerts (la raison du W de WRT, ndlr) a bien grandi pour devenir l’une des équipes incontournables en GT3. Au fil du temps, l’entreprise s’est diversifiée dans un tas de projets pour travailler avec trois des quatre plus grands constructeurs mondiaux.
« WRT a beaucoup grandi au cours des dix dernières années », précise Vincent Vosse. « A un moment, j’étais impliqué dans les arrêts aux stands pour la stratégie. Maintenant, j’ai plus une vue d’ensemble parce que j’ai trouvé les bonnes personnes. » Sur chaque meeting GT World Challenge Europe Powered by AWS, le staff WRT comprend entre 40 et 50 membres.
Avoir les bonnes personnes aux bons postes est primordial chez WRT : « Parfois, vous avez les meilleurs ingénieurs ou les meilleurs mécaniciens, mais s’ils ne sont pas avec les bonnes personnes et ne se sentent pas bien, ils risquent de ne pas être performants. Et si vous avez le meilleur pilote sans avoir le bon ingénieur ou mécanicien, cela ne fonctionne pas. Je dois m’assurer qu’ils soient tous à l’aise, qu’ils soient au bon endroit et qu’ils aient du soutien. Pouvoir rassembler les bonnes personnes est ce que j’aime faire. Je ne suis pas technicien et, dans les debriefings, je dis toujours que je n’ai aucune idée des choix techniques. Ce n’est pas tout à fait vrai, mais je ne veux pas m’impliquer dans le travail des gens quand j’ai les bonnes personnes au bon endroit. »
On ne compte plus les victoires et les titres chez WRT avec quatre couronnes Endurance et six Sprint, sans oublier des succès aux Total 24 Heures de Spa, 12 Heures de Bathurst, 24 Heures du Nürburgring et 10 Heures de Suzuka. La saison 2019 a été plus compliquée, mais 2020 a bien débuté avec une victoire en Endurance à Imola et deux en Sprint à Misano.
« Le problème, et je le ressens toujours, est que ça s’arrêtera un jour parce qu’on ne peut pas gagner tout le temps », sourit Vincent Vosse. « Nous avions le sentiment en 2018 et 2019 que même si nous gagnions encore des courses, de grandes courses, nous n’étions plus la référence. C’est le plus grand défi : rester au sommet. »
Vincent Vosse se souvient d’une anecdote qui remonte aux 24 Heures de Spa 2011 : « Notre stand était à côté de Phoenix Racing. Ils avaient remporté beaucoup de courses différentes, ce qui faisait de l’équipe la référence. C’était la première fois que nous travaillions pour un constructeur et je me souviens que Phoenix ne pratiquait pas les arrêts aux stands durant la semaine. Puis, quand les essais libres ont débuté, ils ont fait quelques arrêts et on s’est dit ‘wow’ ! Nous avions le sentiment que nous étions prêts à nous battre aux arrêts aux stands, mais ensuite nous avons vu qu’ils avaient une manière complètement différente de faire les choses. Ils étaient quatre ou cinq secondes plus rapides et il était trop tard pour changer d’approche car nous aurions fait des erreurs. »
« Nos voitures sont arrivées aux stands dans le même tour et nous sommes repartis cinq secondes plus tard que Phoenix », se souvient Vincent Vosse. « J’étais tellement gêné. Heureusement, quelqu’un de l’équipe avait créé un outil qui nous permettait de changer les plaquettes très, très rapidement. Nous avons connu une belle course et gagné beaucoup de temps avec ça. » WRT a raflé la mise à Spa en 2011 grâce à Timo Scheider, Greg Franchi et Mattias Ekström.
WRT n’a pas relâché ses efforts durant l’hiver : « En discutant avec Audi durant l’hiver, ils nous ont donné un programme important pour 2012. Je leur ai demandé s’il y avait un secteur dans lequel nous devions nous améliorer, et ils ont mentionné les arrêts aux stands. Je me souviens qu’en revenant d’Ingolstadt, j’ai appelé l’atelier et j’ai dit qu’il était temps de fabriquer une voiture pour les arrêts aux stands et de commencer l’entraînement. En sport automobile, nous devons nous améliorer chaque jour. Que ce soit l’organisateur, les équipes, les circuits, tout doit s’améliorer et évoluer avec le temps. Nous ne pouvons toujours dire à quel point c’était agréable de courir il y a 20 ans et ça doit être agréable de courir dans 10 ans. Nous faisons partie des acteurs et nous devons apporter quelque chose. Cela peut être de l’électrique, de l’hybride, du thermique, voire un peu de tout. Mais ça ne peut pas être ce que c’est aujourd’hui ou ce que c’était il y a 20 ans. »